Extrême droite : Ces « identitaires » qui ont infiltré l’Europe
De plus en plus nombreux, même en Belgique, » Les identitaires » pourfendent le multiculturalisme et entendent peser dans les débats politiques européens. Plus que leur combat idéologique, c’est leur propension belliqueuse qui inquiète les services de renseignement.
Exit les croix gammées, la veste en cuir et la boule à zéro. Les anciens skinheads ont laissé place aux « identitaires » au look plus policé (pull à capuche, look de hipster) et au discours plus retors. Pour lisser leur image, ils vont même jusqu’à copier les codes des altermondialistes, selon L’Obs.
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Leur emblème de ralliement est la lettre grecque « lambda » dans un cercle, celle-là même qui ornait le bouclier des Spartiates et qui symbolise, selon eux, l’héroïsme des Grecs face à l’envahisseur perse. Ils ont aussi leur égérie, leur « Jeanne d’Arc », en la personne de Marion Maréchal Lepen. Elle est d’ailleurs connue pour ses affinités avec le groupe. Elle a aussi fait entrer certains d’entre eux au FN, comme Philippe Vardon.
« Depuis quelques années, nous avons cessé toute confrontation électorale avec le Front national. Nous n’avons pas persisté dans une concurrence sans issue. Nous avons taché de nous inscrire dans une complémentarité », affirme le mouvement sur son site internet.
Si la forme a changé, leurs revendications s’inspirent toujours des textes des figures de proue des mouvements d’extrême droite des années 70.
Tout a débuté en 2002, lorsque deux skinheads français, Fabrice Robert et Philippe Vardon, décident de lancer un mouvement d’extrême droite avec une nouvelle image pour tenter de dédiaboliser leur discours. Ils se présentent comme des « ethno-différentialistes » qui dénoncent « le grand remplacement » des Européens blancs par les immigrés. Le premier camp d’été a eu lieu l’année suivante, en 2003. Au programme : formation paramilitaire et idéologique. Les premiers étrangers ont participé au camp d’été en 2013. En 2016, ils étaient une cinquantaine à être présents. Un record.
Aujourd’hui, ils affirment avoir 3000 membres en France, 800 en Autriche, 700 en Allemagne, 100 en Italie… Et même quelques-uns en Belgique depuis que Dries Van Langenhove, un Belge étudiant en droit de 23 ans, de retour de l’université d’été à lancé la « Fédération flamande des identitaires » en septembre dernier.
« Les identitaires » affirment s’autofinancer avec les cotisations de leurs affiliés (qui varient en fonction du pays et de l’âge), les recettes de leurs bars, la vente de leurs vêtements et de généreux donateurs dont ils préfèrent taire le nom.
Un réseau européen
Leur objectif est de former un réseau d’influence capable de faire du lobbying auprès de la classe politique dans les différents pays européens. « Quand des hommes politiques du plus haut niveau reprennent nos idées, c’est qu’on a gagné », affirme Fabrice Robert à L’Obs, qui rappelle que cela avait été le cas de Nicolas Sarkozy en 2003, alors ministre de l’Intérieur. Il avait dénoncé le groupe de rap « Sniper » après une campagne de propagande. « Nous avons imposé nos méthodes, nos slogans, nos combats, dans le paysage médiatique », se vantent-ils sur leur site internet.
Grâce à la force de frappe des réseaux sociaux et à quelques vidéos de propagande bien huilée, ils ont réussi à bâtir un réseau souterrain dans toute l’Europe (France, Allemagne, Italie, Belgique, Autriche, mais aussi dans les pays de l’Est comme la Slovaquie, la République tchèque…).
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Une philosophie belliqueuse
Le mouvement ne se contente pas de faire de la propagande, il adopte également une certaine idéologie belliqueuse. Dans leur manifeste intitulé « Déclaration de guerre », ils affirment : « nous ne reculerons pas, nous ne renoncerons pas ».
La perspective d’une radicalisation violente n’est pas loin, selon les services de renseignement. Le groupe a d’ailleurs été mis sous surveillance en Allemagne. En France, on s’attend à ce que le mouvement bascule dans la confrontation. À l’image de Breivik, « Les identitaires » se voient « comme la génération de la dernière chance », prévient Bernhard Weidinger, chercheur autrichien au Centre de Documentation d’Archives sur la Résistance.
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