Bart Heynen a démarré son projet en 2016. Quatre ans plus tard, il avait photographié soixante familles dont celle de Johnny, à Totowa, dans le New Jersey.

De Brooklyn au Nebraska, portrait de la paternité gay aux Etats-Unis (en images)

Michel Verlinden Journaliste

Avec Dads, le photographe belge Bart Heynen explore l’intimité de la paternité gay aux Etats-Unis. Un portrait touchant réalisé au fil de familles hétéroclites, de Brooklyn au Nebraska.

Depuis 2015, le mariage gay est reconnu juridiquement aux Etats-Unis. C’est un arrêt entériné par la Cour suprême, dans le cadre de l’affaire Obergefell versus Hodges, qui a eu pour conséquence de rendre légale l’union homosexuelle dans l’ensemble du pays, en ce compris les Etats et territoires américains qui ne l’avaient pas encore autorisée. Cette décision de justice a eu un impact direct sur la vie de nombreux couples homos. Pour preuve, un véritable baby boom s’en est suivi, que ce soit au travers de procédures d’adoption ou par le recours aux mères porteuses et aux donneuses d’ovocytes. Le tout pour un avènement de structures familiales inédites, rappelant avec force la sagesse des mots de l’acteur Harvey Fierstein: « L’ amour, l’ engagement et la famille ne sont pas des expériences hétérosexuelles, ni des mots hétérosexuels, ce sont des mots humains et ils appartiennent à tout le monde. »

Photographe et lui-même père gay de jumeaux vivant à New York, le Belge Bart Heynen a entrepris de rendre compte de cette réalité à la faveur d’un ouvrage documentant la vie quotidienne et l’intimité de familles – une quarantaine – évoluant aux quatre coins des Etats-Unis, « de Brooklyn à la Californie en passant par l’Utah et le Nebraska ». Dans son viseur, des enfants et des pères de tous les âges mais aussi des femmes, celles qui ont rendu cette accession à la parentalité possible. Loin de tout voyeurisme, l’objectif se fait tendre, sacrant l’ amour et la bienveillance. L’ oeil du lecteur, quant à lui, retient ces gestes anodins – un peigne passé dans les cheveux, un repas en famille, un moment ludique dans le jardin – qui disent l’affection mieux qu’un long discours. Préfacé et remarqué par le talentueux Martin Parr, photographe avisé s’il en est, Dads pointe cette étrange spécificité: les familles gay ne sont ni tout à fait différentes ni tout à fait les mêmes que leurs pendants hétérosexuels.

Brooklyn, New York. Jonathan et Eric durant les bénédictions du shabbat. Plusieurs minorités apparaissent au long de l' ouvrage.
Brooklyn, New York. Jonathan et Eric durant les bénédictions du shabbat. Plusieurs minorités apparaissent au long de l’ ouvrage. « Certaines doivent faire face à des difficultés économiques, ce qui complique la création d’une famille », explique le photographe.
Elliot a sollicité sa soeur (sur l'image, elle tient le bébé dans ses bras) pour le don d'ovocytes, tandis que la maman de Matthew (à g.) a porté la petite Uma dans son ventre.
Elliot a sollicité sa soeur (sur l’image, elle tient le bébé dans ses bras) pour le don d’ovocytes, tandis que la maman de Matthew (à g.) a porté la petite Uma dans son ventre.
Autoportrait en famille, à Anvers. Il est 6 h 30: Bart Heynen se prélasse en compagnie de son mari Rob et leurs deux enfants, Ethan et Noa.
Autoportrait en famille, à Anvers. Il est 6 h 30: Bart Heynen se prélasse en compagnie de son mari Rob et leurs deux enfants, Ethan et Noa. « Je voulais un livre qui célèbre la paternité gay en montrant les similitudes et les différences avec les familles hétérosexuelles mais toujours avec la conviction que tout le monde a le droit de fonder une famille, quelle que soit son orientation sexuelle. »
Dans le New Jersey, daddy Al et papa Chris avec leurs fils Tommy et Luca. Au cours de son travail d'immersion, Bart Heynen a constaté que la répartition des tâches ménagères est plus égalitaire dans les familles homosexuelles. La notion de genre ne vient pas y brouiller les cartes.
Dans le New Jersey, daddy Al et papa Chris avec leurs fils Tommy et Luca. Au cours de son travail d’immersion, Bart Heynen a constaté que la répartition des tâches ménagères est plus égalitaire dans les familles homosexuelles. La notion de genre ne vient pas y brouiller les cartes.
Pedro est un père célibataire de triplés. Bart Heynen l'a immortalisé avec Mandi, la mère porteuse, et Sloane, la donneuse d'ovocytes. Le désir de parentalité gay masculin peut compter sur des alliés. En revanche,
Pedro est un père célibataire de triplés. Bart Heynen l’a immortalisé avec Mandi, la mère porteuse, et Sloane, la donneuse d’ovocytes. Le désir de parentalité gay masculin peut compter sur des alliés. En revanche, « les opposants les plus farouches sont les groupes religieux considérant cette union comme immorale ».

Dads, par Bart Heynen, powerHouse Books, en anglais, 152 p.

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