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Fusillade à Portland : la montée de la violence profitera-t-elle à Trump ?

Marie Gathon Journaliste Levif.be

La montée en puissance de la violence aux États-Unis ces dernières semaines fait craindre au camp démocrate une récupération de Trump qui entend faire régner « l’ordre et la loi », pendant que Joe Biden pose une question à ses électeurs : « Êtes-vous en sécurité dans l’Amérique de Donald Trump ? »

Samedi soir, une personne a été tuée par balle à Portland dans l’Oregon, dans le nord-ouest des États-Unis, dans des circonstances confuses pendant une soirée de heurts entre des manifestants antiracistes et des partisans de Donald Trump.

Portland est le lieu de manifestations quotidiennes contre les violences policières aux États-Unis depuis la mort de George Floyd en mai dernier. Ce mouvement a été ravivé quand Jacob Blake, un autre Afro-Américain, a été grièvement blessé par des tirs de la police à Kenosha dans le Wisconsin au début de la semaine.

À Portland samedi, plusieurs centaines de voitures conduites par des partisans du président américain, avec drapeaux des États-Unis et drapeaux pro-Trump, ont défilé sur la ville.

https://twitter.com/JackPosobiec/status/1299899331869396995Jack Posobiec 🇺🇸https://twitter.com/JackPosobiec

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Vers 18 heures, les premiers incidents ont eu lieu lorsque des contre-manifestants ont essayé de bloquer les véhicules trumpistes. Il y a eu des échanges de coups de poing, puis des lancers de projectiles lorsque les automobilistes sont allés parader autour du Justice Center, le coeur de la mobilisation Black Lives Matter.

https://twitter.com/SedoTossou/status/1300125577907585025Le Pianiste 🇧🇯https://twitter.com/SedoTossou

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La police locale a rapporté « des violences entre manifestants et contre-manifestants » et indiqué que des policiers étaient « intervenus » et avaient « procédé dans certains cas à des arrestations ».

Les tirs mortels ont eu lieu à 20H45 locales environ dans le centre-ville, a affirmé la police dans un communiqué, ajoutant qu’une enquête pour homicide était en cours. Des policiers « ont entendu des tirs venant du quartier (…) et ont trouvé sur place une victime touchée par balle à la poitrine », établit le communiqué.

On ignore dans quelles circonstances cet homme a été touché, et si sa mort était liée aux manifestations. Selon des photographies, l’homme décédé portait une casquette « Patriot Prayer », un groupe local d’extrême droite actif contre les manifestations antiracistes qui se déroulent à Portland depuis trois mois.

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En réaction, le président Trump a déclenché un torrent de tweets et d’attaques dimanche. La violence étant devenue un thème majeur de sa campagne.

https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1300171130326716418Donald J. Trumphttps://twitter.com/realDonaldTrump

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Dernière ligne droite vers la Maison-Blanche

La fusillade qui a eu lieu samedi s’est immédiatement répercutée sur une campagne présidentielle qui entre maintenant dans sa phase la plus intense, et a eu lieu dans la foulée d’une convention nationale républicaine au cours de laquelle le président avait cherché à recadrer la course de 2020 comme une élection « d’ordre public ».

Dimanche Joe Biden a publié une déclaration accusant Trump d' »encourager la violence de manière irresponsable », tout en condamnant lui-même « la violence sans équivoque ».

https://twitter.com/JoeBiden/status/1300164706007740416Joe Bidenhttps://twitter.com/JoeBiden

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« Je condamne toute forme de violence de la part de quiconque, que ce soit à gauche ou à droite », a déclaré M. Biden. « Et je mets Donald Trump au défi de faire de même ».

Joe Biden voudrait éviter que le thème de la violence ne prenne toute la place dans la campagne, analyse le New York Times. Les responsables de la campagne de Biden pensent effectivement qu’il s’agit s’une stratégie du camp de Trump pour faire oublier la gestion désastreuse de la pandémie de coronavirus et le ralentissement économique qui en découle et qui a mis des millions d’Américains au chômage.

De son côté, Ted Wheeler, le maire démocrate de Portland, a déclaré lors d’une conférence de presse que la fusillade lui avait laissé le coeur lourd et a dénoncé la violence. Il a aussi souligné que la communication de Trump était à l’origine de l’escalade de la violence dans le pays. Il a appelé le président à travailler avec lui et d’autres pour aider à désamorcer les tensions.

« Vous demandez-vous sérieusement, Monsieur le Président, pourquoi c’est la première fois depuis des décennies que l’Amérique connaît un tel niveau de violence ? C’est vous qui avez créé la haine et la division », a-t-il dit.

Trump a répondu rapidement aux remarques du maire, se moquant de lui et le traitant de « fou » et de « pantin ».

Une nouvelle bavure policière

La fusillade de Portland a clôturé une semaine de violences qui a commencé lorsqu’un policier blanc de Kenosha a tiré à plusieurs reprises sur un homme noir, Jacob Blake, le laissant paralysé à vie. La fusillade a provoqué une nouvelle vague de protestations contre le racisme et la brutalité policière, qui a notamment entraîné le report des matchs de sport professionnel.

Pendant trois nuits, les manifestations à Kenosha ont été émaillées de violences, qui ont fait deux morts et un blessé grave.

Un jeune de 17 ans, Kyle Rittenhouse, qui s’était joint à des groupes d’hommes en armes affichant leur volonté de « protéger » la ville, a été arrêté et inculpé pour ces meurtres. Il est soupçonné d’avoir ouvert le feu sur des manifestants avec un fusil d’assaut.

Une aubaine pour Trump ?

Pour l’instant, la campagne Biden tente de se concentrer sur ce qu’elle qualifie d’ironie, à savoir que Trump est l’actuel président, tout en essayant de rejeter sur son adversaire la responsabilité des scènes de violence qui ont eu lieu pendant son mandat.

Joe Biden a annoncé un meeting lundi à Pittsburgh, en Pennsylvanie, pour la première fois depuis longtemps en personne. Avec un discours en forme de question aux électeurs : « Êtes-vous en sécurité dans l’Amérique de Donald Trump ? »

Mais la violence et les troubles dans les rues sont un problème que Trump est impatient d’embrasser. Ces thématiques lui sont chères, éloignent les critiques relatives à sa mauvaise gestion de la crise sanitaire et peuvent l’aider à faire remonter sa cote dans les sondages d’opinion.

Sur « Meet the Press », Mark Meadows, le chef de cabinet de la Maison-Blanche, a décrit Trump comme étant « du côté des forces de l’ordre et de l’État de droit » et a parlé de la violence dans les « villes démocrates ». « L’Amérique de Donald Trump est en grande partie pacifique », a déclaré Meadows. « C’est d’une ville démocrate de Portland dont nous parlons ce matin qui, hier encore, a refusé l’aide du gouvernement fédéral. »

Au cours de certaines des manifestations nocturnes de Portland depuis le meurtre de Floyd, les manifestants ont brisé des vitres, allumé des feux et lancé des feux d’artifice sur les agents de la force publique qui ont lutté pour garder le contrôle. Ces derniers jours, des manifestations de droite ont également éclaté dans la ville, et Trump a souligné à plusieurs reprises les troubles de Portland comme preuve de la nécessité d’une réponse plus ferme aux protestations chaotiques dans de nombreuses villes américaines.

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