Le massacre des Herero et des Nama par les Allemands en 1904, premier génocide du XXe siècle
Le massacre à partir de 1904 de dizaines de milliers de Herero et de Nama, dont l’Allemagne va restituer mercredi des ossements à la Namibie, est considéré par des historiens comme le premier génocide du XXe siècle.
Révolte contre les colons allemands
Le 12 janvier 1904, les Herero, privés de leurs terres et de leur bétail dans le territoire semi-désertique du Sud-Ouest africain (actuelle Namibie), se révoltent contre la puissance coloniale allemande (1884-1915), emmenés par le chef Samuel Maharero. Ils massacrent 123 civils allemands.
La tribu plus petite des Nama se révolte également l’année suivante.
Génocide
La répression est féroce. Après la sanglante bataille de Waterberg, en août 1904, quelque 80.000 Herero fuient avec femmes et enfants pour gagner le Botswana voisin. Les troupes allemandes les poursuivent à travers les étendues désertiques de l’actuel Kalahari, où seuls 15.000 survivent. En octobre 1904, le commandant militaire de la colonie, le général Lothar von Trotha, ordonne l’extermination des Herero, décrétant que « dans les frontières (coloniales) allemandes, tout Herero avec ou sans arme, avec ou sans bétail, devait être abattu ».
Au total, quelque 60.000 Herero et environ 10.000 Nama meurent entre 1904 et 1908 dans ce que des historiens qualifient de premier génocide du XXe siècle, avec déjà un recours à des camps de concentration et à des expériences scientifiques sur des « spécimens » d’une race jugée inférieure.
Les Herero ne représentent plus que 7% de la population namibienne contre 40% au début du 20e siècle.
Ossements envoyés en Allemagne
Des ossements herero et nama, dont quelque 300 crânes, furent envoyés en Allemagne pour des expériences scientifiques censées prouver la supériorité des Blancs sur les Noirs.
En 1924, un musée allemand a vendu certains de ces ossements à un collectionneur américain, qui en a ensuite fait don au musée d’histoire naturelle de New York.
En 2008, l’ambassadeur de Namibie à Berlin a réclamé la restitution des crânes. « Il s’agit de retrouver notre dignité, de nous réapproprier notre histoire. Et il s’agit d’offrir à ces crânes une vraie sépulture », a-t-il déclaré.
En 2011, l’Allemagne a restitué à la Namibie 20 crânes de guerriers herero et nama, accueillis à Windhoek par une foule de plusieurs milliers de personnes.
Excuses et réparations attendues
En août 2004, année du centenaire du massacre, l’Allemagne a demandé pardon et présenté ses excuses pour les « atrocités » qui « seraient appelées aujourd’hui génocide » selon les termes de la ministre allemande du Développement, Heidemarie Wieczorek-Zeul, lors d’une commémoration.
L’Allemagne et la Namibie ont entamé en 2016 des négociations censées aboutir à une déclaration commune sur ces crimes. Dans ce cadre, Berlin prévoit des excuses officielles, qui tardent à se concrétiser car les négociations ne sont pas finies.
Berlin considère ne pas devoir payer de dédommagements aux descendants des victimes, arguant de l’aide « généreuse » au développement versée à la Namibie depuis son indépendance de l’Afrique du Sud en 1990.
Des représentants d’Herero et de Nama estiment que la restitution d’ossements mercredi est une occasion pour que l’Allemagne présente enfin des excuses officielles.
Faute d’être associés aux négociations entre les deux pays, les deux tribus ont déposé une plainte pour génocide contre l’Allemagne devant un tribunal de New York, afin de réclamer réparation. Berlin a tenté fin juillet de faire annuler cette procédure, une requête sur laquelle la juge n’a pas encore statué.
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