« Il n’y a pas eu de vraies négociations » à Genève sur la Syrie
Le médiateur de l’ONU a regretté jeudi qu’il n’y ait pas eu de « vraies négociations » aux pourparlers de Genève sur la Syrie, accusant le gouvernement de Damas de ne pas avoir vraiment cherché à dialoguer.
« Nous n’avons pas eu de vraies négociations (…) Je n’ai pas vu le gouvernement chercher vraiment à avoir un dialogue, c’est regrettable », a dit Staffan de Mistura au cours d’une conférence de presse à l’issue du 8e cycle de discussions intersyriennes, parlant d' »occasion en or manquée ».
Depuis le début du processus de Genève en 2016, la délégation gouvernementale syrienne a toujours refusé de parler directement aux représentants de l’opposition syrienne, n’acceptant de discuter qu’avec le médiateur.
« Malgré beaucoup d’efforts de mon équipe, nous n’avons pas eu de vraies négociations. Nous avons eu cependant des discussions bilatérales », a précisé M. de Mistura. « Mais avec le gouvernement nous n’avons eu malheureusement qu’un seul sujet de discussion (…) le terrorisme », a-t-il dit.
Depuis le début de sa mission de médiateur en 2016, M. de Mistura a organisé huit cycles de discussions, sans résultat.
Interrogé sur les prochaines étapes, le médiateur a déclaré qu’il envisageait de convoquer une nouvelle session de pourparlers à Genève en janvier, après en avoir discuté avec le Conseil de Sécurité de l’ONU la semaine prochaine à New York.
« Si le gouvernement ne veut pas discuter (…) de la Constitution et des élections, alors je serai très inquiet », a-t-il dit, faisant allusion aux deux principales questions qui étaient à l’ordre du jour de ce 8e cycle, qui avait commencé le 28 novembre.
Avant l’intervention de M. de Mistura devant les médias, le chef de la délégation gouvernementale syrienne, Bachar al-Jaafari, avait déclaré que le médiateur s’était discrédité en appelant le président russe Vladimir Poutine à faire pression sur Damas.
Au cours d’une interview accordée mercredi soir à la télévision publique suisse RTS, le médiateur a demandé à M. Poutine d' »avoir le courage » de convaincre le gouvernement syrien d’accepter de nouvelles élections pour « gagner la paix ».
« Nous avons expliqué (au médiateur) que le fait d’insister sur ce genre de position (…) discréditait son rôle de médiateur dans les pourparlers, ce qui affecte les discussions de Genève dans leur ensemble », a souligné M. Jaafari.
La Russie, qui appuie militairement et diplomatiquement le gouvernement syrien, a organisé plusieurs négociations parallèles avec l’Iran, un autre allié de Damas, et la Turquie, un soutien des rebelles.
Le président Poutine souhaite maintenant réunir plusieurs centaines de Syriens de tous bords au début de l’année prochaine pour un « Congrès du dialogue national » syrien à Sotchi, sur les bords de la mer Noire. L’opposition représentée à Genève n’a pas encore décidé de sa participation.
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