Penelopegate : Fillon, mea culpa a minima
Le candidat de la droite à la présidentielle reconnait » une erreur » dans l’embauche de membres de sa famille et des » réponses imprécises » dans sa défense initiale. Il lance une » opération transparence » pour reconquérir son électorat, mais peine à convaincre complètement.
« J’ai mis du temps à réagir et à mesurer que le ciel m’était tombé sur la tête ». C’est par ces termes que François Fillon a justifié la grande « opération de transparence » qu’il a lancée ce lundi via sa conférence de presse et au-delà, par la mise en ligne sur son site de campagne, dès ce soir a-t-il annoncé, de toutes les rémunérations et contrats de travail de son épouse et de ses enfants, objets des accusations qui le ciblent depuis une quinzaine de jours dans le Penelopegate. Le candidat de la droite à l’élection présidentielle française a donc reconnu des « réponses imprécises » lors de sa prestation télévisée sur TF1 peu après les premières révélations du Canard enchaîné. Et il a présenté ses « excuses » pour avoir fait travailler sa famille « selon un usage dont les Français ne veulent plus » : « C’était une erreur ».
Un mea culpa a minima parce que, pour le reste, François Fillon a écarté un peu superficiellement les soupçons d’emplois fictifs de son épouse et de ses enfants et les questions sur la hauteur de leurs émoluments. Sur ce dernier point, il en a donné une autre présentation que celle fournie par Le Canard enchaîné, les ramenant, en vertu d’un décompte mensuel, à des salaires moyens. Sur la réalité du travail effectué, il n’a pas été plus convaincant que lors de ses explications antérieures. Rappelant que certains assistants parlementaires effectuent des « actions modestes, dans l’ombre, seuls, qui peuvent paraître anodines », il a expliqué que son épouse avait géré son agenda, répondu à son courrier ou à des demandes d’emploi, préparé ses interventions dans la Sarthe et assuré sa représentation dans certaines manifestations publiques. Quant à son fils et à sa fille, ils ont établi des « bases documentaires » sur les questions institutionnelles pour lui permettre de se préparer à être Premier ministre et à écrire un livre. Sur les activités de sa société de conseil, enfin, il a assuré n’avoir jamais eu comme clients des entreprises ou personnalités russes.
Comme un leitmotiv, François Fillon a répété n’avoir rien à cacher, a continué à supputer un grand complot – venant plutôt de la gauche de gouvernement – pour empêcher une représentation valable de la droite à l’élection présidentielle et a dénoncé un lynchage médiatique à l’aune du « manque d’équilibre » dont la plupart des médias auraient fait preuve ces quinze derniers jours, avec des récriminations ciblées, dans le style de Donald Trump, contre Le Canard enchaîné et Mediapart. En arguant ne pas avoir enfreint la loi et ne pas avoir pensé à rembourser les sommes perçues par les membres de sa famille parce qu’elles correspondent à un travail effectué, François Fillon a voulu donné l’image d’un homme droit dans ses bottes, certes affaibli par le « coup de tonnerre » qu’aurait été pour lui la révélation du Penelopegate mais déterminé à transformer cette épreuve en un atout par l’ « énergie décuplée » qu’elle lui procure. Certes, un de ses principaux atouts réside encore dans l’absence d’alternative à sa candidature – si ce n’est un plan B comme… Bérézina selon le mot d’un de ses proches. Mais pour autant, il n’est pas acquis qu’il ait suffisamment bouleversé la donne pour espérer récupérer les électeurs potentiels qu’il a déçus et emmener la droite française vers la victoire qui lui était pourtant promise.
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