Ukraine: groupe Wagner et Kadyrovtsy, ces milices brutales au service de Poutine
L’attaque officielle de l’armée russe a été faite aux yeux de tous avec bombardements et colonnes de chars. Mais il y aurait aussi un deuxième front, plus sournois. Des milices privées y agissent comme des prédateurs et s’attaqueraient à des objectifs ciblés, via le sabotage ou l’assassinat. La semaine dernière le président Zelensky aurait ainsi échappé à pas moins de trois tentatives de meurtre. Ces milices brutales, qui terrorisent et tuent sans pitié, ont déjà fait leurs preuves dans d’autres combats, par exemple au Mali ou en Libye.
Le président Zelensky et 24 autres officiels ukrainiens de haut rang seraient traqués par des milices qui auraient pour unique but de les éliminer. À leurs trousses a été lancé le fameux groupe Wagner, considéré comme l’armée secrète de Poutine qu’il envoie partout dans le monde pour s’occuper du sale boulot, ainsi que d’autres forces spéciales tchétchènes. Rien que depuis le début de l’invasion, Zelensky aurait survécu à pas moins de trois tentatives de meurtre selon « The Times », dont une qui était prévue samedi dernier (5 mars).
Toujours selon The Times, près de 400 mercenaires russes seraient rentrés d’Afrique il y a cinq semaines et seraient en Ukraine pour « anéantir le gouvernement de Zelensky ». Pas de quoi faire trembler le président ukrainien qui affiche avec panache son intention de rester. Pourtant, il devrait la vie à des fuites au sein de services secrets russes qui, en informant les Ukrainiens, auraient pu déjouer ces attaques.
Le groupe Wagner, une armée parallèle
La plus connue des milices secrètes de Poutine permet au Kremlin de nier toute présence militaire officielle russe dans des zones de guerre. Pas des enfants de choeur puisqu’un rapport de l’ONU du 31 mars 2021 accuse ces paramilitaires russes de « graves violations des droits humains », d' »exécutions sommaires massives » et de « tortures ».
Cette armée parallèle à la solde du Kremlin a pour fondateur et commandant militaire Dmitri Outkine, un ancien officier du renseignement militaire et ex-membre du Corps slave, société militaire privée qui a participé à la guerre civile syrienne. Selon plusieurs enquêtes, Wagner Group est piloté par le restaurateur pétersbourgeois Evgueni Prigojine, surnommé « le cuisinier de Poutine ».
Lire aussi: Afrique: l’armée secrète de Poutine au Mali
Cet ancien malfrat devenu oligarque finance aussi, selon Washington, Internet Research Agency (IRA), une agence de propagande et de désinformation Internet à l’origine de la vaste opération destinée à influencer, en 2016, le vote des Américains en faveur de Donald Trump. En Syrie, il a obtenu du régime 25% des revenus des champs gaziers et pétroliers que les forces paramilitaires russes ont contribué à reprendre à l’organisation Etat islamique, révèle une enquête de Libération. Au Soudan, des hommes de Wagner protègent une mine d’or dont on soupçonne qu’elle est exploitée par une société sous contrôle indirect de Prigojine. Très présents en Libye, les mercenaires de Wagner ont pris part aux combats aux côtés du maréchal Haftar. Au Mozambique, ils luttent depuis 2019 contre l’insurrection islamiste. À Madagascar et au Zimbabwe, ils auraient été mêlés à des opérations de propagande lors des dernières présidentielles. Ils sont aussi présents en Centrafrique et au Mali.
L’intervention militaire russe au Mali est assortie d’une contrepartie financière, évaluée par Reuters à six milliards de francs CFA par mois, soit plus de neuf millions d’euros. Si Bamako ne parvient pas à payer, Wagner obtiendrait l’accès à deux ou trois gisements miniers maliens. Il ne s’agirait pas d’une première, puisque bien implantée en Centrafrique, le groupe Wagner y a reçu, en échange de son implication dans les combats contre la rébellion locale qui avaient tenté de renverser le régime du président Touadéra, des licences qui permettent d’exploiter des mines d’or et de diamant. Pourtant Moscou ne reconnaît officiellement la présence, en Centrafrique, que d' »instructeurs non armés » et dément tout lien avec les « volontaires » de Wagner. Et pour cause: le mercenariat est illégal en Russie. La société militaire privée intervient néanmoins en étroite collaboration avec l’armée russe et le ministère russe de la Défense. Les terrains africains et autres où elle se déploie sont ceux ciblés par la stratégie d’influence de Vladimir Poutine.
Les milices tchétchènes
Outre le groupe Wagner d’autres milices sèmeraient la terreur en Ukraine. Ainsi les « Kadyrovtsy », les troupes du président tchétchène Ramzan Kadyrov, seraient également présentes en Ukraine. Les « Kadyrovtsy » soutiennent de façon indéfectible Vladimir Poutine et sèment la terreur pour traquer ses ennemis. « Ils sont connus pour des actes d’une brutalité sans nom, et ce en toute impunité », selon Aude Merlin, membre du Cevipol enseignant à l’Université Libre de Bruxelles, spécialiste de la Russie et du Caucase, interviewé par 20 Minutes. En Tchétchénie, Kadyrov a imposé un régime répressif et les forces sous son contrôle sont accusées de nombreuses exactions envers les opposants politiques, les femmes et les personnes LGBT (torture, enlèvements, meurtres). Arme psychologique redoutable, la réputation de brutalité des soldats tchétchènes les précède et fait trembler civils et militaires ukrainiens. Ils devraient donc principalement être déployés dans le combat urbain et pour saper la résistance ukrainienne.
Kadyrov a partagé des vidéos de combattants tchétchènes en Ukraine et a déclaré que certains avaient été tués dans les combats. Après l’invasion russe de l’Ukraine, des images ont circulé sur les réseaux sociaux montrant une place de Grozny, capitale tchétchène, noire de soldats affirmant être sur le départ pour l’Ukraine.
Selon certaines sources ils seraient surtout présents dans le nord du pays, là où se trouve la centrale nucléaire de Tchernobyl. On ne connaît pas leur nombre exact en Ukraine, mais, au total, cette armée serait composée de 80.000 hommes et ses soldats sont reconnaissables à leur uniforme noir. Les « Kadyrovtsy » disposeraient d’une liste de 500 personnes à éliminer en Ukraine (avec en premier Zelensky et sa famille ainsi que le maire de Kiev, Vitali Klitschko et son frère Vladimir).
Les « Kadyrovtsy » auraient déjà participé à plusieurs opérations dans le Donbass en 2014 ou en tant que police militaire en Syrie en 2016. S’ils sont musulmans, ce ne sont pas pour autant des djihadistes et n’ont aucun lien avec l’État islamique.
Des mercenaires syriens ?
La Russie recruterait aussi des mercenaires syriens ayant l’expérience de la guérilla urbaine pour combattre en Ukraine, a rapporté dimanche le Wall Street Journal, citant des responsables américains. Un responsable américain a affirmé au WSJ que certains combattants syriens sont déjà en Russie, se préparant à rejoindre les combats en Ukraine. Cette source n’a pas donné davantage de détails.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici