Carles Puigdemont. © AFP

Le groupe de Puigdemont veut changer la loi pour l’investir à distance

Le Vif

Le groupe parlementaire de l’ex-président indépendantiste catalan Carles Puigdemont a enregistré vendredi une proposition de réforme de loi régionale visant à permettre qu’il puisse être investi à la tête de la région à distance et gouverner depuis la Belgique.

L’élection à la tête du gouvernement régional de M. Puigdemont – volontairement exilé en Belgique depuis trois mois – est d’autant plus problématique qu’il serait arrêté et vraisemblablement placé en détention pour « rébellion » et « sédition » s’il rentrait, et ne peut se rendre au parlement pour le débat d’investiture.

Mais la porte-parole du groupe Ensemble pour la Catalogne (centre-droit, indépendantiste), Elsa Artadi, a signé la proposition de loi afin de tenter de contourner l’obstacle.

La proposition de loi consultée par l’AFP prévoit que le parlement catalan puisse « autoriser, à la majorité absolue, la tenue d’un débat d’investiture sans la présence et sans l’intervention du candidat ou de la candidate ».

Dans ce cas, « la présentation du programme et la sollicitude de la confiance de la chambre pourraient se faire par écrit ou par n’importe quel autre moyen prévu dans le règlement ».

Il s’agirait aussi de permettre un gouvernement « à distance », notamment par des moyens électroniques (courriels, audioconférences, vidéoconférences).

Cependant les indépendantistes catalans sont divisés sur la stratégie à suivre, du fait du risque de blocage des institutions catalanes, actuellement placées sous la tutelle de Madrid.

Une investiture de M. Puigdemont en son absence serait vraisemblablement suspendue par la justice.

Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a également prévenu qu’il maintiendrait dans ce cas la tutelle sur la région.

La proposition d’Ensemble pour la Catalogne n’a apparemment pas le soutien de l’autre grande formation indépendantiste, Gauche républicaine de Catalogne (ERC) d’Oriol Junqueras, ancien vice-président de la région emprisonné depuis trois mois.

M. Junqueras avait proposé début février d’attribuer à M. Puigdemont une présidence « symbolique » tandis qu’une présidence exécutive serait occupée par quelqu’un d’autre.

Une source au sein d’ERC a indiqué vendredi que le parti continuait à négocier « un accord global » qui permettrait « la reconnaissance du gouvernement en exil à Bruxelles » et « une investiture opérationnelle et effective en Catalogne ».

M. Puigdemont avait été destitué le 27 octobre quand le gouvernement central avait pris le contrôle de la région, après la proclamation d’une « République catalane » à Barcelone.

Les partis séparatistes ont depuis remporté, fin décembre, les élections régionales convoquées par Madrid.

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