Au Maroc, le rugby est une véritable déclaration d’indépendance pour les joueuses (en images)
Pour les joueuses de l’Amar, le rugby n’est pas seulement un sport. Dans un pays islamique comme le Maroc, c’est une véritable déclaration d’indépendance.
Naître fille et jouer au rugby dans un pays où l’islam est religion d’Etat tient de la gageure. Au Maroc, notamment, ce sport est réservé à la gent masculine. Les joueuses de l’Amar (Association Marrakech Argan Rugby), issues de diverses classes sociales, doivent donc franchir de nombreux obstacles – imposés tant par la famille que par la société – pour vivre leur passion. Pour elles, le rugby est une déclaration d’indépendance.
Nous avons pu passer quelques jours avec ces jeunes femmes, invités chez elles ou à leurs côtés au stade Zerktouni, où elles s’entraînent deux fois par semaine. Youssra Alaoui, la capitaine de l’équipe, parle parfaitement anglais et français. Bien qu’elle soit émancipée et « moderne », elle a décidé d’honorer la tradition islamique en portant le hijab au quotidien. Elle croit fermement que cela n’empêche pas de revendiquer la liberté de pensée et de pratiquer toutes sortes de sports. Dans son pays, les femmes se battent sur plusieurs fronts pour obtenir des droits. A la suite d’une une lutte acharnée et de nombreuses manifestations d’associations féministes, en 2018, après une bonne douzaine d’années de report, une loi a été adoptée qui condamne la violence domestique et le harcèlement sexuel – même si, en réalité, son application reste rare, les procès se terminant très souvent par un non-lieu. Si le combat mené par l’Amar est moins visible, il est toutefois capital pour faire entendre une volonté de changement et encourager les Marocaines à adopter un nouvel état d’esprit. Lors de chaque match, l’enjeu se situe bien au-delà de la victoire contre l’équipe adverse ; la véritable consécration consiste à retrouver la confiance en soi, la liberté individuelle et un rôle primordial au sein de la société islamique.
Un reportage de Jean-Marc Caimi et Valentina Piccinni.
Hassnaa Daaif, 18 ans, est étudiante. Elle habite un quartier populaire de Marrakech. « Je suis une fille qui va au-delà de la mentalité de ses parents, j’ai toujours dû me battre pour accomplir ce que je voulais. »
Les joueuses s’entraînent pour recevoir une touche, une technique de réception du ballon qui nécessite l’aide de deux coéquipières.
A 23 ans, Soukaina Elmobaraa fait partie des vétéranes de l’équipe. « Le rugby m’a appris la valeur du défi et de l’autodétermination », déclare-t-elle.
Hassnaa fait des étirements avant le match. Son père estime qu’elle devrait rester à la maison et ne pas pratiquer un sport habituellement associé aux hommes. Mais elle a réussi à surmonter tout cela.
Une fois par an, les athlètes jouent un match de démonstration, en tenue traditionnelle.
A 23 ans, Soukaina Elmobaraa fait partie des vétéranes de l’équipe. « Le rugby m’a appris la valeur du défi et de l’autodétermination », déclare-t-elle.
Youssra Alaoui, la capitaine, montre comment porter le protège-dents utilisé lors des matchs. Elevée dans la stricte culture islamique, elle a su s’en émanciper.
L’équipe féminine de l’Association Marrakech Rugby Argan au complet.
L’entraîneur, Hamada Chaabt, livre quelques recommandations tactiques. « Former des filles de différents milieux, âges et modes de pensée m’a appris la valeur du travail acharné, de la motivation et de la patience. »
L’équipe s’entraîne le vendredi et le samedi, pendant deux heures. Au programme, des exercices pratiques et un match d’environ 15 minutes.
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