Migration: l’enfer blanc de la frontière franco-italienne (reportage)
Sur le chemin de l’exil, le département des Hautes-Alpes est devenu, depuis 2016, l’un des points de passage pour les migrants qui tentent de franchir la frontière franco-italienne. Ils seraient dix à trente à emprunter chaque jour cet itinéraire difficile.
Un reportage d’Antoni Lallican.
Fin décembre, le thermomètre affiche -3°C lorsque six hommes, âgés de 23 à 55 ans et originaires du Maroc, d’Algérie et d’Afghanistan, s’élancent depuis le village de Clavière, en Italie. Tous ont déjà entrepris cette traversée qu’ils appréhendent: à chaque fois, ils ont été refoulés par la police française dont les effectifs ont été renforcés à la frontière. Un dispositif qui pousse les exilés à s’enfoncer à travers les cols du val de Suse. Selon les associations sur place, cinq personnes y ont déjà laissé la vie.
Dans une neige arrivant parfois jusqu’aux genoux, et après deux heures de marche, le groupe montre des signes de fatigue. Ne disposant que de smartphones pour s’orienter, il sillonne dans le brouillard malgré les risques d’ avalanche. Au terme d’un périple de cinq heures, apparaît la station de ski française de Montgenèvre, première étape avant d’atteindre Briançon. Repérés par la police française, les six hommes se séparent pour échapper aux agents qui se lancent à leur poursuite. Ayub et Saïd sont interpellés. « Je veux aller en Espagne, je ne veux pas rester en France, pourquoi m’arrêter? », supplie Ayub, jeune Marocain de 25 ans, qui en est à sa troisième tentative. Tous deux sont escortés à Montgenèvre, avant d’être renvoyés vers l’Italie. Le reste du groupe sera repris plus tard dans la soirée. Tous retenteront ce trajet dès que possible. Pour beaucoup, les quelques kilomètres qui séparent la France de l’Italie ne marquent qu’une courte étape d’un long et périlleux voyage.
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