À l’ONU, Charles Michel appelle à mettre fin à la guerre menée par l’espèce humaine contre la nature
Avec les lourds tributs payés au changement climatique et à la pandémie, l’humanité est en train de subir les conséquences d’une « guerre contre la nature que nous avons nous-mêmes déclenchée », a affirmé vendredi le président du Conseil européen Charles Michel, à la tribune de l’assemblée générale des Nations unies.
« Nous devons mettre un terme à cette guerre. C’est à nous, l’espèce humaine, qu’il revient de déposer les armes », a ajouté le Belge devant les nations du monde.
Pour Charles Michel, l’actuelle génération de dirigeants doit proposer un « traité de paix » à la nature et aux générations futures. Pour l’Union européenne, le choix est clair: « nous voulons un monde inspiré par la raison, qui fait confiance à la science, garantit la dignité et la liberté de chaque être humain, un monde plus juste et plus sûr, la coopération plutôt que la confrontation, la solidarité plutôt que le repli sur soi, la transparence plutôt que l’opacité, et nous voulons la loyauté plutôt que le mépris de la parole donnée ».
L’Union européenne, a-t-il assuré, joue un rôle prépondérant dans la lutte contre la pandémie et le changement climatique. Les États membres ont fourni des efforts nécessaires contre le covid tandis que l’Europe alimente le programme de répartition équitable des vaccins dans le monde (Covax).
Pour autant, « nous devons le reconnaître, l’écart de vaccination avec les pays en développement n’est pas acceptable et nous devons agir plus vigoureusement encore. » Charles Michel a notamment mis en évidence des partenariats de production de vaccins en Afrique et des projets en Amérique latine.
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Dans la lutte contre le changement climatique, « contrairement à d’autres, nous avons tenu bon pour défendre l’accord de Paris » et les Vingt-sept ont « montré l’exemple » en prenant l’engagement de la neutralité carbone en 2050 pour l’UE. « D’autres suivent cet exemple, et dans le même esprit, l’UE a décidé de relever ses objectifs à l’horizon 2030 ».
Charles Michel a défendu la tarification du carbone à travers le système européen d’échange de quotas ETS, une approche qui « stimule l’innovation, produit des résultats et encourage l’économie circulaire », et souligné le projet de cadre réglementaire global sur la finance verte.
En plus de la pandémie et du changement climatique, l’existence de plusieurs conflits à travers le monde constitue également une menace pour un monde plus juste et plus sûr, a poursuivi M. Michel. Il a spécifiquement pointé du doigt les conséquences des guerres sur les femmes et les filles, comme en Éthiopie, au Sahel ou en Afghanistan.
Dans ce dernier pays, « la nouvelle situation est un échec pour la communauté internationale, et des enseignements doivent en être tirés. Mais une chose est sûre: la fin des opérations militaires n’est pas la fin de l’engagement européen auprès des Afghanes et des Afghans. Nous voulons éviter toute catastrophe humanitaire, préserver autant que possible les acquis des vingt dernières années, spécialement les droits des femmes et des jeunes filles ».
Sans citer la nouvelle alliance AUKUS entre l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni qui a brusqué l’UE par son annonce inattendue, M. Michel a souligné que l’Union européenne était, dans la région indo-pacifique, « le premier investisseur et l’un des plus importants partenaires commerciaux ». Dans cet espace où transitent 40% du commerce européen, « nous avons décidé de renforcer massivement notre coopération, c’est le sens du partenariat désormais stratégique avec l’ASEAN », l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est. L’Union européenne, a-t-il ajouté, « est prête à prendre sa pleine part de responsabilité dans la sécurité et la liberté de circulation en mer de Chine méridionale et dans l’océan Indien. »
Le discours du Premier ministre belge Alexander De Croo, présent à New York avec la ministre des Affaires étrangères Sophie Wilmès, est attendu en fin de journée, heure locale.