À la veille du Brexit, l’Écosse réclame un référendum d’indépendance
À la veille du lancement du Brexit, les députés écossais ont autorisé mardi par un vote leur Première ministre Nicola Sturgeon à demander à Londres l’organisation d’un nouveau référendum d’indépendance, susceptible de dynamiter le Royaume-Uni.
Le Parlement régional, dominé par les indépendantistes du parti national écossais SNP, s’est prononcé, par 69 voix contre 59, en faveur de cette nouvelle consultation après celle perdue en 2014.
La motion adoptée prévoit que la consultation se tienne entre l’automne 2018 et le printemps 2019. Nicola Sturgeon doit désormais obtenir l’accord de la Première ministre Theresa May et du Parlement de Westminster pour organiser cette seconde consultation.
Le vote qui devait se dérouler mercredi dernier mais avait été reporté à cause de l’attentat contre le Parlement de Westminster à Londres, intervient la veille du déclenchement du Brexit, renforçant encore la dramaturgie autour de ces deux événements historiques.
La quasi concomitance des deux rendez-vous est finalement logique tant le désir écossais de rompre avec le reste du Royaume-Uni est lié à la rupture en passe d’être officialisée entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne.
Sans le Brexit, approuvé par 52% des Britanniques mais rejeté par 62% des Ecossais, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon n’aurait pas demandé si tôt l’organisation d’un nouveau référendum d’autodétermination, trois ans seulement après celui perdu par les indépendantistes (à 55% contre 45%) en 2014.
« Les circonstances ont changé avec le Brexit », insiste la dirigeante du SNP, qui veut que l’Ecosse continue à faire partie au moins du marché unique européen.
Elle espère, dans l’idéal, tenir une nouvelle consultation fin 2018 ou début 2019, avant la fin prévue des négociations de sortie entre UE et Royaume-Uni.
« Inacceptable »
Theresa May a déjà fait savoir qu’elle jugeait que ce n’était « pas le bon moment » pour un référendum en Ecosse, et a en théorie le pouvoir de bloquer l’initiative.
Mais s’opposer au vote du Parlement écossais serait compliqué à assumer sur le plan politique. Revendiquant « un mandat démocratique incontestable », Mme Sturgeon répète que ce serait « totalement inacceptable ».
A défaut d’entraver le processus, Theresa May pourrait chercher à devenir maîtresse du calendrier en repoussant au maximum la date d’un nouveau référendum, au-delà de la sortie effective du Royaume-Uni de l’UE. Nicola Sturgeon a d’ores et déjà fait savoir qu’elle serait « ouverte à la discussion » sur ce point.
« Impossible à arrêter »
Theresa May, qui doit également gérer une crise politique en Irlande du nord, est déterminée à tout faire pour sauvegarder l’unité du Royaume-Uni, mise à rude épreuve depuis le référendum sur l’UE du 23 juin 2016.
« Au moment où le Royaume-Uni s’apprête à quitter l’Union européenne (…) la force et la stabilité de notre union seront plus importantes que jamais », a-t-elle souligné lors d’un court déplacement en Ecosse lundi.
Unie, la Grande-Bretagne est « une force impossible à arrêter », a-t-elle insisté.
Si elle parvient à décrocher l’organisation d’un nouveau référendum, il restera à Mme Sturgeon de convaincre les Écossais. Selon un sondage publié il y a une semaine, seuls 44% d’entre eux sont à ce jour favorables à l’indépendance.
Du côté des négociations du divorce entre le Royaume-Uni et l’UE, le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, a prévenu la semaine dernière que le Royaume-Uni devrait d’abord solder ses comptes avant de quitter l’UE. Selon un haut responsable européen, la Commission européenne a évalué la facture pour les Britanniques à entre 55 et 60 milliards d’euros.
Mais le ministre britannique du Brexit, David Davis, a répondu qu’il ne pensait « pas voir un tel montant changer de main », laissant présager des négociations longues et difficiles, lundi soir à l’antenne de la BBC.
Selon le diplomate britannique Simon Fraser, la complexité de ce divorce sans précédent signifie qu’il sera absolument impossible de tout régler dans le délai imparti de deux ans suivant l’activation de l’article 50.
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