Etats-Unis: une équipe Biden aux antipodes des choix de Trump (infographie)
Malgré la résistance de Donald Trump à reconnaitre sa défaite, Joe Biden a commencé à dévoiler ses premiers choix pour le futur gouvernement américain. Un aperçu plus précis de la façon dont il compte gouverner, avec une rupture affichée avec son prédécesseur.
Joe Biden a déjà nommé plusieurs proches conseillers à la Maison Blanche, mais le casting de son gouvernement, supposé « représenter l’Amérique », diversifié et féminisé, était fort attendu. Si on ne connait pas encore l’équipe entière, les premiers noms dévoilés en disent déjà long sur le style et l’impulsion que le démocrate compte donner à son mandat.
Et la volonté affichée est claire : dans la continuité de ses promesses de campagne, mais surtout en rupture totale avec les idéologies véhiculées par Donald Trump.
Des « premières » historiques
Kamala Harris sera la première vice-présidente des Etats-Unis. Janet Yellen sera la première femme au Trésor. Alejandro Mayorkas sera le premier latino et immigrant à la tête de la Sécurité intérieure. Avril Haines sera la première femme à diriger le Renseignement. Comme promis lors de la campagne, Joe Biden compte être le président de tous les Américains, dans toute la diversité que représentent les Etats-Unis.
Un processus plus large, qui devrait marquer sa politique, et qui était déjà présent dans son équipe de transition. Près de la moitié de celle-ci est composée de personnes de couleur et il y a plus de femmes que d’hommes, selon CNN. Rompant avec l’équipe très conservatrice et « vieille Amérique » de Trump, Biden n’hésite pas à innover, même dans des fonctions de premiers plans.
Le climat au premier plan
Le fait de nommer l’ancien secrétaire d’État John Kerry comme « Monsieur Climat » constitue une rupture avec le reniement de Trump, qui a qualifié le réchauffement climatique de canular et a retiré les États-Unis de l’accord de Paris. Joe Biden a promis de revenir dès le premier jour de son mandat, le 20 janvier 2021, dans l’accord climatique.
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Un choix d’autant plus symbolique que c’est John Kerry lui-même qui signa, au nom des Etats-Unis, l’accord sur le climat négocié en décembre 2015, comme chef de la diplomatie de Barack Obama. L’un des accords, avec celui sur le nucléaire iranien, qu’il avait personnellement négociés et qu’a ensuite déchirés Donald Trump.
Réenchanter le multilatéralisme
Avec cette nomination, Biden mise sur un diplomate rompu au multilatéralisme et connu de multiples dirigeants mondiaux. La feuille de route de John Kerry sera de retrouver la confiance des partenaires des Etats-Unis et de prouver que la structure de l’accord de Paris, fragilisée par Donald Trump, était bien la bonne. John Kerry est également un habitué des missions diplomatiques périlleuses: outre le climat et l’Iran, il avait négocié avec la Russie un accord sur les armes chimiques en Syrie.
Le choix d’Antony Blinken comme futur secrétaire d’Etat est également un message aux antipodes de l’unilatéralisme trumpiste. Il aura en effet fort à faire pour recoller auprès des alliés traditionnels des Etats-Unis les morceaux éparpillés sous Donald Trump. Il pourrait bien encourager les États-Unis à revenir à une stratégie de politique étrangère qui donne la priorité aux alliances, un changement radical comparé à son prédécesseur Mike Pompeo. Sa vaste expérience en relations internationales est perçue comme bénéfique pour rassurer les diplomates américains et les dirigeants du monde après quatre années de stratégies américaines tumultueuses .
Alors que Trump a un temps envisagé de nommer une ancienne présentatrice de Fox News qui a passé quelques années en tant que porte-parole du Département d’État, pour être son ambassadrice auprès des Nations unies, Biden a choisi Linda Thomas-Greenfield, une diplomate chevronnée et respectée.
L’expertise avant le copinage
Le simple fait d’engager des personnes qualifiées pour leur poste est en soi un rejet du modèle Trump, qui a installé des donateurs, des idéologues de droite et des alliés inexpérimentés à des postes de pouvoir, dans certains cas dans le but exprès de saper les institutions qu’ils étaient censés diriger.
Les candidats de Biden à la tête du département d’État, Antony Blinken, et du département de la sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, ne sont pas des noms très connus, mais ils ont tous deux une grande expérience des agences qu’ils auront pour mission de diriger. Il semble donc que le démocrate préfère s’entourer de personnes qui sont des experts dans leur domaine plutôt que des grands noms de la politique démocrate.
Mais ce n’est pas étonnant : vu la fragilité des mandats locaux, les démocrates n’ont guère envie de risquer de les perdre, même dans les États ou les districts fondamentalement acquis à leur cause. Les élections spéciales qui ont suivi le départ de certains législateurs républicains pour l’administration Trump se sont transformées en de coûteuses guerres par procuration politique qui ont enflammé les passions partisanes. Un scénario que Biden tient à éviter pour son propre camp.
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