Suspension du vaccin AstraZeneca dans plusieurs pays européens: pourquoi la Belgique ne suit pas
Plusieurs pays européens suspendent, « par précaution », l’inoculation des vaccins anti-Covid du groupe AstraZeneca. En cause : des craintes liées à la formation de caillots sanguins. Côté belge, on dit ne pas être concernés par les lots en questions, mais suivre la situation de près.
Suspensions en séries
Le Danemark, la Norvège et l’Islande ont suspendu l’utilisation du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19 en raison de craintes liées à la formation de caillots sanguins, malgré des déclarations rassurantes du régulateur européen et du fabricant. L’autorité sanitaire danoise a été la première à suspendre le vaccin « après des rapports de cas graves de formation de caillots sanguins » chez des personnes qui ont été vaccinées avec le vaccin Covid-19 d’AstraZeneca ». Ce choix, a-t-elle toutefois souligné, relève de la « précaution » en attendant des conclusions des enquêtes sanitaires et « à l’heure actuelle, on ne peut pas conclure à l’existence d’un lien entre le vaccin et les caillots sanguins ».
L’Italie a décidé à son tour d’interdire à titre de précaution l’utilisation d’un lot. L’AIFA a souligné par ailleurs qu’aucun lien de cause à effet n’avait été établi pour le moment entre l’administration du vaccin d’AstraZeneca et certaines réactions graves constatées chez des personnes vaccinées. Le lot suspendu en Italie a pour nom de code ABV2856, et est donc différent de celui suspendu lundi par l’Autriche (ABV5300). Dans un communiqué précédent, l’AIFA avait indiqué que ce lot n’était pas distribué en Italie.
Lundi, l’Autriche avait annoncé avoir cessé d’administrer un lot de vaccins produits par le laboratoire anglo-suédois, après le décès d’une infirmière de 49 ans qui a succombé à de « graves troubles de la coagulation » quelques jours après l’avoir reçu. Quatre autres pays européens, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie et le Luxembourg, avaient suspendu dans la foulée les vaccinations avec des doses provenant de ce lot, livré dans 17 pays et qui comprenait un million de vaccins.
D’autres pays, comme la Suède et les Pays-Bas, ont annoncé qu’ils continueraient à l’injecter.
Et en Belgique ?
Contrairement à ces pays, la Belgique n’a pas suspendu l’administration de vaccins AstraZeneca, à la suite de craintes liées à la formation de caillots sanguins chez des personnes vaccinées au Danemark. L’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) et le groupe de travail sur la vaccination en Belgique suivent la situation de près. Pour Dirk Ramaekers, chef du groupe de travail sur la vaccination, c’est l’existence d’un lot particulier qui oblige le Danemark à prendre des précautions. Il a ajouté que la Belgique examinait si des doses de ce lot avaient été fournies en Belgique.
Aucune dose du lot de vaccins AstraZeneca suspecté dans des problèmes de santé au Danemark n’a été livrée à la Belgique, a indiqué la vice-Première ministre Petra De Sutter (Groen), dans l’émission Villa Politica de la chaîne Eén (VRT). L’AFMPS et le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke poursuivent l’examen du dossier, a-t-elle ajouté.
Le ministre de la Santé publique a confirmé qu’il n’y avait pas pas d’indication jusqu’à présent selon laquelle un lot de vaccins AstraZeneca mis en cause par plusieurs pays a été livré en Belgique, a-t-il expliqué à la Chambre, en réponse à des questions de Catherine Fonck (cdH) et Sofie Merckx (PTB). Le ministre ne dispose pas non plus d’information selon laquelle il existe un lien entre ce lot et les symptômes, à savoir la formation de caillots sanguins, qui ont mené à la suspension de l’administration de ce vaccin dans plusieurs pays européens.
Aucun événement thromboembolique en Belgique avec le vaccin AstraZeneca
L’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) souligne qu’il n’y a « pas d’inquiétude actuellement » quant aux événements thromboemboliques avec le vaccin AstraZeneca. Aucune notification d’un tel cas n’a été enregistrée en Belgique sur les plus de 94.000 doses administrées (statistique arrêtée au 8 mars).
A ce stade, il n’est pas établi qu’il existe un lien entre le vaccin et la formation de caillots sanguins, explique l’AFMPS. L’agence souligne que l’EMA (Agence européenne des médicaments) analyse tous les rapports d’événements thromboemboliques et liés à des caillots de sang signalés après vaccination. « D’après les informations disponibles à ce jour, il semble que le nombre de ces incidents chez les personnes vaccinées ne dépasse pas le nombre observé dans la population générale », précise-t-elle. Au 10 mars, 30 cas d’événements thromboemboliques avaient été rapportés parmi les cinq millions de personnes vaccinées avec le vaccin d’AstraZeneca dans l’Espace économique européen.
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Coronavirus : pas d’inquiétude actuellement quant aux événements thromboemboliques avec le vaccin contre la COVID-19 d’AstraZeneca, l’étude est en cours au niveau européen https://t.co/NrLXnhYLCm pic.twitter.com/s30jwtHmr8
— AFMPS (@AFMPS_BE) March 11, 2021
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Selon l’AFMPS, aucun décès n’a été signalé en Belgique avec le vaccin contre le coronavirus d’AstraZeneca. Un total de 1.707 notifications d’effets indésirables ont été rapportées, plus de 95% des cas graves concernaient des réactions attendues dues à la réactogénicité (fièvre, fatigue, douleur).
L’EMA tente de rassurer
L’Agence européenne des médicaments (EMA) a déclaré que rien ne démontre à ce jour un risque d’une plus forte coagulation sanguine chez les personnes vaccinées contre le Covid-19. « Les informations disponibles à ce jour indiquent que le nombre de thromboembolies chez les personnes vaccinées n’est pas supérieur à celui observé sur l’ensemble de la population », a affirmé l’Agence européenne des médicaments (EMA) après les décisions des trois pays nordiques. L’EMA a souligné que son comité d’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance examinait les cas de forte coagulation sanguine « rapportés en association temporelle avec le vaccin ».
Les pays européens peuvent donc continuer à utiliser le vaccin AstraZeneca. La position du comité de sécurité de l’Agence européenne des médicaments « est que les avantages du vaccin continuent de l’emporter sur ses risques et que le vaccin peut continuer à être administré pendant que l’enquête sur les cas de thromboembolies est en cours », a déclaré l’EMA dans un communiqué.
Selon le comptage de l’EMA, seulement 22 cas de thromboses avaient été signalés à la date de mardi pour plus de trois millions de personnes vaccinées dans sa zone (Union européenne, Norvège et Islande). Une enquête préliminaire de l’EMA avait déjà estimé qu’il n’existait aucun lien entre le vaccin d’AstraZeneca et le décès survenu en Autriche.
AstraZeneca se défend
Pour Stephen Evans, professeur de pharmacoépidémiologie à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, ces choix reposent sur « une approche super prudente basée sur des cas isolés en Europe » et « la balance bénéfice-risque du vaccin est toujours très en faveur du vaccin » d’AstraZeneca.
Le laboratoire anglo-suédois, qui a développé le vaccin avec l’université d’Oxford, a défendu la sécurité de son produit, tout comme le gouvernement britannique, qui l’a qualifié de « sûr et efficace » et continuera à l’utiliser. « La sécurité du vaccin a été largement étudiée dans les essais cliniques de phase III et les données (…) confirment que le vaccin a été généralement bien toléré », a indiqué à l’AFP un porte-parole d’AstraZeneca.
(Avec AFP & Belga)
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