Omicron: les hôpitaux britanniques « sur le pied de guerre »
« Sur le pied de guerre » face à la déferlante de cas Omicron, les hôpitaux britanniques s’activent pour ouvrir des milliers de lits provisoires, sans savoir encore quelle sera l’ampleur de la vague dans les services de réanimation.
Le Royaume-Uni, qui déplore déjà près de 148.500 morts de la pandémie (+332), enregistre tous les jours des records de contaminations de Covid-19 (plus de 189.000 en 24 heures jeudi).
Même si les autorités soulignent pour l’instant que le variant Omicron semble provoquer des formes moins sévères que le Delta, le nombre de patients hospitalisés avec le Covid-19 frôlait les 12.000 jeudi, pour la première fois depuis début mars.
Pour être prêts au « pire scénario », le service national de santé, le NHS, a annoncé jeudi la construction de structures temporaires permettant d’accueillir chacune une centaine de patients dans huit hôpitaux anglais, censés être opérationnels dès cette semaine.
Il a également été demandé aux hôpitaux d’identifier « des espaces tels que des gymnases ou des centres d’éducation qui peuvent être convertis pour accueillir des patients » en vue de créer jusqu’à 4.000 lits.
A l’hôpital Saint-George dans le quartier de Tooting, dans le sud de Londres, des ouvriers s’affairaient jeudi pour monter une structure métallique devant la bâtisse de briques, a constaté un photographe de l’AFP.
« Le NHS est désormais sur le pied de guerre », a assuré le directeur médical du service de santé, Stephen Powis, tout en disant « espérer » que ces structures ne servent pas.
« Nous ne savons pas encore exactement combien de personnes ayant contracté le virus auront besoin d’un traitement hospitalier, mais étant donné le nombre d’infections, nous ne pouvons pas attendre de savoir pour agir », a-t-il expliqué.
Lors de la première vague, le NHS avait mis en place d’immenses hôpitaux de campagne dans des centres de conférences ou des stades mais ces structures avaient peu servi, notamment en raison du manque de personnel spécialisé.
Il choisit cette fois des structures plus petites et à proximité immédiate des hôpitaux.
Trains annulés
Contrairement aux autorités en Ecosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord, le gouvernement de Boris Johnson a décidé de temporiser et de ne pas imposer de nouvelles restrictions avant le Nouvel an en Angleterre.
Laissant pubs et boîtes de nuit ouverts et se contentant d’appeler à la prudence pendant les fêtes, il a accéléré la campagne de rappel vaccinal, une troisième dose ayant été administrée à 57,5% des plus de 12 ans.
Confronté à l’opposition d’une partie de sa majorité à un tour de vis sanitaire, M. Johnson s’appuie notamment sur des études indiquant un risque plus faible d’hospitalisations avec Omicron qu’avec le variant Delta.
Une partie des admissions mesurées dans la hausse récente s’explique aussi par le nombre de patients arrivés pour d’autres raisons que le Covid-19 mais testés positifs. Ces cas se multiplient vu le nombre énorme de contaminés (plus d’une personne sur 20 la semaine dernière à Londres).
L’immunologiste John Bell, de l’université d’Oxford, a relativisé la menace mardi sur la BBC, soulignant les bienfaits de la vaccination: « Les scènes horribles d’il y a un an — des unités de soins intensifs pleines, de nombreuses morts prématurées — appartiennent désormais au passé ».
Mais des scientifiques craignent une vague importante dans les hôpitaux malgré tout en raison du très grand nombre de contaminations. Et la situation se dégrade ces derniers jours, notamment à Londres, même si l’on est loin des pics de l’hiver dernier (près de 40.000 patients à l’hôpital).
Au delà de la situation des hôpitaux, le niveau spectaculaire de circulation du virus perturbe le fonctionnement du pays.
La compagnie de transport ferroviaire Southern a annulé tous ses trains à la gare Victoria de Londres jusqu’au 10 janvier.
Pompiers et ambulances évoquent des difficultés à assurer leur services.
Pareil pour le NHS lui-même, suscitant des doutes sur le fonctionnement des lits provisoires ouverts.
« Le personnel infirmier a déjà énormément de mal à s’occuper des patients déjà à l’hôpital », a relevé Pat Cullen, secrétaire générale du Royal College of Nursing. « Je n’ai aucune idée de comment on va pourvoir ces nouvelles structures en personnel ».
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