Manche: Quatre morts dont deux enfants dans le naufrage d’un bateau
Quatre morts dont deux enfants : la Manche a connu mardi son plus grave drame migratoire après le naufrage d’une embarcation partie de France pour les côtes anglaises, selon un bilan encore provisoire, portant à sept le nombre des personnes ayant péri dans ces eaux en 2020.
Une femme et deux enfants de cinq et huit ans font partie des victimes, selon les autorités. Un peu plus tôt dans la journée un homme avait été découvert mort noyé.
Quinze autres personnes ont par ailleurs été secourues.
Les recherches ont été arrêtées à la tombée de la nuit, sans avoir permis de retrouver d’autres éventuels naufragés, a déclaré la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.
A la mi-journée, le sous-préfet, Hervé Tourmente, avait souligné que le nombre exact des passagers restait à préciser, « de 19 à 20 ». A en croire des témoignages de rescapés, un nourrisson pourrait avoir disparu, avait-il ajouté au cours d’un point de presse à Loon-Plage (nord).
Les autres rescapés, hommes, femmes et enfants, de nationalité iranienne d’après les premiers éléments, « sont en état d’hypothermie » dont un cas « grave », a-t-il ajouté. Ils ont été répartis dans des hôpitaux de Calais et de Dunkerque, dans le nord de la France.
L’embarcation, apparemment un bateau de pêche-promenade, a été signalée en train de se retourner et de couler vers 08H30 GMT par un plaisancier anglais. Une vaste opération de recherches avait été déclenchée avec six embarcations et des moyens aériens.
M. Tourmente a noté que les conditions météo pour cette traversée « n’étaient pas favorables du tout ».
Une enquête a été ouverte, a fait savoir le parquet.
« Cette tragique nouvelle met en évidence les dangers qui accompagnent la traversée de la Manche et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour empêcher des criminels sans scrupules d’exploiter des personnes vulnérables », a réagi Priti Patel, la ministre britannique de l’Intérieur.
– Itinéraire meurtrier –
Ce drame porte à sept le nombre des migrants morts au cours d’une traversée illégale de la Manche depuis le début de cette année, selon les les autorités, après quatre décès enregistrés en 2019.
Le 18 octobre, un homme avait été retrouvé mort sur une plage de Sangatte, toujours dans la même région, portant un gilet de sauvetage.
Deux mois plus tôt, un autre homme de 28 ans, selon les papiers d’identité découverts dans ses affaires, avait lui aussi été découvert à Sangatte après le naufrage de son embarcation de fortune.
« Un autre homme est décédé en mai 2020, retrouvé dans le port de Calais », a précisé mardi la préfecture du Pas-de-Calais.
La trentaine de kilomètres qui séparent la Côte d’Opale française des falaises calcaires de Douvres, visibles par temps clair, sont considérés comme l’une des voies maritimes les plus fréquentées et dangereuses du monde.
Pourtant, depuis 2018, les tentatives de traversée se multiplient.
Entre le 1er janvier et le 31 août, 6.200 migrants – selon la préfecture maritime française de la Manche et de la mer du Nord – ont tenté leur chance, sur un bateau pneumatique pour les plus aisés, un paddle, un kayak ou une simple bouée pour les autres.
En 2019, 2.358 personnes ont été secourues puis ramenées sur les côtes françaises ou britanniques, contre 586 en 2018.
Dans l’attente d’un passage, les candidats continuent d’affluer dans des villes côtières de la région comme Calais où ils s’installent dans des campements de fortune, régulièrement évacués par les autorités françaises pour une « mise à l’abri ».
« Ils sont prêts à partir par tous les moyens tant les conditions d’accueil sont épouvantables en France », a regretté auprès de l’AFP Claire Millot, de l’association Salam.
« Il leur est impossible de demander l’asile en France, puisque la plupart ont vu leurs empreintes digitales enregistrées dans d’autres pays européens. En Angleterre, c’est plus facile de travailler au noir, de trouver un logement », alors « ils risquent leur vie », a-t-elle ajouté.
L’ONG Save the Children a pour sa part appelé les gouvernements français et britannique à coopérer pour offrir « des routes sûres et légales aux familles désespérées fuyant conflits, persécutions et pauvreté ». La Manche « ne doit pas devenir un cimetière pour enfants », a-t-elle mis en garde.
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