En images: l’improbable cathédrale de l’armée russe
Septante-cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, une étrange cathédrale, rendant à la fois hommage aux soldats morts pour la patrie et au culte orthodoxe, est sortie de terre non loin de Moscou. Un emblème du rapprochement entre armée et religion, sous l’égide de Vladimir Poutine.
Pour célébrer le 75e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, les forces armées russes se sont vu offrir une cathédrale aux caractéristiques singulières, mêlant histoire, guerres et religion. Ce projet hors norme, situé à Kubinka – à une heure de voiture de Moscou – surprend par son architecture monumentale, d’un futurisme désuet. Au coeur du Park Patriot, propriété du ministère de la Défense, l’immense bâtiment kaki est un lieu de mémoire. L’intérieur est principalement composé de mosaïques mettant en valeur les grandes campagnes qui font la fierté de l’armée, tandis que les fresques et icônes orthodoxes viennent rappeler le caractère sacré de l’édifice.
Aux abords de l’enceinte religieuse, des champs de bataille, destinés à sensibiliser la génération actuelle aux conditions extrêmes des combats, ont été reconstitués. Ainsi, on y retrouve des tranchées, des tanks et des avions subtilisés à l’ennemi ; autant d’attractions appréciées des jeunes visiteurs. Pour beaucoup de familles, un passage au sein du site mémoriel est aussi l’occasion de rendre hommage à un proche disparu lors de la Seconde Guerre mondiale. Appelée ici la « Grande Guerre patriotique », elle a marqué l’ex-URSS en profondeur, coûtant la vie à plus de vingt millions de soviétiques entre 1941 à 1945.
Cette cathédrale est avant tout l’exemple le plus manifeste du rapprochement entre l’armée et la religion orthodoxe, qui s’est opéré sous l’égide de Vladimir Poutine. Début 2020, des voix se sont élevées lorsqu’il fut question d’ériger une mosaïque en l’honneur de Staline. Il faut rappeler que sous son règne, l’athéisme d’Etat dominait, et que les membres de l’Eglise étaient persécutés. Pour d’autres détracteurs, ce lieu religieux, soutenu par un Etat supposé laïque, ressemble plus à un sanctuaire en l’honneur de la guerre.
Par Lambert Coleman (Studio Hans Lucas)
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