Euro 2020: Angleterre-Ecosse, l’autre match du Brexit
Ce vendredi à 21h, les Ecossais espèrent une victoire pour rester dans l’Euro… et dans l’Europe. En 2016, quatre jours après le référendum sur la sortie de l’Union, l’Angleterre prenait la porte de l’Euro, battue par l’Islande.
La symbolique du rendez-vous n’aura échappé à personne. Ce vendredi à 21h, l’Angleterre affronte l’Ecosse dans un match qui sent bon la rivalité sportive, mais aussi politique. Le Brexit confère à ce match entre les deux premières nations du football – ce sont les deux premières équipes nationales de l’histoire – une dimension extra-sportive évidente.
— England (@England) June 18, 2021
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En votant par référendum en 2016 pour la sortie de l’Union européenne – une décision concrétisée fin 2020, à l’issue d’un bras de fer de longue durée -, l’Angleterre de Boris Johnson a cabré l’Ecosse de Nicola Stugeon, qui souhaitait rester dans l’Union et a voté majoritairement pour le « Remain ». Après un premier référendum sur l’indépendance en septembre 2016, où le « non » l’avait emporté, les Ecossais se verraient bien tenter une nouvelle fois de prendre leur destin en main, pour retrouver lechelin de Bruxelles.
Certains observateurs de la dimension géopolitique du football s’amusent du fait qu’une victoire de l’Ecosse pourrait induire un mouvement redoublé vers l’indépendance. En nourrissant l’imaginaire identitaire d’une nation blessée. Sportivement, faut-il le dire, l’Angleterre part favorite et se qualifierait pour les huitièmes de finale en cas de deuxième victoire, après celle contre la Croatie.
Allez @andrewrobertso5 un but pour l’indépendance ? https://t.co/QmBDhLDJr1
— Kévin Veyssière (@KeV_Veyss) June 18, 2021
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Pour nourrir son clin d’oeil à l’histoire, dans son livre Football Club Geopolitics, Kévin Veyssière rappele en guise de prémbule ce qu’écrivait l’auteur anglais Mark Perryman en évoquant une confrontation Angleterre-Ecosse ultérieure, lors de l’Euro 2016: Mes amis de la Tartan Army (surnom des supporters écossais) sont catégoriques sur le fait que si Gary McAllister avait marqué ce pénalty, l’Ecosse aurait gagné et tout le pays aurait exigé tout de suite un vote pour l’indépendance. » Ce n’était qu’un image, certes, mais elle a pris de l’envergure depuis, donnant d’autres couleurs à cette rivalité historique.
« Bien que les deux équipes se soient rencontrées depuis, le match du 18 juin 2021, dans l’enceinte de Wembley à Londres, constituera le premier duel entre l’Angleterre et l’Ecosse dans une compétition de football d’envergure depuis 2016, souligne Kévin Veyssière. Un duel qui a tout pour être la prochaine ‘bataille d’Angleterre’. L’issue du match pourrait-elle influencer la question de l’indépendance de l’Ecosse? le sujet est en tout cas brûlant. »
Ce match Angleterre-Ecosse rappelle une autre confrontation symbolique, reflet d’un « double Brexit » pour les Anglais. Le 23 juin 2016, en plein Euro de football, les Anglais votaient majoritairement pour le Brexit. Quatre jours plus tard, l’Islande, révélation sympathique du tournoi, éliminait son équipe nationale de l’Euro. Une double sortie européenne, en somme. Cette fois, les Ecossais espèrent eux aussi une victoire pour rester dans l’Euro… et dans l’Europe.
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