Le déconfinement et le spectre d’une nouvelle vague de contaminations
Alors que plusieurs pays d’Europe assouplissent peu à peu les règles du confinement, certains États enregistrent déjà des signaux inquiétants : le nombre de cas repart à la hausse, de potentiels nouveaux foyers sont détectés. La deuxième vague de contaminations serait-elle déjà à nos portes ?
Quelques jours seulement après avoir annoncé un retour progressif à la normale, l’Allemagne tire la sonnette d’alarme. Ce dimanche, l’institut national chargé de surveiller l’évolution de la pandémie dans le pays a constaté une hausse du taux d’infection. Le niveau de « reproduction » du virus, c’est-à-dire la moyenne de personnes qu’un individu malade va à son tour contaminer, serait en effet repassé au-dessus du seuil critique de 1. Pour rappel, un taux supérieur à 1 suggère une augmentation du nombre de cas à venir.
La situation est particulièrement inquiétante dans trois cantons allemands, où le nombre de nouvelles contaminations a déjà dépassé la limite imposée dans le cadre du plan de déconfinement, c’est-à-dire 50 nouveaux cas pour 100 000 habitants. De nouveaux foyers potentiels de contamination ont également été signalés dans plusieurs maisons de retraite et ateliers de transformation industrielle de viande.
La France entame son déconfinement progressif ce lundi 11 mai, après 55 jours de lockdown et de restrictions. Pourtant, l’épidémie est loin d’être endiguée. Trois foyers épidémiques ont récemment été détectés dans l’ouest, dont l’un après une réunion de préparation de la rentrée. Une preuve que le coronavirus est toujours actif, et que la crainte d’une deuxième vague est bien réelle.
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Le taux d’infection en Allemagne remonte à toute vitesse : R0 à 1,1. pic.twitter.com/DtVlIZyPel
— Laurent Desbonnets (@ldesbonnets) May 9, 2020
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La crainte d’un nouveau départ en Asie
En Asie aussi, la situation est loin d’être stable. La Corée du Sud, pourtant considérée comme un modèle dans la lutte contre le virus, a recensé ce lundi 35 nouvelles contaminations, soit le plus grand nombre de cas de coronavirus enregistrés depuis plus d’un mois. Et pour cause : un foyer de contamination a été signalé dans un quartier festif de la capitale. Redoutant une seconde vague de contaminations, les autorités de Séoul ont pris la décision de durcir leurs règles de déconfinement en imposant la fermeture des clubs et des bars. Ce nouveau foyer « fait prendre conscience que ce genre de situation peut se présenter n’importe quand« , a souligné le président sud-coréen Moon Jae-in.
Le coronavirus semble aussi faire son retour à Wuhan, berceau de la pandémie. Les autorités ont annoncé dimanche que cinq nouveaux cas avaient été détectés dans un quartier de la ville. Au total, la Chine a signalé 17 nouveaux cas de coronavirus sur son territoire, dont 10 sont des infections d’origine locale. La ville de Shulan a même été placée en quarantaine après la découverte de 11 cas ce week-end, d’après les données recueillies par la télévision publique CCTV.
Un frein d’urgence, au cas où ?
La situation le prouve : ce n’est pas le moment de relâcher sa vigilance. Face à cette reprise inquiétante du virus dans certaines régions, les autorités nationales envisagent déjà des plans B, ou des retours en arrière.
Face au risque d’une deuxième vague, la chancelière allemande Angela Merkel a notamment lancé un mécanisme de « frein d’urgence », qui prévoit de nouvelles restrictions, voire un reconfinement au niveau local si l’augmentation du nombre de cas d’infections était récurrente. Cela se ferait par canton, par ville, voire même par établissement. Le seuil de déclenchement de ce reconfinement a été fixé à 50 infections en moyenne pour 100 000 habitants sur une période de sept jours par zone.
Alors que la France se remet tout doucement en mouvement ce lundi, le ministre de la Santé, Olivier Véran, n’exclut pas un potentiel retour en arrière si la situation venait à empirer. « Un reconfinement peut arriver si le virus continue sa course folle« , a-t-il déclaré sur BFMTV. À l’hôpital d’Annecy, l’un des premiers à accueillir des patients atteints de la maladie, le personnel soignant se prépare déjà à une nouvelle phase de l’épidémie. « Il a fallu prendre en charge la première vague de malades et maintenant on nous demande de penser à la deuxième vague qui pourrait arriver« , raconte Renaud Chouquer, médecin adjoint au pôle de soins critiques, à France Inter. « On a fait beaucoup d’efforts de réorganisation en urgence et maintenant, il faut penser la future organisation avec un tout petit peu plus de temps, mais c’est quand même en urgence. «
Et en Belgique alors ? Le Groupe d’experts en charge du déconfinement réfléchit lui aussi à un plan de reconfinement d’urgence, confiait sa présidente Erika Vlieghe dans les colonnes du soir, début mai. Des mesures plus drastiques pourraient même être envisagées, annonce Yves Van Laethem, infectiologue au CHU Saint-Pierre et porte-parole interfédéral de la lutte contre le Covid-19. « Si les choses redémarrent fort, un confinement et des mesures bien plus drastiques à la chinoise sont possibles« , prévient-il dans les journaux du groupe Sudpresse. Et d’ajouter : « Je pense que, si les gens voient à nouveau une hausse de décès et les hôpitaux qui se remplissent, ils respecteront les nouvelles mesures.«
À l’heure où les magasins reprennent du service dans notre plat pays, et au vu de ces nouvelles données, la question se pose : serons-nous capables d’éviter une nouvelle vague d’infections ?
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