Australie: début de l’évacuation par bateau, les touristes intimés de fuir les zones menacées
Un navire militaire australien a rejoint la ville côtière de Mallacoota (Victoria) où 4.000 personnes sont réfugiés sur la plage pour échapper aux violents incendies de forêt. Leur évacuation se met en place, alors que des milliers d’autres touristes ont été intimés de quitter le littoral du sud de l’Etat de Nouvelles-Galles du Sud en prévision de journées torrides propices à la propagation des flammes.
La défense australienne est désormais mise à contribution pour gérer la crise créée par la multiplication de foyers dans le sud-est du pays. Un bateau parti depuis Sydney a rejoint la ville de Mallacoota à équidistance entre Sydney et Melbourne pour secourir les personnes bloquées sur la plage où elles ont trouvé refuge depuis le réveillon du Nouvel An. Environ 4.000 personnes y sont réunies, mais le navire HMAS Choules ne pourra dans un premier temps qu’en prendre 1.000 à bord. Il apporte aussi de la nourriture, de l’eau et des fournitures médicales à la ville sinistrée.
Zone d’exclusion
Les pompiers de Nouvelles-Galles du Sud ont prié les résidents et touristes encore présents sur le littoral au sud de Sydney, populaire durant les vacances de janvier, d’évacuer la région. Une zone d’exclusion pour les touristes a été mise en place sur environ 240 km de côte. Les personnes doivent se mettre en route pour échapper aux chaleurs attendues samedi et qui raviveront la férocité des incendies. Cette opération d’évacuation sans précédent occasionne de longues files de voitures sur les seules routes rendues accessibles par les pompiers. Les pompes à essence et les supermarchés sont pris d’assaut par les personnes cherchant à s’approvisionner dans les zones concernées en Nouvelle-Galles du Sud, alors que certaines communautés viennent aussi à manquer de vivres. La police a escorté des camions de pétrole vers des stations essence à sec dans la ville de Batemans Bay pour veiller à ce que tous puissent fuir à temps. Vendredi, une évacuation aura aussi lieu pour le parc national du mont Kosciuszko à l’intérieur des terres.
L’Australie ne vient pas à bout des feux de brousse, typiques de l’été austral mais sans commune mesure cette saison, avec encore 100 foyers recensés en Nouvelles-Galles du Sud et 50 dans l’Etat voisin du Victoria. Leurs émanations de fumée propagent des brumes toxiques depuis plusieurs mois sur le sud est du pays, asphyxiant la première ville du pays Sydney, et rendant l’air de la capitale Canberra le plus pollué au monde mercredi et jeudi.
Une quinzaine de personnes, dont plusieurs pompiers volontaires, ont déjà perdu la vie depuis le départ des fournaises en septembre, et pas moins de 17 personnes sont désormais portées disparues dans l’Etat du Victoria. Nombreux sont les petits villages qui sont désormais très isolées, coupées d’accès terrestre et parfois de télécommunications. Dans la mesure du possible les secours tentent de venir en aide aux brûlés les plus graves par hélicoptères opérés par l’armée.
Gestion de crise contestée
La gestion de la crise par le gouvernement australien est de plus en plus contestée, les vacances à Hawaï du Premier ministre Scott Morrison en décembre et sa rencontre avec des équipes de cricket le Jour de l’An, attisant les critiques. Les appels aux dons se multiplient pour financer les efforts des hommes du feu, majoritairement volontaires, et l’aide aux victimes, sinistrés ainsi qu’à la faune en souffrance, dont les emblématiques koalas.
L’Australie est en proie à une sécheresse prolongée depuis plusieurs mois voir années selon les régions, aggravant les conditions propices aux départs de feu. Le réchauffement climatique est aussi mis en cause pour cette saison dramatique des feux de forêts en Australie, pays régulièrement pointé pour son manque d’ambition en la matière.