« Les femmes devraient attendre la retraite pour avoir des enfants »
Les femmes belges devront encore travailler jusqu’au 27 mars 2020 pour rattraper le montant qu’un homme a, lui, déjà gagné au terme de l’année 2019, selon l’association Zij-kant. Soit 87 jours de travail en plus pour la même rémunération. La meilleure manière pour une femme de gagner autant qu’un homme est d’attendre la pension pour commencer à faire des enfants, suggère avec provocation l’organisation, dans sa campagne « Equal Pay Day ».
Les femmes gagnent en moyenne 24% de moins que les hommes, selon les calculs de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes basés sur les données de l’Office national de sécurité sociale (ONSS) de 2017. L’écart est plus grand dans le privé (28%) que dans le secteur public (18%).
Chez les travailleurs indépendants, l’écart de rémunération est également important. Si les jeunes entrepreneuses gagnent plus que leurs collègues masculins au même âge, la tendance s’inverse dès l’arrivée des enfants. « Globalement, on parle d’un écart de revenus de 31% pour les indépendants à titre principal, de 11% pour les indépendants complémentaires et de 49% pour les retraités actifs », selon Zij-kant, qui examine pour la première fois les revenus des indépendantes.
Le travail non rémunéré n’est en outre pas réparti de manière égale. C’est ce qui explique en grande partie les écarts pour Zij-kant. « L’arrivée des enfants freine particulièrement la carrière des femmes. Près d’une femme sur deux (44%) travaille à temps partiel, contre seulement un homme sur dix (11%) », précise l’organisation. La plupart des travailleuses prennent généralement – et plus souvent que les hommes – un temps partiel pour prendre soin de leurs proches », précise Zij-kant.
10% de moins que les hommes
Les systèmes comme le congé parental, l’interruption de carrière ou le crédit-temps sont eux aussi principalement utilisés par les femmes.
Mais le travail à temps partiel n’explique pas tout. Si toutes les femmes travaillaient à plein temps, elles gagneraient encore 10% de moins que les hommes, observe Zij-kant. « Les femmes sont surreprésentées dans les secteurs moins valorisés et moins bien payés comme les soins ou le nettoyage. Les hommes sont, eux, plus nombreux dans des secteurs lucratifs comme la technologie, les sciences ou l’ingénierie. De plus, seul un cadre sur trois est une femme », dénonce l’association.
Zij-kant appelle les décideurs politiques à revoir la définition du travail à temps plein. « Réduire collectivement le temps de travail pour tous les secteurs et toutes les catégories, tout en maintenant les salaires et les recrutements, garantirait un équilibre entre travail et vie privée. Les femmes n’auront en effet les mêmes chances, par rapport aux hommes, de développer leur carrière que si la mesure s’applique à tout le monde. »
Une grossesse et un congé de maternité indemnisés à 100% contribueraient aussi à réduire les écarts. L’association plaide aussi pour une réforme du congé parental basée sur le modèle suédois, où les deux parents sont encouragés à partager leurs soins aux enfants de manière égale.
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