Verhofstadt, Renzi et le bras droit de Macron lancent un appel à refonder l’Europe
A huit mois des élections européennes, l’ex-Premier ministre belge Guy Verhofstadt, Christophe Castaner – délégué général du parti du président français Emmanuel Macron -, l’ex-chef du gouvernement italien Matteo Renzi et d’autres personnalités libérales ou de la démocratie sociale ont appelé jeudi, dans une tribune de presse, à refonder l’Europe en réformant les traités, face aux menaces populistes de déconstruction.
« Il faut agir maintenant, ou le projet européen s’essoufflera. Pire: il pourrait être asphyxié par des dirigeants populistes pour qui l’Union est une anomalie de l’Histoire qu’il convient de déconstruire », alertent les signataires de cette tribune publiée dans Libération, The Guardian et El País, alors que plusieurs États membres sont déjà dirigés par des coalitions associant des partis d’extrême droite, europhobes ou illibéraux.
« L’Europe actuelle paraît trop souvent dépassée par les défis auxquels elle fait face, qu’ils soient écologiques, économiques ou migratoires. Elle est dépassée par les attentes des citoyens qui exigent moins de normes et plus d’action. Elle est dépassée par des engagements qu’elle ne peut plus tenir faute de vision commune et d’un fonctionnement performant », constatent ces personnalités politiques, au rang desquelles figurent aussi le Premier ministre maltais Joseph Muscat (travailliste), le président du parti espagnol Ciudadanos Albert Rivera, celui du MR Olivier Chastel, le chef politique néerlandais de D66 Alexander Pechtold ou encore l’ex-Premier ministre roumain et ex-commissaire européen Dacian Ciolos.
Ils proposent de « dépasser pour de bon les clivages » politiques « sans rien nous interdire ». « Nous sommes prêts à réformer les traités si la refondation l’exige. Nous sommes décidés à avancer en dépit des blocages, chacun devant aller à son rythme », ajoutent-ils.
Chef des démocrates et libéraux au parlement européen (ADLE), M. Verhofstadt plaide depuis de nombreuses années – aux côtés de personnalités européennes belges d’autres partis – pour lever les blocages récurrents entre États membres en réduisant encore, voire en supprimant l’unanimité nécessaire pour leurs décisions au Conseil, ou pour permettre à certains pays d’avancer plus vite que d’autres dans le projet européen. Il cherche aussi à renforcer l’ADLE en l’alliant à La République en Marche d’Emmanuel Macron.
S’élevant face à « tous les Orban, les Le Pen, les Salvini d’Europe (qui) ne savent rien faire d’autre qu’incriminer l’Union de tous les maux sans rien proposer de constructif, sans même se mettre d’accord sur une réponse », les signataires revendiquent « les valeurs fondatrices » de paix, de liberté, de prospérité, de solidarité, le respect « strict » de l’État de droit et des institutions démocratiques, ainsi qu' »une Europe souveraine ». Cette dernière n’agirait pas partout, mais « là où l’action de pays isolés s’avère impuissante ».