La Chine de Xi Jinping, "cet ultime modèle communiste". © belga image

Pékin appelle Biden à la « prudence » après ses propos sur Taïwan

Le Vif

« Aucune place au compromis »: Pékin a appelé vendredi Joe Biden à la « prudence » après des propos du président américain affirmant que les Etats-Unis étaient prêts à défendre militairement Taïwan en cas d’invasion par l’armée chinoise.

La Chine considère l’île de 23 millions d’habitants, qu’elle ne contrôle pas, comme une de ses provinces en attente de réunification avec le reste du pays.

Interrogé jeudi sur la possibilité d’une intervention militaire américaine pour défendre Taïwan, Joe Biden a répondu par l’affirmative.

« Oui, nous avons un engagement en ce sens », a-t-il déclaré lors d’un échange avec des électeurs à Baltimore retransmis par la télévision CNN.

La déclaration du président américain vient en contradiction avec la politique tenue de longue date par les Etats-Unis et dite « d’ambiguïté stratégique ».

En vertu de celle-ci, Washington aide Taïwan à construire et renforcer ses défenses, mais sans promettre de manière explicite de venir à son aide en cas d’attaque.

Taïwan jouit d’un système politique démocratique.

Le territoire insulaire est dirigé depuis 1945 par un régime (la « République de Chine ») qui s’y était replié après la victoire des communistes en Chine continentale en 1949 à l’issue de la guerre civile chinoise.

La « République populaire de Chine », basée à Pékin et dirigée par le Parti communiste, considère l’île comme une partie de son territoire. Elle menace d’utiliser la force en cas de déclaration formelle d’indépendance à Taipei.

« Mauvais signaux »

Interrogé vendredi sur les propos de Joe Biden, Pékin l’a appelé à ne pas « s’ingérer » dans ses « affaires intérieures ».

« Sur les questions liées à ses intérêts fondamentaux, comme sa souveraineté et son intégrité territoriale, la Chine ne laissera aucune place au compromis », a affirmé devant la presse Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

« Nous exhortons la partie américaine (…) à agir avec prudence sur la question de Taïwan, et de s’abstenir d’envoyer des mauvais signaux aux militants indépendantistes taïwanais afin de ne pas nuire gravement aux relations sino-américaines. »

Joe Biden avait déjà fait cet été une promesse similaire, parlant « d’engagement sacré » à défendre les alliés de l’Otan au Canada et en Europe, et « de même avec le Japon, la Corée du Sud, et Taïwan ».

Dans la foulée des déclarations du président américain jeudi soir, la Maison Blanche a affirmé à la presse que la politique des Etats-Unis envers Taïwan n’avait « pas changé ».

« Je soupçonne que Biden ne cherchait pas à annoncer un quelconque changement », déclare à l’AFP Richard McGregor, chercheur du cabinet de recherche australien Lowy Institute.

« Soit il n’a pas fait attention à ce qu’il disait, soit il avait peut-être la volonté d’avoir délibéremment un ton plus dur, en raison de la façon dont Pékin a renforcé son harcèlement militaire de Taïwan ces derniers temps. »

Incursions

Interrogé sur le fait de savoir si les Etats-Unis seraient en mesure de faire face au développement des programmes militaires en Chine, Joe Biden a également répondu par l’affirmative.

« La Chine, la Russie et le reste du monde savent que nous disposons de la plus puissante capacité militaire du monde », a-t-il ajouté.

Il a cependant réitéré sa volonté de ne pas s’engager dans une nouvelle guerre froide avec Pékin.

Pékin et Washington s’opposent frontalement sur beaucoup de dossiers, mais la question taïwanaise est souvent considérée comme la seule susceptible de provoquer une confrontation armée.

Le prochain ambassadeur à Pékin, le diplomate Nicholas Burns, avait estimé mercredi qu’il ne fallait « pas faire confiance » à la Chine sur Taïwan, et recommandé de vendre davantage d’armement à l’île pour renforcer ses défenses.

M. Burns s’exprimait devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, qui doit confirmer sa nomination. Il avait également dénoncé les récentes incursions d’avions chinois dans la zone d’identification de défense aérienne (Adiz) taïwanaise, les qualifiant de « répréhensibles ».

Les Etats-Unis reconnaissent depuis 1979 la République populaire de Chine, au détriment de la République de Chine (Taïwan) mais le Congrès américain impose parallèlement de fournir des armes à l’île pour sa défense.

Le président chinois Xi Jinping a cependant réaffirmé récemment sa volonté de parvenir à une réunification « pacifique ».

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