Carte blanche
Pensons à un Iran sans mollahs ! (carte blanche)
Le 11 février dernier, la révolution iranienne célébrait ses 43 ans. L’occasion pour le politologue Hamid Enayat de revenir sur « l’écho de 1979 qui résonne toujours dans le pays tout entier ».
Il y a 43 ans, le peuple d’Iran se révoltait contre la dictature du Shah et dans le but de recouvrer une liberté qu’il n’avait plus aperçue depuis le trop bref passage de Mohammad Mossadegh[i] au pouvoir. L’Iran du Shah, perçu comme un gendarme régional et qui se gargarisait du doux surnom de l’île de stabilité, volait en éclat devant la colère légitime d’un peuple fermement décidé à renverser la table. 43 ans plus tard, après une révolution totalement spoliée par les mollahs de Khomeyni, l’écho de 1979 résonne dans les rues du pays tout entier.
La liberté du peuple ; cauchemar des mollahs
Le guide suprême et le régime théocratique dans son ensemble tremblent à l’idée de la réalisation de leurs pires cauchemars ; l’échec cuisant de la république islamique et le renversement du régime par le peuple… Encore. Un peuple infatigable qui n’aura cessé de lutter contre la tyrannie plus de cinq générations durant. La peur se lit entre les lignes des journaux officiels du régime à mesure que l’idée du renversement s’inscrit dans les esprits, chaque jour plus nombreux, d’une population définitivement prête à en découdre. L’armée des affamés et des chômeurs affiche clairement sa colère et n’hésite plus à s’en prendre directement aux forces de sécurité de la république islamique[ii].
En sus des unités de résistance combattant sur le terrain, la lutte contre tous les symboles de l’état tyran prend de nouveaux tours. Le 8 janvier, jour anniversaire de l’élimination de Qassem Soleimani, icône belliqueuse de la volonté d’exportation du fondamentalisme islamique du régime iranien, sa grande statue a été incendiée quelques heures seulement après son installation dans la ville kurde de la province de Chaharmahal-Bakhtiari. Quelques jours plus tard, les médias officiels rapportaient le piratage des réseaux de télévision et d’une radio d’état par les moudjahidines , les ennemis jurés du régime iranien[iii].
Un pays au bord de l’explosion
Récemment, un document « top secret » ayant fait l’objet d’une fuite en Iran lors d’une réunion du « Groupe de travail sur la prévention de la crise de sécurité des conditions de vie élémentaires » indique que « la société est dans un état d’explosion sous-cutanée » et que le mécontentement social a augmenté de « 300 % » au cours de l’année écoulée. Selon les médias et les statistiques gouvernementales du régime, plus des deux tiers de la population iranienne se trouvent sous le seuil de pauvreté. Les pommes de terre sont devenues un aliment de luxe dans ce pays pourtant riche qu’est l’Iran.
Les manifestations de travailleurs, de retraités, d’enseignants, de professeur d’université et d’autres catégories de la société se poursuivent sans relâche aux quatre coins de l’Iran pour réclamer des salaires impayés voire le simple minimum vital. En réponse à ces demandes légitimes, le pouvoir fait tourner la machine répressive à plein régime. Mais malgré les efforts de violence déployés par les forces de sécurité, des services de renseignement et autres agents en civil, les manifestations se poursuivent et les attaques contre les symboles du pouvoir ne faiblissent pas. Le 13 décembre dernier, des centaines de milliers d’enseignants ont défilé dans les rues de plus de trente provinces du pays, malgré l’interdiction et le menaces. La population n’a plus rien à perdre.
La peur a changé de camp !
Le spectre du renversement du régime s’incarne chaque jour un peu plus et l’existence d’une alternative politique crédible, incarnée par le CNRI, effraie plus encore les mollahs. La demande du président iranien à son homologue Français il y a peu ne traduit pas autre chose que cette peur qui se lit dorénavant dans leurs yeux. Après Hassan Rohani demandant à François Hollande d’expulser les Moudjahidines du peuple de l’Union Européenne, voilà qu’Ebrahim Raïssi réitère[iv]. Preuve s’il en était que l’organisation des Moudjahidines du peuple, majoritaire au sein du CNRI, est bien l’ennemi désigné des mollahs. D’ailleurs, la tentative d’attentat de juin 2018 perpétré par l’appareil diplomatique iranien en Europe contre le grand rassemblement de Villepinte organisé par le CNRI est un élément de plus à verser au dossier de la peur qu’inspire une coalition démocratique unifiée contre la terreur et la tyrannie des mollahs.
Pour la population iranienne, les mollahs sont considérés comme un occupant intérieur face auquel il est devenu impératif de résister. Au Liban, un Conseil regroupant courants et partis politiques s’est formé, appelé » le Conseil national pour mettre fin à l’occupation du Liban » et ayant pour but affiché d’expulser la présence du régime iranien. En Irak, le soulèvement d’octobre visait à expulser les mollahs de leur pays. Et la flamme de ce mouvement couve toujours sous la cendre.
Partout, l’objectif est clair ; refuser la tyrannie des mollahs ; cesser de s’effacer devant leur tyrannie ; recouvrer la liberté et les droits humains fondamentaux. La coalition politique du CNRI, présidée par Maryam Radjavi, a d’ores et déjà publié un plan en dix points, préalable indispensable à l’arrivée de la démocratie en Iran[v]. Le CNRI s’impose comme l’unique force politique à même de succéder à la théocratie actuelle, théocratie considérant la contradiction politique comme une trahison envers Dieu passible d’emprisonnement, de tortures, voire d’exécution sommaire, à l’instar des tirs directs sur la foule ordonnés par Ali Khameneï lors des émeutes de 2019.
N’est-il pas temps pour la France, la Belgique et toute l’Europe de penser désormais à un Iran sans mollahs ? Un Iran outragé, brisé, martyrisé, mais un Iran libéré. Un Iran de, par, pour et avec le peuple, sans arme nucléaire, sans menace permanente d’exportation du fondamentalisme religieux et capable d’entretenir de véritables relations fraternelles et commerciales avec l’Europe toute entière. Qu’attend la diplomatie Européenne ?
[i] Mohammad Mossadegh, parvenant à accéder au pouvoir exécutif par deux fois entre 1951 et 1953, a tenté d’instaurer une démocratie laïque et de conserver une relative indépendance du pays face aux puissances étrangères avant son renversement par un coup d’état.
[ii] Un journal proche d’Ali Khamenei écrit le 11 octobre de 2021 « ces derniers mois, nous avons assisté à de fréquentes attaques contre les forces de sécurité dans la rue ».
[iii] Le camp d’Achraf était le camp des résistants exilés en Irak jusqu’à l’intervention américaine en Irak. Achraf est le véritable symbole de la résistance de tous les instants au régime religieux d’Iran.
[iv] Le journal d’État Quds Online a rapporté le 3 février qu’Ebrahim Raïssi, « notre président, a également demandé explicitement l’expulsion des membres de ce groupe (les Moudjahidines du peuple) de l’Union européenne lors de sa dernière conversation téléphonique avec le président français Emmanuel Macron. »
[v] On peut trouver le plan en dix points détaillé à cette adresse : https://www.maryam-rajavi.com/fr/points-de-vue/programme-politique-iran/
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