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Joe Biden: l’heure du quitte ou double

Le Vif

Crédité d’une meilleure performance au dernier débat démocrate, Joe Biden conservait mercredi ses chances de remporter l’élection primaire en Caroline du Sud, un défi qu’il s’est lui-même fixé après un début de campagne décevant.

Il joue quasiment son va-tout samedi dans cet Etat du Sud qui a fait partie des 13 colonies fondatrices du pays à la fin du XVIIIe siècle. « Je vais remporter la Caroline du Sud », a martelé mardi soir l’ancien vice-président de Barack Obama, lors d’un débat particulièrement âpre opposant dans la ville historique de Charleston les sept principaux candidats. « Je vais gagner le vote afro-américain », a-t-il insisté.

Gageant sur sa popularité au sein de l’électorat noir, Joe Biden était jusqu’à récemment le favori incontesté de ce scrutin. Les Afro-Américains représentent en Caroline du Sud les deux tiers des votants démocrates. Mais c’était avant l’essor de Bernie Sanders qui, au plan national, a pris la tête de la compétition pour décrocher l’investiture du parti démocrate, grâce à ses bon résultats dans les premiers Etats ayant voté aux primaires: l’Iowa, le New Hampshire et surtout le Nevada où le sénateur socialiste a nettement distancé ses rivaux.

Bon débat mais bourdes

MM. Biden et Sanders, respectivement âgés de 77 et 78 ans, sont désormais au coude-à-coude en Caroline du Sud. Mais ce prochain terrain d’affrontement sera bien différent du New Hampshire, Etat jouxtant le Vermont dont est issu « Bernie », ou du Nevada où le sénateur promoteur d’une assurance santé universelle révolutionnaire a réussi une percée chez les Hispaniques. Joe Biden pourra compter sur l’aide de l’influent élu noir Jim Clyburn, qui mercredi matin lui a déclaré publiquement son soutien.

Le septuagénaire aux rares cheveux blancs plaqués sur le crâne est apparu combatif lors de ce dixième débat démocrate, marquant notamment des points par ses vibrants appels visant l’électorat noir et l’évocation de sa lutte pour financer le port de Charleston. Mais il peine à dissiper les doutes sur sa forme mentale, brouillant son message avec un léger bégaiement et en accumulant les bourdes. Sur le plateau télévisé de la joute oratoire organisée par CBS, il a ainsi affirmé que les armes à feu avaient fait « 150 millions » de morts depuis 2007 aux Etats-Unis, soit la moitié de la population du pays. M. Biden a aussi parlé des « camps de reconstruction » (plutôt que rééducation) des Ouïghours du Xinjiang, avant de se reprendre et dire camps « de concentration ». La veille, il avait commis d’autres impairs, confondant l’actuel président chinois Xi Jinping avec l’un de ses prédécesseurs décédé, Deng Xiaoping. Dans un autre discours, Joe Biden s’est présenté comme candidat « au Sénat américain ».

De son côté M. Sanders a été mis en difficulté à plusieurs reprises, notamment sur le financement de ses mesures de santé ou sur sa défense du programme d’alphabétisation castriste. Il est devenu la cible principale des attaques de ses concurrents. Conscient que la Caroline du Sud est pour lui un rendez-vous à ne pas rater s’il veut conserver sa dynamique actuelle, le sénateur du Vermont a rejoint mercredi M. Biden à un petit déjeuner organisé sous l’égide du révérend Al Sharpton, une personnalité respectée du mouvement de défense des droits des Noirs.

Sept Blancs parlent des Noirs

En embuscade derrière le tandem Biden-Sanders, les autres principaux candidats démocrates étaient également présents: le trentenaire Pete Buttigieg, les sénatrices Amy Klobuchar et Elizabeth Warren, l’homme d’affaires Tom Steyer. Tous blancs, ils ont chacun vanté leur politique en faveur des minorités.

Manquait le milliardaire Michael Bloomberg, 78 ans, dont les centaines de millions de dollars déversés dans sa campagne compensent plus ou moins ses mauvaises prestations lors des deux seuls débats auxquels il a pris part. L’ex-maire de New York a choisi de faire l’impasse sur les quatre premiers Etats des primaires pour se concentrer sur les millions d’électeurs du « Super Tuesday », le 3 mars, quand 14 Etats se prononceront pour choisir le champion démocrate qui affrontera Donald Trump en novembre. Ce dernier a dénigré mercredi dans des tweets moqueurs les participants au débat. « Donnez-moi juste un adversaire », a-t-il écrit, sous-entendant que personne n’était de taille à rivaliser avec lui.

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