Le tueur en série Michel Fourniret est décédé
Le tueur en série Michel Fourniret, âgé de 79 ans, « est mort lundi à 15h00 à l’Unité hospitalière sécurisée interrégionale (UHSI) de la Pitié-Salpétrière à Paris », a annoncé le procureur de Paris Rémy Heitz à l’AFP.
L’homme de 79 ans, a été placé dans le coma et son pronostic vital est engagé et « non réversible ». Un protocole d’accompagnement de fin de vie a été engagé, selon les différents médias.
Ces derniers mois, l’état de santé de celui que l’on surnomme « l’Ogre des Ardennes » qui était incarcéré au centre pénitentiaire de Fresnes, s’était fortement détérioré. Il a déjà ainsi été hospitalisé en urgence à plusieurs reprises.
Condamné à la perpétuité incompressible pour les meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, le tueur en série avait fini par avouer en mars 2020 sa responsabilité dans la disparition d’Estelle Mouzin dont les fouilles pour retrouver le corps restent pour l’heure infructueuses.
Il était mis en examen pour quatre disparitions ou meurtres dans les dossiers d’Estelle Mouzin, de Marie-Angèle Domece et Joanna Parrish et enfin de Lydie Logé, une jeune femme de 29 ans disparue en 1993 dans l’Orne.
Le parcours macabre d’un tueur en série
Premières condamnations
A l’âge de 25 ans, Michel Fourniret est condamné en 1967 à huit mois de prison avec sursis avec obligation de soins, pour l’agression d’une fillette dans les Ardennes.
Arrêté et incarcéré en 1984, ce père de famille discret est condamné le 26 juin 1987 à cinq ans de prison ferme pour des agressions sexuelles sur une douzaine de jeunes femmes depuis 1981.
En détention, il entame une correspondance avec Monique Olivier, séparée et mère de deux enfants. Il s’installe avec elle dans l’Yonne (Centre) après sa libération en octobre 1987.
Trésor du « gang des Postiches »
Jean-Pierre Hellegouarch, ex-compagnon de cellule de Fourniret, lui demande en 1988, par l’intermédiaire de sa femme Farida Hammiche, de récupérer un « trésor » de lingots d’or enterré dans un cimetière de Fontenay-en-Parisis (Val-d’Oise) par une équipe de braqueurs, le célèbre « gang des postiches ».
Pour garder le magot, Fourniret tue la jeune femme. Avec cet argent, il s’achète notamment le château du Sautou, dans les Ardennes.
En 1988 naît le fils du couple, qui se marie l’année suivante.
Meurtres avoués
En 2003, Fourniret est arrêté en Belgique après la tentative ratée d’enlèvement d’une adolescente, Asumpcion, dans la région de Ciney. Cette adolescente de 13 ans réussira à s’échapper de la camionnette où son ravisseur l’avait enfermée. Aidée par une automobiliste, elle donnera le numéro d’immatriculation de la camionnette de Fourniret à la police qui l’interpellera à son domicile de Sart-Custinne.
Interrogée par la police belge, Monique Olivier accuse un an plus tard son mari des meurtres de neuf jeunes femmes ou adolescentes, dont Farida Hammiche. Fourniret, détenu à Dinant (Belgique), reconnaît huit homicides, commis depuis 1987 en France et en Belgique dont celui de la jeune Elisabeth Brichet enlevée à Saint-Servais (Namur) en 1989.
Selon ses propres aveux, il « devait chasser au moins deux vierges par an ». Une obsession qui serait née du fait que sa première femme, qu’il pensait vierge, ne l’était pas au moment de leur mariage.
Sur les indications de Fourniret, les corps de deux victimes dont celui d’Elisabeth Brichet sont découverts dans le parc du château du Sautou.
Monique Olivier accuse par la suite son mari de plusieurs autres meurtres.
Perpétuité incompressible
Le 28 mai 2008, Michel Fourniret, alors âgé de 66 ans, est condamné par la cour d’assises des Ardennes à la perpétuité incompressible pour sept meurtres de jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, précédés de viol ou tentative de viol, et trois agressions d’autres jeunes filles ayant réussi à lui échapper.
Monique Olivier, 59 ans à l’époque, est condamnée à la perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 28 ans, pour complicité dans quatre des meurtres et le viol en réunion d’une jeune fille.
Les époux Fourniret divorcent en 2010.
En février 2018, Fourniret avoue les meurtres de Joanna Parrish et Marie-Angèle Domece, entre 1988 et 1990 dans l’Yonne. Le corps de la deuxième n’a jamais été retrouvé.
Nouvelle perpétuité
Le 16 novembre 2018, Michel Fourniret est à nouveau condamné à la perpétuité, par la cour d’assises des Yvelines, pour l’assassinat de Farida Hammiche, dont le corps n’a jamais été retrouvé. Son ex-épouse Monique Olivier écope de 20 ans de réclusion.
Estelle Mouzin
Le 27 novembre 2019, le tueur en série est mis en examen dans l’enquête sur la disparition d’Estelle Mouzin, à l’âge de 9 ans en 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne). Soupçonné puis mis hors de cause dans le passé, il a finalement vu son alibi contredit par Monique Olivier.
Le 7 mars 2020, le parquet de Paris annonce qu’il « a reconnu sa participation aux faits ».
Le 21 août, Monique Olivier déclare à la justice que son ex-mari a kidnappé la petite fille pour la séquestrer, puis l’a violée et étranglée à Ville-sur-Lume (Ardennes).
Plusieurs séries de fouilles dans d’anciennes propriétés de Fourniret dans les Ardennes n’avaient toujours pas permis, en mai 2021, de retrouver le corps de la fillette.
Lydie Logé
Le 22 décembre 2020, Fourniret est mis en examen pour « enlèvement et séquestration suivis de mort » dans l’enquête sur la disparition de Lydie Logé, à l’âge de 29 ans dans l’Orne, en 1993.
Malgré la mort de Fourniret, les enquêtes judiciaires se poursuivent
La mort du tueur en série Michel Fourniret survient avant la fin des investigations sur les disparitions d’Estelle Mouzin et de trois jeunes femmes entre 1988 et 2003. Mais ces enquêtes vont se poursuivre, avant un éventuel procès de son ex-femme et complice Monique Olivier.
La juge d’instruction parisienne Sabine Khéris reste chargée de l’information judiciaire qui regroupe ces quatre dossiers et touche à sa fin: l’enlèvement en 2003 d’Estelle Mouzin, 9 ans, la disparition en 1988 de Marie-Angèle Domece, le viol et le meurtre de Joanna Parrish en 1990 et la disparition de Lydie Logé en 1993.
Michel Fourniret, déjà jugé et condamné à perpétuité pour huit meurtres, était mis en examen dans ces quatre affaires. Constatant sa santé et sa mémoire déclinante depuis deux années, les familles de ces victimes espéraient tout de même le voir comparaître aux assises. Elles comptaient sur la vérité de l’audience pour obtenir des réponses.
Malgré des dizaines d’heures d’interrogatoires serrés de la juge Khéris, celui qui se décrivait comme « un joueur d’échecs » avec les enquêteurs, alternant mensonges et fausses pistes, n’a livré que des aveux partiels. De cette fillette et de ces trois jeunes femmes, seul le corps de Joanna Parrish a été retrouvé à ce jour. Au terme de son enquête, la juge devra donc, selon la formule consacrée, « constater l’extinction de l’action publique » envers Michel Fourniret, la justice pénale ne pouvant pas faire le procès des morts.
Récemment, ses avocats avaient déposé une requête pour suspendre la procédure, arguant de son état de santé. La défense remettait aussi en cause ses aveux formulés « au cours des deux dernières années, compte tenu de l’altération manifeste de ses facultés mentales », selon leur communiqué publié lundi. « La requête ne sera sans doute jamais examinée », concluent-ils.
En revanche, la juge Khéris reste saisie du cas de son ex-femme, Monique Olivier, 72 ans, mise en examen dans ces quatre dossiers et sous la menace d’un procès pour « complicité » des crimes reprochés au tueur. « Michel Fourniret part avec ses secrets et Monique Olivier va se retrouver seule devant le tribunal, elle va focaliser toutes les attentions », note Me Richard Delgenes, l’avocat de la septuagénaire, dont les déclarations ont joué un rôle majeur pour obtenir les aveux de son ex-mari. « Est-ce que ça ne va pas la bloquer ? », s’interroge-t-il.
Monique Olivier, qui s’était installée en 1987 avec le tueur lorsqu’il était sorti de prison et dont elle a divorcée en 2010, a déjà été condamnée à perpétuité pour complicité de quatre meurtres et d’un viol en réunion commis par Michel Fourniret, puis à vingt ans de réclusion pour un cinquième meurtre.
« On sait que les meurtres étaient commis à quatre mains, on perd un atout mais on peut continuer à avancer car il reste Monique Olivier », estime Me Didier Seban, avocat des quatre familles concernées. Par ailleurs, les enquêteurs planchent sur une série d’autres affaires non résolues dans lesquelles « l’Ogre des Ardennes » pourrait être impliqué, en analysant en particulier des traces ADN prélevées notamment sur un matelas saisi en 2003 dans la maison de la soeur défunte de Fourniret.