Hommage à une Russie loin des clichés
Géographe et grand voyageur, Cédric Gras invite à un changement de perspective: pour les habitants de Vladivostok, la Sibérie n’est pas cette région lointaine et redoutée.
Géographe et grand voyageur, Cédric Gras débarque à 25 ans à Vladivostok, dans l’Extrême-Orient russe, pour y fonder l’antenne locale de l’Alliance française. Il fantasmait des horizons lointains, les neiges scintillantes et les vagues du Pacifique. Il débarque dans une ville coincée entre baies et criques, aux berges occupées par des usines, et percluse d’embouteillages de Toyota et de bus coréens. La taïga n’est pas toute proche et le grand large ne commence qu’au-delà de l’île de Popov. Pourtant, cette ville ultime, terminus du Transsibérien, il la fera sienne, jusqu’à la mélancolie.
C’est un véritable récit de l’intérieur que Cédric Gras livre dans Vladivostok (1), depuis la vie en appartement surchauffé l’hiver jusqu’au passage du permis de conduire, en passant par l’art de séduire à la russe, le foisonnement des festivals et concerts (mais aussi des sectes américaines), la paranoïa à l’égard du « péril jaune », les cinémas locaux… sans oublier la soûlographie, véritable sport national. Il invite à un changement de perspective: pour les habitants de Vladivostok, la Sibérie n’est pas cette région lointaine et redoutée, d’autant qu’elle les rapproche de Moscou, située à huit heures d’avion, où le soleil se lève sept heures plus tard, quand Séoul, en Corée du Sud, n’est qu’à une heure de vol.
« Ce que j’aime dans la Russie, c’est qu’elle m’a rendu à l’Europe. J’ai détesté ce continent pour fuir sur tous les autres. Je trouvais chez nous que l‘Europe n’avait plus de caractère, plus d’identité, plus de force. Or, tout cela est encore bien vivant à l’Est. » Depuis les confins de notre continent, observe Cédric Gras, Vladivostok nous envoie une bouffée d’air frais.
(1) Vladivostok, par Cédric Gras, Libretto, 212 p.
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