La pandémie de Covid a provoqué une année de crise des droits humains
La pandémie de Covid-19 a sérieusement mis à mal le respect des droits humains à travers le monde, a indiqué Human Rights Watch (HRW) dans un nouveau rapport publié jeudi. L’organisation internationale appelle à la démocratisation de l’accès aux vaccins, sans quoi les gouvernements seront responsables de « l’amplification des inégalités et l’érosion des droits humains pour les années à venir ».
Si la pandémie du nouveau coronavirus « justifiait certaines restrictions des droits (humains), de nombreux gouvernements ont ignoré les conseils de santé publique et se sont servis de l’épidémie pour s’emparer du pouvoir et faire reculer le respect des droits », constate HRW dans son rapport.
L’organisation souligne que des gouvernements ont mis en place « des politiques discriminatoires avec une violence excessive, voire parfois fatale », que ce soit à l’encontre de manifestants ou journalistes. Des personnes ont été détenues dans des conditions incompatibles avec la lutte contre la propagation du virus et les libérations effectuées pour désengorger les prisons ont souvent exclu les militants et ceux arrêtés pour avoir critiqué la réponse des gouvernements à la pandémie.
L’épidémie a par ailleurs provoqué une recrudescence de la violence intrafamiliale à l’égard des femmes et jeunes filles, ainsi que la déscolarisation d’environ « 1,4 milliard d’élèves des écoles maternelles, primaires et secondaires dans 192 pays » à la suite de la fermeture des écoles. HRW craint que les enfants ainsi exclus de l’enseignement prennent trop de retard sur leurs camarades ou soient contraints de se marier ou d’entrer sur le marché du travail, ce qui réduirait leurs chances de retourner à l’école.
Les différentes mesures sanitaires ont eu un « énorme impact économique » et ont touché les travailleurs à faible revenu « de manière disproportionnée », affirme l’organisation, qui souligne l’importance de protéger les droits des travailleurs au risque de voir la pauvreté et les inégalités se creuser.
HRW tire aussi la sonnette d’alarme sur les technologies de surveillance électronique mises en place pour contenir le coronavirus et les « risques graves » qu’elles présentent pour la vie privée et les droits humains.
Pour finir, l’organisation internationale affirme que « le développement des vaccins a largement reflété les inégalités qui ont marqué le reste de la pandémie ». Elle regrette les « accords opaques » conclus par les gouvernements riches qui ont pré-réservé de nombreuses doses plutôt que « de coopérer pour garantir aux pays pauvres un accès abordable aux vaccins ». HRW avance que les échecs de la gestion de la crise sanitaire prolongeront les inégalités et les violations des droits humains dans de nombreux pays pour les années à venir.
HRW invoque le droit international relatif aux droits des humains pour appeler à des restrictions proportionnées et établies sur une base juridique. « Les gouvernements doivent inverser leurs politiques abusives et fournir un accès équitable aux vaccins, à la fois pour mettre fin à la pandémie et pour améliorer la capacité de chacun à jouir de ses droits humains », conclut Tirana Hassan, directrice exécutive adjointe et directrice des programmes de HRW.