Un Noël inédit à travers le monde, à l’heure du confinement (en images)
Entre les messes en petit comité, les familles réduites ou séparées, les festivités habituelles interdites, l’édition 2020 de Noël aura été à l’image d’une année faite de dangers et de restrictions, avec pour principale lueur d’espoir l’arrivée des vaccins.
Dans son message de Noël, délivré par vidéo, le pape François a lancé vendredi un appel aux « vaccins pour tous, en particulier pour les plus vulnérables », soulignant que « les lois du marché et les brevets d’invention » ne doivent pas faire la loi face à « la santé de l’humanité ».
« En ce moment historique, marqué par la crise écologique, et par de graves déséquilibres économiques et sociaux aggravés par la pandémie du coronavirus, nous avons plus que jamais besoin de fraternité« , a déclaré celui qui est à la tête des 1,3 milliard de catholiques dans le monde.
Il a appelé à la solidarité, « spécialement envers les personnes les plus fragiles, les malades et toutes celles qui, en cette période, se sont retrouvées sans travail ou sont en grave difficulté en raison des conséquences économiques de la pandémie, comme aussi envers les femmes qui, durant ces mois de confinement, ont subi des violences domestiques ». Jeudi soir, il avait déploré que tant de fidèles, « affamés de divertissement, de succès et de mondanités », soient « souvent analphabètes de bonté ».
Enfin, en ce jour qui commémore la naissance d’un enfant, il a souligné que les visages des enfants de Syrie, d’Irak ou du Yémen, qui « paient le prix fort de la guerre« , devaient « ébranler les consciences des hommes ».
Le coronavirus a fait plus de 1,7 million de morts sur la planète et les foyers de contamination qui continuent d’apparaître rappellent qu’en dépit de l’arrivée des premiers vaccins, la vie ne retrouvera pas de sitôt son cours normal.
« Pas seuls »
Dans son allocution de Noël, la reine Elizabeth II s’est employée à insuffler de l’espoir, présent « même dans les nuits les plus sombres », aux Britanniques, durement frappés par la pandémie qui a fait environ 70.000 morts au Royaume-Uni.
« Pour beaucoup, cette année est empreinte de tristesse: certains pleurent la perte d’un être cher, amis et famille manquent à d’autres, alors qu’ils voudraient pour Noël une simple étreinte ou une pression de la main », a relevé la souveraine de 94 ans. « Si c’est votre cas, vous n’êtes pas seuls ».
Les restrictions imposées partout pour faire face à un virus qui ne semble aucunement vouloir céder laisseront de ce Noël des images indédites.
Le pape a certes célébré comme chaque année la messe de la nuit de Noël dans la gigantesque basilique Saint-Pierre à Rome, qui peut accueillir des milliers de croyants. Mais ils n’étaient jeudi soir que 200 fidèles masqués, essentiellement des employés du minuscule Etat du Vatican.
Et jeudi soir la place Saint-Pierre, illuminée par son monumental arbre de Noël, était déserte, sillonnée par une voiture de police. Les Italiens ont en effet entamé jeudi un confinement pour les fêtes, dans le pays le plus touché d’Europe par le virus, avec près de 71.000 morts.
Bethléem vide
La messe de la nuit de Noël commémore dans la tradition chrétienne la naissance de Jésus de Nazareth à Bethléem.
Mais à Bethléem aussi, le virus est présent, et dans la Basilique de la Nativité, coeur du monde chrétien le soir de Noël, seule une poignée de fidèles et de clercs ont célébré la messe de minuit, en cherchant un bout de « lumière » après une année de « ténèbres ».
« Vous ne pouvez pas vous serrer la main, mais vous pouvez vous souhaiter la paix », a lancé le patriarche latin de Jérusalem Pierbattista Pizzaballa au moment des traditionnelles accolades entre voisins de bancs.
Quelques centaines de personnes portant masques sanitaires et parapluies ont regardé passer la procession dans les rues de la ville, au son des tambours et des cornemuses. « C’est différent cette année parce que nous ne venons pas prier à l’église de la Nativité, nous ne pouvons pas nous réunir en famille, tout le monde a peur », a confié Jania Shaheen, présente avec son mari et ses deux enfants devant la basilique.
Noël, de Barcelone à Douvres
L’Allemagne a quant à elle été contrainte d’annuler ses célèbres marchés de Noël tandis qu’au Koweït, les églises ont été fermées jusqu’au 10 janvier malgré la présence d’une importante communauté chrétienne et alors qu’une campagne de vaccination y était entamée.
La République du Congo-Brazzaville a annoncé un reconfinement le jour de Noël et le 1er janvier, provoquant la colère des évêques.
En Espagne, le Covid n’a pas empêché la tenue de la traditionnelle Copa Nadal (Coupe de Noël), course de natation dans le port de Barcelone.
A Qamichli, dans le nord-est de la Syrie contrôlé par les forces kurdes, la population a ignoré la pandémie et assisté en nombre à une cérémonie d’illumination d’un sapin dans un quartier chrétien. Dans la foule, il y avait plus de chapeaux de Noël que de masques, tandis que des forces de sécurité avaient été déployées pour l’occasion. Musulmans et chrétiens se sont mêlés pour danser la dabké sur des musiques traditionnelles devant l’arbre illuminé.
En Irak, des bénévoles de l’association Tahawor (dialogue en arabe) sont venus apporter à Qaraqosh, ville chrétienne qui a été terrorisée par le groupe djihadiste Etat islamique, des milliers de cartes et voeux de Noël venant de toutes les régions du pays. « Un voeu spécial à nos frères chrétiens », pouvait-on lire sur une carte signée à Bassora, ville portuaire du sud du pays.
Très loin de là, des milliers de routiers européens ont passé le réveillon dans des conditions sommaires, coincés autour du port de Douvres au Royaume-Uni, alors que le pays sort lentement de l’isolement entraîné par l’apparition sur son sol d’une nouvelle souche du virus. « Je n’ai pas les mots pour décrire ce que nous ressentons. Toutes nos familles nous attendent, cela nous brise le coeur », soupirait Pawel, un chauffeur polonais de 34 ans.
Le père Noël masqué
Aux Etats-Unis, où le Covid-19 continue de faire des ravages avec près de 3.300 morts et plus de 223.000 cas confirmés en 24 heures, le réveillon de Noël est aussi marqué par la pandémie.
Retranché dans son club de Mar-a-Lago, en Floride, le président sortant Donald Trump, de plus en plus isolé dans sa croisade pour tenter de renverser la victoire de Joe Biden à la présidentielle, a posté ses voeux de fin d’année sur Twitter, au milieu de tweets dénonçant sans preuve des « fraudes » et une élection « truquée ». Dans un message enregistré en compagnie de son épouse Melania, aux forts accents religieux, il a salué le « miracle de Noël » que constitue à ses yeux le début de la campagne de vaccination.
Quant au Père Noël, il a reçu l’autorisation formelle du département de l’Agriculture de Floride de s’y déplacer grâce à ses rennes, sans payer de frais de douane. Il devra toutefois porter un masque lors de sa tournée, a précisé le département dont dépendent les animaux et le bétail, en dépit du fait que le Dr Anthony Fauci a confié la semaine dernière s’être rendu au Pôle Nord pour vacciner le célèbre personnage au manteau rouge. « Il peut descendre par la cheminée, il peut laisser les cadeaux… Vous n’avez rien à craindre », avait assuré samedi le « Monsieur Covid-19 » de la Maison Blanche.
Au Québec, Montréal n’a pas eu le droit, pour la troisième année consécutive, à un « Noël blanc », le record absolu de douceur climatique pour un 25 décembre y ayant été battu avec 13,6 degrés Celsius vendredi en début de matinée.
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