L’Afghanistan aux mains des talibans: au moins cinq morts à l’aéroport de Kaboul
Au moins cinq personnes sont décédées à l’aéroport de Kaboul alors que des milliers d’Afghans tentaient d’embarquer de force dans des avions quittant la capitale, ont rapporté plusieurs témoins à l’agence de presse Reuters.
« Les talibans ont gagné », a reconnu dimanche soir le président, qui se trouverait désormais au Tadjikistan, tandis que les insurgés célébraient une victoire militaire aussi rapide que totale en investissant le palais présidentiel à Kaboul.
Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le mollah Abdul Ghani Baradar, co-fondateur des talibans, a salué la victoire du mouvement islamiste. « A présent, c’est le moment d’évaluer et de prouver, à présent nous devons montrer que nous pouvons servir notre nation et assurer la sécurité et le confort dans la vie », a-t-il dit.
L’entrée redoutée des combattants a provoqué un vent de panique dans la capitale, où des milliers d’habitants s’efforçaient de fuir, s’agglutinant notamment à l’aéroport où des scènes de chaos ont été rapportées.
#Afghanistan
The Taliban say they are the true representatives of Afghanistan… But these are scenes in the streets of Kabul.
Many headed to airport to leave the country, many others trying to get visas for other countries.#Kabul #TrafficJam#Afghanistan #Taliban pic.twitter.com/6kUMFnDAbk— Geeta Mohan گیتا موہن गीता मोहन (@Geeta_Mohan) August 15, 2021
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Le drapeau américain a été retiré tôt lundi de l’ambassade des Etats-Unis à Kaboul et « mis en sécurité avec le personnel de l’ambassade » regroupé à l’aéroport dans l’attente d’une évacuation, ont annoncé depuis Washington le département d’Etat et le Pentagone.
« Nous pouvons confirmer que l’évacuation en toute sécurité de tout le personnel de l’ambassade est maintenant terminée », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du département d’Etat Ned Price. Le périmètre de l’aéroport est « sécurisé par l’armée américaine », a-t-il ajouté.
« Au cours des prochaines 48 heures, nous aurons étendu notre présence de sécurité à près de 6.000 militaires avec une mission centrée uniquement sur la facilitation de ces efforts et qui prendra en charge le contrôle aérien », précise-t-il.
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« Lundi et au cours des prochains jours, nous allons transférer hors du pays des milliers de citoyens américains qui résidaient en Afghanistan, ainsi que des employés locaux de la mission américaine à Kaboul et leurs familles, ainsi que d’autres Afghans particulièrement vulnérables », selon le texte.
De nombreux autres diplomates et ressortissants étrangers ont également été évacués à la hâte de Kaboul dimanche. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir lundi à 14H00 GMT pour débattre de la situation en Afghanistan.
La débâcle est totale pour les forces de sécurité afghanes, pourtant financées pendant 20 ans à coups de centaines de milliards de dollars par les États-Unis. En dix jours, le mouvement islamiste radical, qui avait déclenché une offensive en mai à la faveur du début du retrait des troupes étrangères, notamment américaines, a pris le contrôle de quasiment tout l’Afghanistan.
Et ce vingt ans après en avoir été chassé par une coalition menée par les États-Unis en raison de son refus de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.
Chaos à l’aéroport: au moins 5 morts
Au fil de la journée de dimanche, la panique s’était rapidement emparée de Kaboul à mesure que les insurgés, qui encerclaient déjà la ville, s’en rapprochaient puis y pénétraient. Les magasins ont fermé, des embouteillages monstres sont apparus, des policiers ont été vus troquant leur uniforme pour des vêtements civils.
Une énorme cohue s’est formée auprès de la plupart des banques, les gens cherchant à retirer leur argent tant qu’il était encore temps.
This is, perhaps, one of the saddest images I’ve seen from #Afghanistan. A people who are desperate and abandoned. No aid agencies, no UN, no government. Nothing. pic.twitter.com/LCeDEOR3lR
— Nicola Careem (@NicolaCareem) August 16, 2021
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Sur les réseaux sociaux, des vidéos montraient des groupes de combattants talibans lourdement armés patrouillant dans les grandes villes, brandissant des drapeaux blancs et saluant la population.
D’autres scènes apparemment tournées à l’aéroport faisaient état de scènes de cohue avec des foules énormes envahissant le tarmac dans l’espoir de monter à tout prix à bord d’un avion pour fuir le pays.
Au moins cinq personnes sont décédées à l’aéroport de Kaboul alors que des milliers d’Afghans tentaient d’embarquer de force dans des avions quittant la capitale, ont rapporté plusieurs témoins à l’agence de presse Reuters.
Un témoin oculaire a indiqué avoir vu les corps de cinq personnes être chargées dans un véhicule. Le journal américain Wall Street Journal a reçu des informations selon lesquelles trois personnes ont été abattues. Des milliers d’Afghans ont pris la direction de l’aéroport lundi. Ils tentent de fuir leur pays après la prise de pouvoir par les talibans. Les images montrent également de nombreuses personnes essayant de monter dans un avion. Les soldats américains ont tiré en l’air pour maintenir la foule à distance. Tous les vols commerciaux depuis l’aéroport de Kaboul ont été annulés en raison du chaos.
La peur régnait aussi parmi les dizaines de milliers de personnes réfugiées à Kaboul ces dernières semaines pour fuir les violences dans leur région.
Afghanistan: des centaines de personnes se pressent sur le tarmac de l’aéroport de Kaboul pic.twitter.com/6AWVaQoS5W
— BFMTV (@BFMTV) August 16, 2021
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« Je crains qu’il n’y ait beaucoup de combats ici », a confié un médecin ayant requis l’anonymat, arrivé de Kunduz (nord) avec 35 membres de sa famille. « Je préférerais rentrer chez moi, où je sais que ça s’est arrêté ».
Lorsqu’ils dirigeaient ce pays, entre 1996 et 2001, les talibans avaient imposé leur version ultra-rigoriste de la loi islamique.
Ils ont maintes fois promis que s’ils revenaient au pouvoir, ils respecteraient les droits humains, en particulier ceux des femmes, en accord avec les « valeurs islamiques ».
Mais dans les zones nouvellement conquises, ils ont déjà été accusés de nombreuses atrocités : meurtres de civils, décapitations, enlèvements d’adolescentes pour les marier de force, entre autres.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, « particulièrement préoccupé par l’avenir des femmes et des filles, dont les droits durement acquis doivent être protégés », a appelé toutes les parties au conflit à « la plus grande retenue ».
Pas Saïgon
« Ceci n’est pas Saïgon », a assuré le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken sur CNN, évoquant la chute de la capitale vietnamienne, en 1975, un souvenir encore douloureux pour les États-Unis.
Mais la pilule est amère pour Washington dont l’image en ressort profondément écornée et qui déplore 2.500 personnes tuées, ainsi qu’une facture de plus de 2.000 milliards de dollars.
Le président américain Joe Biden a défendu sa décision de mettre fin à 20 ans de guerre, la plus longue qu’ait connue l’Amérique. « Je suis le quatrième président à gouverner avec une présence militaire américaine en Afghanistan (…) Je ne veux pas, et je ne vais pas, transmettre cette guerre à un cinquième », a-t-il lancé dimanche.
Son prédécesseur Donald Trump a fustigé « l’une des plus grandes défaites dans l’histoire américaine » et l’a appelé à démissionner.
Les forces américaines tirent en l’air à l’aéroport de Kaboul
Les forces américaines ont tiré en l’air lundi matin à l’aéroport de Kaboul, où des milliers d’Afghans ont envahi le tarmac, cherchant à fuir leur pays après la prise du pouvoir par les talibans, a rapporté un témoin.
« J’ai très peur. Ils tirent des coups de feu en l’air. J’ai vu une jeune fille être écrasée et tuée », a déclaré ce témoin à l’AFP.
Les militaires américains ont pris en charge le contrôle aérien à l’aéroport, alors que les Talibans sont entrés dans Kaboul.
Les vols commerciaux annulés
Les vols commerciaux sont annulés à l’aéroport de Kaboul, où des milliers d’Afghans cherchent à fuir leur pays dans un chaos total après la prise du pouvoir par les talibans, a annoncé lundi l’autorité aéroportuaire de la capitale.
« Il n’y aura pas de vols commerciaux au départ de l’aéroport Hamid Karzai, pour prévenir le pillage. S’il vous plaît, ne vous précipitez pas à l’aéroport », a-t-elle déclaré dans un message transmis à la presse.
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