Le prochain débat entre Trump et Biden annulé
Le deuxième débat entre le président sortant Donald Trump et son rival démocrate Joe Biden pour la présidentielle, initialement prévu jeudi prochain, a été annulé par la commission indépendante chargée de les organiser, a-t-elle déclaré vendredi.
Après l’annonce de l’infection au Covid-19 du président américain, la commission avait transformé ce débat, qui devait se tenir à Miami, en rencontre virtuelle pour des raisons sanitaires. Une formule que Donald Trump a catégoriquement refusée.
« Il est désormais évident qu’il n’y aura pas de débat le 15 octobre », a écrit la commission dans un communiqué, assurant désormais « concentrer son attention sur les préparatifs pour le dernier débat présidentiel prévu le 22 octobre », à Nashville, dans le Tennessee.
Lors du débat annulé, des électeurs devaient poser des questions aux candidats. Donald Trump « n’a évidemment pas le courage de répondre de son bilan aux électeurs en même temps que Joe Biden », a réagi un porte-parole du candidat démocrate, Andrew Bates. « Il est honteux que Donald Trump ait esquivé le seul débat lors duquel les électeurs pouvaient poser des questions, mais ce n’est pas une surprise », a-t-il ajouté à l’AFP.
Après l’annonce de la tenue du débat sous forme virtuelle, l’équipe de Donald Trump avait accusé les organisateurs de vouloir éviter à Joe Biden une confrontation directe avec le républicain. Elle a réclamé que le débat du 15 octobre soit repoussé lors d’une ultime rencontre le 29 octobre, soit à cinq jours seulement du scrutin — ce que l’équipe de Joe Biden a refusé.
Les deux hommes se sont déjà affrontés durant près d’une heure et demie lors d’un premier débat chaotique, lors duquel ils n’avaient cessé de se couper la parole, le 29 septembre dernier à Cleveland, dans l’Ohio.
Trump va reprendre sa campagne malgré les doutes sur sa santé
Donald Trump, qui trépignait de reprendre sa campagne interrompue par son infection au Covid-19, va faire son retour devant ses partisans samedi à la Maison Blanche puis lundi en Floride, malgré les doutes persistants sur sa santé une semaine après son hospitalisation.
Distancé par le démocrate Joe Biden dans les sondages à 25 jours de la présidentielle, le milliardaire républicain espérait initialement tenir un meeting dès samedi en Floride, Etat-clé pour décrocher la victoire le 3 novembre.
Finalement, il va organiser ce premier événement en public depuis son diagnostic à la présidence, malgré le nombre croissant de cas de coronavirus parmi ses employés et les critiques sur le mélange des genres que représente l’utilisation de ce bâtiment officiel emblématique pour un rassemblement partisan.
Selon un haut responsable américain, il s’exprimera sur le thème de « la loi et l’ordre », un de ses slogans, depuis le balcon de la Maison Blanche, à une foule rassemblée sur la pelouse en contrebas.
C’est justement un rassemblement dans la roseraie présidentielle il y a deux semaines, pour annoncer la nomination d’une juge conservatrice à la Cour suprême, qui a été pointé du doigt comme responsable de nombreuses contaminations détectées depuis lors. Les masques et la distanciation physique y étaient rares, les accolades nombreuses.
L’équipe de campagne du président-candidat a également annoncé que son premier meeting depuis son diagnostic, il y a une semaine, aurait lieu lundi à Sanford, en Floride.
Une question cruciale restait toutefois sans réponse vendredi: Donald Trump, qui « pense » ne plus être contagieux, a-t-il subi un test négatif pour conforter cette conviction? Le médecin de la Maison Blanche, Sean Conley, dont la communication élusive est sous le feu des critiques, a seulement dit jeudi s’attendre « à ce que le président puisse reprendre ses activités publiques » samedi « sans risque ». Mais il n’a pas fait mention d’un test négatif.
En attendant, encore confiné, Donald Trump a affiché son endurance avec un marathon radiophonique de deux heures sans interruption, en forme d’échange au téléphone avec Rush Limbaugh, figure de la sphère conservatrice, qui n’a cessé de louer son bilan.
« Nous avons un remède » pour guérir du coronavirus, a-t-il martelé à plusieurs reprises au sujet du traitement expérimental qui lui a été administré, promettant une fois de plus de le distribuer gratuitement. « Je n’allais pas très bien », mais « ces médicaments sont tellement bien, ils ont juste éliminé le virus », a assuré le président de 74 ans, laissant transparaître à plusieurs reprises sa frustration face à ce coup d’arrêt.
Le message est clair: la page de la maladie est tournée. Sa voix était plus claire que jeudi soir, lorsque, enroué, le candidat avait été interrompu à plusieurs reprises par la toux lors d’un entretien téléphonique sur Fox News.
Vendredi soir, il doit enchaîner avec son premier entretien filmé depuis l’annonce de son test positif au coronavirus il y a une semaine, sur cette même chaîne conservatrice, qui a promis une « évaluation médicale » par un docteur-chroniqueur.
La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a de son côté proposé vendredi de créer une commission pour évaluer la capacité des présidents américains à gouverner. « Il ne s’agit pas du président Trump. Il sera soumis au jugement des électeurs », a-t-elle pris soin de préciser. « Mais il nous a montré qu’il était nécessaire de créer un processus pour les futurs présidents. »
Cette initiative, dans un climat de divisions extrêmes, vise à maintenir l’attention sur la maladie contractée par Donald Trump, et plus largement sur la pandémie qu’il a largement minimisée et qui a fait plus de 212.000 morts aux Etats-Unis, de loin le pays le plus endeuillé au monde.
Joe Biden, qui compte désormais près de dix points d’avance dans les sondages nationaux et a également conforté son avantage dans les intentions de vote au niveau des Etats décisifs pour l’élection, continue sa campagne à son rythme. Il s’est rendu vendredi dans le Nevada.
Il martèle quasiment un seul message: Donald Trump a échoué sur toute la ligne dans la gestion de la pandémie.
A droite, certains ténors s’alarment eux désormais ouvertement de l’évolution de la campagne.
« Si le jour de l’élection, les gens sont en colère », « nous pourrions perdre la Maison Blanche, et les deux chambres du Congrès », « cela pourrait être un bain de sang à l’échelle de celui du Watergate », a prévenu le sénateur républicain Ted Cruz.