Résultats du premier tour: finale ouverte, avantage Macron
Le président sortant réalise un score honorable au premier tour de l’élection présidentielle. Suffira-t-il à inverser la dynamique favorable à sa rivale Marine Le Pen ? Le report des voix ne sera sans doute pas aussi évident qu’en 2017. Le Parti socialiste et les Républicains sortent laminés du scrutin.
Comme en 2017, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se retrouveront au second tour de l’élection présidentielle le 24 avril. Si l’écart s’est réduit au profit de la dirigeante du Rassemblement national dans la dernière ligne droite de la campagne focalisée sur la question du pouvoir d’achat, le leader de La République en marche conserve cependant une avance appréciable, estimée à quatre points par rapport à la « meilleure » rivale qu’il espérait affronter (quelque 28 % contre environ 24 %).
En soi, le score du vainqueur est très honorable, meilleur que celui de 2017 (24,01 %), qui plus est pour un président sortant comptable d’un bilan contestable. Mais le report des voix en sa faveur risque d’être moins naturel que lors de sa première participation comme candidat du ni-ni, ni de gauche ni de droite. Nombre d’électeurs du prétendant d’extrême gauche, Jean-Luc Mélenchon (L’Union populaire), arrivé troisième du premier tour, ne se plieront sans doute pas au réflexe du vote républicain contre l’extrême droite comme ils l’avaient fait il y a cinq ans.
Marine Le Pen, en revanche, bénéficie aujourd’hui, contrairement à la situation de 2017, de réserves de voix. Celles de l’électorat d’Eric Zemmour, même si le résultat de celui-ci (autour des 7 %) apparaît décevant. Celles d’une partie de l’électorat de Valérie Pécresse, mais la faiblesse de son résultat (quelque 5 %) semble indiquer que nombre des ses électeurs potentiels ont déjà migré vers Marine Le Pen. Celles enfin du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan. La dynamique de la fin de campagne pour le premier tour sert donc plutôt les ambitions de la dirigeante d’extrême droite. Mais le bon résultat d’Emmanuel Macron et la crainte de l’accession à l’Elysée d’une dirigeante de droite extrême en période de grande incertitude internationale pourraient enclencher une dynamique opposée favorable au président sortant. Le duel final s’annonce en tout cas plus serré que lors de sa première édition, 66,10 % en faveur de Macron contre 33,90 % pour Le Pen. Le débat télévisé de l’entre-deux tours en sera d’autant plus intéressant.
Les résultats de ce dimanche 10 avril consacrent aussi une recomposition du paysage politique français. Comme en 2017, le candidat d’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon a échoué à la troisième place après une spectaculaire fin de campagne qui lui a permis de gagner près de dix points. Le réflexe du « vote utile » parmi l’électorat de gauche l’a sans doute servi. Trop solitaire dans l’action, il ne peut pourtant pas prétendre à un leadership sur l’ensemble de la gauche. Dans ce spectre de l’échiquier politique, le Parti socialiste, qui n’obtient que 2 % avec la maire de Paris Anne Hidalgo, s’effondre au point de semer le doute sur son existence future, même si son ancrage local devrait lui permettre de redresser la barre lors des élections législatives de juin. Une sérieuse introspection s’imposera néanmoins. Le premier tour de la présidentielle confirme aussi que l’écologie politique, pourtant porteuse d’une enjeu central de société, peine à s’imposer comme un acteur majeur sur la scène politique. Yannick Jadot (Europe Ecologie Les Verts), avec son score de quelque 5 %, n’a pas réussi son pari.
Le diagnostic établi pour le moribond Parti socialiste vaut, de façon surprenante avec une gravité presque aussi aiguë, pour le parti Les Républicains, à droite. Valérie Pécresse, pourtant sortie comme une promesse de renouveau des primaires de son parti, obtient un score médiocre, aux alentours des 5 %, en-dessous du fiasco qui semblait inatteignable du score de la liste des Républicains aux élections européennes de 2019, 8,48 %. Là aussi, une remise en question devra être opérée entre partisans d’un ralliement à Emmanuel Macron et tenants d’une alliance avec la droite d’Eric Zemmour. L’union des droites dont celui-ci rêvait, fût-elle réalisée, ne représenterait plus qu’une force secondaire sur l’échiquier politique. Parti en conquérant, Eric Zemmour termine donc la campagne présidentielle en perdant.
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