L’ONU prise au milieu d’accusations d’espionnage portées par les Etats-Unis à l’encontre de la Russie
Au lendemain de l’annonce de l’expulsion de 12 diplomates de la mission russe à l’ONU, les Etats-Unis ont révélé mardi avoir demandé à l’Organisation le départ d’un « agent de renseignement russe travaillant aux Nations unies », sur fond de tensions extrêmes américano-russes liées à la guerre en Ukraine.
Cette double annonce a enveloppé le siège de l’ONU au bord de l’East River à Manhattan d’un fort parfum de Guerre froide, même si le lieu est régulièrement décrit par des diplomates comme « un nid d’espions ». « Le 28 février, les Etats-Unis ont lancé une procédure pour exiger le départ d’un agent de renseignement russe travaillant aux Nations unies qui a abusé de ses privilèges de résidence aux Etats-Unis », a annoncé à l’AFP une porte-parole de la mission diplomatique américaine auprès de l’Organisation.
Interrogée pour savoir s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme, la mission américaine s’est refusée à tout commentaire, rappelant que la politique traditionnelle des Etats-Unis dans ce genre d’affaire était de ne pas révéler les noms des individus concernés. Impossible aussi de savoir si l’affaire est liée ou non à la guerre livrée par la Russie en Ukraine.
Même chape de plomb du côté du porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, qui s’est juste limité à confirmer la demande américaine lors de son point-presse quotidien. Lui aussi a refusé de donner tout détail sur la fonction de cet employé, et s’il ou elle travaillait auprès du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, au 38e étage du bâtiment de verre qui abrite ses bureaux. Stéphane Dujarric a indiqué que la personne concernée travaillait au sein « du secrétariat » de l’ONU et qu’en raison des droits liés à sa vie privée et de la nature « sensible » du dossier, il ne ferait pas davantage de commentaires.
– « Mauvaise nouvelle » –
Lundi, les Etats-Unis avaient confirmé avoir pris la décision d’expulser avant le 7 mars douze membres de la mission diplomatique russe auprès de l’ONU, accusés « d’espionnage », révélée par l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, de manière spectaculaire, en pleine conférence de presse après avoir pris un appel sur son téléphone portable. « C’est une démarche hostile contre notre pays », avait alors réagi l’ambassadeur russe aux Etats-Unis, Anatoli Antonov, dans un communiqué publié sur Facebook, ajoutant que cet acte de l’administration américaine suscitait une « déception profonde et un rejet absolu » à Moscou.
L’ambassadeur russe adjoint, Dmitry Polyanskiy, a précisé ensuite à l’AFP que la décision d’expulsion ne concernait ni Vassily Nebenzia, ni lui-même, ni l’ambassadrice russe adjointe pour les Affaires africaines, Anna Evstigneeva. « C’est une mauvaise nouvelle », avait réagi devant les médias Vassily Nebenzia.
Sans évoquer de lien avec le conflit en Ukraine, les Etats-Unis dans un communiqué ont expliqué que les douze employés de la mission russe avaient « abusé » de leur statut diplomatique aux Etats-Unis « en s’adonnant à des activités d’espionnage contraires à notre sécurité nationale ». Washington avait précisé que cette mesure était en préparation « depuis plusieurs mois », semblant vouloir la distinguer de la riposte américaine à l’invasion russe de l’Ukraine.
Pour la mission diplomatique russe, en procédant ainsi, les Etats-Unis sont en rupture de leurs engagements comme pays hôte des Nations unies, pour les règles applicables aux diplomates étrangers travaillant à l’ONU. Washington assure de son côté avoir respecté ces règles.
La mission russe à l’ONU compte une centaine de personnes, selon une source diplomatique russe. L’annonce de l’expulsion comme la décision de demander le départ d’un employé russe de l’ONU est survenue au dernier jour de la présidence russe du Conseil de sécurité de l’ONU, qui est tournante tous les mois. Mardi, les Emirats arabes unis ont pris cette présidence pour le mois de mars.
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