Gérard Depardieu, des succès et des excès
Gérard Depardieu, visé à Paris par une enquête pour des « viols et agressions sexuelles » qu’il conteste, est un monstre sacré du cinéma français qui a montré pendant plus de 40 ans une immense palette de talents, mais dont la vie a été émaillée de scandales.
« L’homme est sombre mais l’acteur est immense », a dit de lui Catherine Deneuve, sa partenaire dans « Le Dernier métro » de François Truffaut et dans neuf autres films.
Célèbre pour son jeu instinctif et sa boulimie de travail – plus de 200 films au cinéma et à la télévision -, l’un des acteurs français les plus connus au monde a interprété de multiples personnages, dont la plupart des grands héros de la littérature nationale, de Cyrano de Bergerac au Jean Valjean des Misérables, en passant par Edmond Dantès (Le Comte de Monte Cristo).
Né le 27 décembre 1948 à Châteauroux (centre), fils d’un tôlier en carrosserie, Gérard Depardieu connaît une adolescence perturbée, marquée par la délinquance et les petits boulots, avant de découvrir le théâtre à Paris.
Il débute au cinéma en 1965, puis au théâtre et à la télévision. En 1974, il crève l’écran dans les Valseuses de Bertrand Blier.
D’autres rôles marquants suivent : « 1900 » de Bernardo Bertolucci (1975), avec Robert de Niro, son alter ego américain, Le dernier métro (1980) de François Truffaut ou les comédies à succès de Francis Veber comme La chèvre (1981).
« Héros aux mille visages », pour reprendre la formule de l’hebdomadaire américain Newsweek en 1987, il s’illustre notamment dans Danton (1982, Andrzej Wajda), Tenue de soirée (1985, Bertrand Blier), Jean de Florette (1986, Claude Berri), Sous le soleil de Satan (1987) et Cyrano de Bergerac (Jean-Paul Rappeneau).
Dérapages
Au début des années 1990, il devient « Dipardiou » quand il s’essaie au cinéma hollywoodien, avec Green Card (1990) ou 1492 (1992).
Marquées par plusieurs « bides », la fin des années 90 et les années 2000 le verront aussi jouer dans des films à succès, comme la série des Astérix et Obélix et 36, quai des Orfèvres.
Après avoir défrayé la chronique en 2014 dans Welcome to New York, inspiré de l’affaire Dominique Strauss-Kahn, il revient par la grande porte au Festival de Cannes en 2015 avec Valley of Love de Guillaume Nicloux.
Connu pour son goût de la bonne chère – dont témoigne son imposante silhouette – et sa passion de la vigne, Gérard Depardieu s’illustre aussi par ses comportements outranciers et ses coups de gueule.
Il alimente la rubrique faits divers par ses dérapages, par exemple quand il assomme un paparazzi à Florence en 2005, urine dans la cabine d’un vol Paris-Dublin en 2011 et frappe un automobiliste en plein Paris en 2012.
L’acteur est actuellement visé par une enquête préliminaire pour « viols et agressions sexuelles », à la suite d’une plainte déposée lundi dans le sud de la France. Le parquet de Paris s’est saisi mercredi de la procédure.
Par la voix de son avocat, la star de cinéma a vigoureusement rejeté ces accusations.
Période russe
Fin 2012, il défraie la chronique en France en annonçant qu’il « rend » son passeport pour protester contre l’imposition des plus riches, et, après avoir opté pour un exil fiscal en Belgique, il acquiert la citoyenneté russe.
« Je trouve ça normal de payer, mais pas à des cons qui pensent qu’ils font le bien », déclarait-il en 2014 à l’hebdomadaire Le Point.
Dès lors, Gérard Depardieu ne cesse de vanter sa nouvelle patrie, la Russie, une « grande démocratie », et ne tarit pas d’éloges à l’égard de Vladimir Poutine, qu’il a comparé au pape Jean Paul II… ou à lui-même. En mars dernier, on le voit voter pour la présidentielle russe à l’ambassade à Paris.
Dans Monstre, un livre de confidences souvent noires et amères paru à l’automne 2017, l’acteur revient sur son soi-disant désamour de la France, disant préférer « être libre que français ». « Mais ce n’est pas pour autant que je renie ce pays », ajoute-t-il aussitôt. « J’aime toujours la vie et j’aime toujours la France ».
Gérard Depardieu a reconnu quatre enfants, deux de sa première femme, Elisabeth, les comédiens Julie et Guillaume (mort en 2008), ainsi que Roxane et Jean, nés de deux autres liaisons. Ses relations passionnelles avec Carole Bouquet ont défrayé la chronique pendant plus de dix ans.
Il est par ailleurs un entrepreneur très dynamique: propriétaire de vignobles en France et à l’étranger, il a aussi investi dans divers restaurants et commerces de bouche à Paris.
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