L’Europe propose à Joe Biden un nouveau partenariat transatlantique
L’Union européenne a invité mardi le nouveau président des Etats-Unis Joe Biden à tourner la page du passé et à accepter un nouveau partenariat transatlantique, « épine dorsale d’une nouvelle alliance mondiale ». Le tout « sans euphorie » toutefois, car « nos visions et nos intérêts respectifs ne convergeront pas toujours ».
« Santé, climat, numérique, réforme du système multilatéral fondé sur des règles: ce sont là quelques-uns des domaines clés dans lesquels je pense que l’Europe peut prendre l’initiative et proposer un nouveau programme positif avec les États-Unis », a plaidé la présidente de la Commission européenne, l’Allemande Ursula von der Leyen.
« Nous savons que nous ne pouvons pas revenir en arrière. Ni sur le commerce, ni sur le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) », a-t-elle soutenu dans un discours en vidéoconférence devant les ambassadeurs des pays membres à Bruxelles.
« Le monde a changé »
« Nous ne pouvons pas revenir exactement au même programme qu’il y a cinq ans. Nous ne devons pas tomber dans ce piège. Nous avons besoin d’une nouvelle approche. Parce que le monde a changé, tout comme les États-Unis et l’Europe », a-t-elle expliqué.
« Certains changements dans les priorités et les perceptions vont bien au-delà d’un seul politicien ou d’une seule administration. Et ils ne disparaîtront pas à cause d’une seule élection », a encore souligné Ursula von der Leyen.
Les relations entre l’Union européenne et les Etats-Unis ont été marquées par des tensions et des affrontements durant le mandat du président Donald Trump, adversaire du multilatéralisme et hostile à l’UE, considérée comme une ennemie.
La présidente de l’exécutif bruxellois a proposé que le nouveau partenariat avec Washington couvre « tous les domaines, de la sécurité à la durabilité, de la réglementation technologique au commerce, de l’égalité des conditions économiques mondiales au renforcement des institutions mondiales ».
Mais la Commission européenne appelle Washington à permettre de taxer les grandes entreprises numériques « sorties de la crise plus rentables et avec une part de marché plus importante que jamais ». La plupart sont des groupes américains.
« Il est impossible que les géants commerciaux profitent énormément de notre marché unique, mais ne paient pas d’impôts là où ils le devraient. Cela nuit à l’acceptation de l’économie sociale de marché et nous ne le tolérerons plus », a-t-elle affirmé.
« Un socle de notre défense »
Mme von der Leyen plaide pour un accord international sur la taxation du commerce numérique pour « la mi-2021 ». A défaut, l’UE présentera sa propre proposition.
La Commission européenne réclame également des règles communes pour les plateformes en ligne qui ont acquis « une influence et un pouvoir économique énormes ». Elle veut réformer la législation sur les services numériques afin de permettre la suppression de « tous les contenus illégaux, tout en protégeant la liberté d’expression ».
Le président du Conseil, Charles Michel, a lui aussi appelé à « renouer » – mais également à « renouveler » – l’alliance transatlantique. Évoquant l’OTAN, il a souligné à quel point « notre relation avec les Etats-Unis est un socle de notre défense ». Mais « nous avons vécu pendant quelques dizaines d’années sous une ombrelle protectrice, peut-être trop confortable. Je crois que nous devons davantage assumer notre propre responsabilité, pour notre propre sécurité et pour la sécurité dans le monde », a-t-il souligné.
M. Michel s’attend à ce que la nouvelle administration américaine adopte « un style plus apaisé, ce qui sera une bonne chose ».
« Mais soyons vigilants: pas d’euphorie, restons lucides, les Etats-Unis changent, l’Europe change, nos visions et nos intérêts respectifs ne convergeront pas toujours de manière systématique. Mais nous serons toujours déterminés à trouver un terrain d’entente, en partenaires égaux ».