Glyphosate: des eurodéputés dénoncent un vaste plagiat de Monsanto
Des eurodéputés ont critiqué mardi les autorités sanitaires allemandes pour avoir plagié des pans entiers de l’argumentaire de Monsanto dans leur dossier remis au moment du renouvellement de l’autorisation de l’herbicide contesté glyphosate en 2017.
L’institut fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR) a travaillé « de manière sale et proche du mensonge », a accusé la députée allemande SPD, Maria Noichl, lors d’une conférence de presse au Parlement européen à Strasbourg (est de la France).
Se disant « bouleversée », l’eurodéputée a considéré que le glyphosate, dont le caractère cancérogène fait l’objet d’études contradictoires, « n’était pas sur le marché sur la base d’une évaluation indépendante et transparente ».
Selon une étude commandée par plusieurs eurodéputés de gauche et écologistes, le rapport du BfR, réalisé à l’occasion du renouvellement de la licence du glyphosate, « recopie mot pour mot » des passages de la demande déposée par Monsanto, ce qui constitue « de toute évidence du plagiat ». Cette étude a été menée par Stefan Weber, spécialiste du plagiat, avec le biochimiste Helmut Burtscher-Schaden, un opposant au glyphosate.
La licence européenne du glyphosate, qui entre en notamment dans la composition du Roundup, le produit phare de Monsanto, expirait fin 2017. Son renouvellement avait entraîné de vifs débats au sein de l’UE et avait été au final adopté pour cinq ans.
Déjà en 2017, plusieurs médias avaient rapporté qu’une partie importante du rapport de l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) semblait être un copié/collé d’un document déposé en 2012 par Monsanto, au nom d’un consortium d’entreprises commercialisant du glyphosate en Europe. Le rapport de l’Efsa était lui-même basé sur celui du BfR, l’Allemagne ayant été désigné comme Etat rapporteur dans le dossier.
« L’évaluation de la littérature scientifique indépendante publiée sur la cancérogénicité du glyphosate est issue d’une part importante de plagiat et de copié-collé provenant de l’industrie pro-glyphosate elle-même ! », a accusé dans un communiqué l’eurodéputé français Guillaume Balas (groupe Générations, gauche), qui a cofinancé l’étude.
Le BfR s’est défendu mardi de tout « duperie intentionnelle », affirmant qu’il est connu que les autorités peuvent intégrer dans leurs rapports des passages pertinents des documents fournis « après un examen critique ».
« Nous pressons la Commission européenne de remettre à plat le système d’autorisation des pesticides en Europe et de procéder à une réévaluation sans délai du glyphosate », a réclamé l’eurodéputé socialiste français Eric Andrieu.
Les députés européens doivent se prononcer mercredi sur un texte visant à améliorer la procédure d’autorisation des pesticides dans l’Union européenne, mais cette résolution ne sera pas législative, la Commission européenne ayant seule la prérogative d’initier les décisions législatives.
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