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Covid: pourquoi le Royaume-Uni doit passer par un reconfinement strict

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Les Britanniques sont strictement reconfinés pour plusieurs semaines. Un tour de vis nécessaire face à une flambée spectaculaire du coronavirus. Explications.

Le plus haut niveau de restrictions imposé à près de 80% de la population anglaise n’a pas suffi à enrayer la propagation du nouveau variant du virus qui circule au Royaume-Uni depuis plusieurs semaines. Sa progression alarmante est due à une contagiosité plus importante de 50 à 70%.

Retour de fortes restrictions

Annoncé lundi soir, le nouveau confinement doit entrer en vigueur dès mercredi à 00H01, mais le Premier ministre Boris Johnson a appelé la population à suivre les règles immédiatement, vu la gravité de la situation sanitaire. Concrètement, la population n’est autorisée à sortir que pour des raisons essentielles (faire des courses, aller travailler quand c’est impossible de la maison, raisons médicales). Comme lors du premier confinement au printemps et contrairement au deuxième en novembre, les écoles ont fermé et sont passées à l’enseignement à distance.

L’Ecosse est également entrée dans un confinement du même type pour au moins tout le mois de janvier. Les provinces d’Irlande du Nord et du Pays de Galles ont instauré juste après Noël leur troisième confinement. Elles ont aussi décidé de laisser les enfants à la maison.

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Bien au-delà du pic de la première vague

Avec plus de 75.000 morts au total, le Royaume-Uni est l’un des pays d’Europe les plus endeuillés par le Covid-19. Et la tendance s’est aggravée ces dernières semaines. Le bilan des contaminations publié chaque jour dépasse les 50.000 depuis plusieurs jours, et tutoyait même les 59.000 lundi. Sur ce graphique, réalisé par la BBC, on observe que la progression des contaminations a été très rapide ces dernières semaines, depuis l’apparition du nouveau variant, plus contagieux. Rien de comparable aux précédentes vagues. D’autant que, dans le même temps, le nombre de tests réalisés n’a que très peu augmenté.

Les cas augmentent le plus rapidement au Pays de Galles où environ une personne sur 60 est atteinte par le virus, selon l’Office des statistiques nationales (ONS). Les cas en Irlande du Nord sont également en hausse. Parallèlement, Londres, le sud-est et l’est du pays ont le taux estimé le plus élevé de personnes atteintes de coronavirus en Angleterre.

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© Capture d’écran BBC

La pression sur les hôpitaux anglais s’intensifie : le nombre de patients atteint par le virus frôle les 27.000. Un chiffre qui a « augmenté de près d’un tiers » en une semaine et dépasse de 40% le plus haut du pic de la première vague. Recommandant le passage de tout le Royaume-Uni au plus haut niveau d’alerte sanitaire, les responsables des autorités de santé ont prévenu qu’il existe un « risque important dans plusieurs régions » que le système public de santé, le NHS, soit « submergé au cours des 21 prochains jours » sans intervention adéquate.

Une réaction trop lente ?

Si le virus n’apparait pas plus dangereux que précédemment, c’est également la submersion d’un système de santé déjà exsangue que le Premier ministre Boris Johnson veut éviter. Mais sa gestion de la crise et son inconsistance sont pointées du doigt. La fermeture des écoles, par exemple, a été repoussée jusqu’à la dernière minute par le Premier ministre.

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Estimant « inévitable » le retour à un confinement national, tout en jugeant la réaction du gouvernement « trop lente », le chef de l’opposition travailliste Keir Starmer a souhaité que l’exécutif, critiqué pour ses hésitations et revirements depuis le début de la pandémie, se montre cette fois à la hauteur de ses promesses. « Ce sera une épreuve et nous devons faire en sorte que cela marche », a-t-il dit sur la BBC.

La vaccination comme solution

Critiqué pour ses hésitations et revirements dans la gestion de la crise, le gouvernement de Boris Johnson a redoublé d’efforts sur le front de la vaccination.

Les autorités espèrent avoir vacciné d’ici mi-février toutes les personnes de plus de 70 ans ainsi que les soignants, soit près de 14 millions de personnes parmi les plus à risque. Elles misent sur une très forte accélération de la campagne de vaccination, qui a déjà permis d’immuniser plus d’un million de personnes depuis le 8 décembre, et désormais menée avec deux vaccins, le Pfizer/BioNTech et l’AstraZeneca/Oxford.

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Pas d’assouplissements avant mars ?

Cette situation devrait durer un bon moment. Si les conditions sont réunies, le confinement sera levé à la mi-février… au minimum. « En entrant dans (le mois de) mars, nous devrions pouvoir lever certaines de ces restrictions mais pas nécessairement toutes », a prévenu Michael Gove, chargé de la coordination de l’action du gouvernement britannique, sur Sky News. « Nous ferons tout ce que nous pouvons pour faire en sorte qu’autant de personnes que possible soient vaccinées, de sorte que nous puissions commencer à lever progressivement les restrictions. »

« Plus le programme de vaccination sera efficace (…), plus il sera facile de lever ces restrictions », a insisté Michael Gove annonçant « des semaines très, très difficiles à venir ». Le Health Service Journal, revue médicale de premier plan, souligne que pour la seule Angleterre, il faudrait vacciner plus de 10 millions de personnes en six semaines pour atteindre l’objectif, très ambitieux, du gouvernement.

Variant britannique : et en Belgique ?

« Il n’y a eu aucun cas supplémentaire d’infection par le variant britannique du coronavirus depuis les quatre cas diagnostiqués en décembre », assure le porte-parole interfédéral Covid-19 Yves Van Laethem. Ces contaminations avaient été diagnostiquées chez quatre personnes résidant en Flandre, près de la frontière néerlandaise. « Ces personnes n’avaient pas de lien évident avec la Grande-Bretagne », ce qui signifie que le virus, présent en Europe continentale, a probablement été introduit autrement. Le variant sud-africain n’a quant à lui jusqu’à présent pas été détecté en Belgique.

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En cas d’apparition d’infections par les variants britannique et sud-africain, « aucune mesure de suivi particulière n’a actuellement été décidée », a cependant reconnu Van Laethem. Il s’est toutefois voulu rassurant : « ces variants n’impliquent pas de pathologie plus sévère, mais ils se transmettent potentiellement de manière plus rapide. Il est donc important d’observer la même attitude, soit le dépistage et le traçage, avec isolation du patient d’une part et quarantaine des contacts à hauts risques d’autre part. » (avec Belga)

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