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Décapitation d’un professeur: la France attaquée au coeur de ses libertés (revue de presse)

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Liberté d’expression, liberté d’enseigner. La douleur est vive en France après un week-end consacré aux hommages à Samuel Paty, l’enseignant décapité en pleine rue pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves. Revue de presse.

Solidarité

La lutte contre le terrorisme est une « entreprise de très longue haleine », rappelle Le Monde. Faisant écho à l’attaque contre Charlie Hebdo, « c’est de nouveau la liberté d’expression qui est au coeur d’un acte à la barbarie. Et c’est de nouveau un intellectuel, attaché, par son métier et par ses convictions, à défendre la diversité d’opinion et de religion, qui le paie de sa vie. » La liberté si chère à la France, d’expression, mais aussi d’enseigner, « fait partie des valeurs fondatrices de notre pays, elle est au coeur de notre histoire, de notre identité, de notre culture, et elle est attaquée. »

Du Bataclan à Nice, « elle n’a cessé d’être attaquée ces dernières années », rappelle le quotidien. Face à la menace, terroriste d’une part et sanitaire de l’autre, les Français doivent aujourd’hui se serrer les coudes et jouer la carte de l’unité : « la mobilisation et la solidarité des Français de toutes origines, de toutes opinions et de toutes religions, s’imposent, plus que jamais. »

« Et maintenant ? »

« L’émotion et la colère » en couverture du Figaro. Le nom de la victime, Samuel Paty, « ne doit pas être oublié. Il mérite de rester dans les mémoires parmi les figures de l’école républicaine », note l’édito. Ici aussi, on pointe l’idéal de la liberté que vise ce drame : « Assassiné pour avoir enseigné la liberté ». Mais le Figaro revient également sur le harcèlement envers ce professeur qui a précédé. « Jeté en pâture » : « s’ils n’ont pas armé directement la main du tueur (cela, il appartiendra à l’enquête de le dire), ces harceleurs ont indubitablement inspiré son geste. »

Décapitation d'un professeur: la France attaquée au coeur de ses libertés (revue de presse)
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Un acharnement qui a mené au pire, et qui « en dit autant sur l’époque que nous traversons que les circonstances particulièrement atroces de l’assassinat », rappelant au passage que les « loups solitaires ne le sont jamais vraiment », mais qu’ils sont nourris par des mouvements islamistes bien ancrés. Mais au-delà du constat, le quotidien s’interroge à l’après, aux actions après l’hommage et l’indignation. « Et maintenant ? (…) Allons-nous nous réveiller, enfin, et opposer à la guerre qui nous a été déclarée une autre guerre, impitoyable et sans merci ? »

Education, culture et libertés

« Après la liberté de dessiner, c’est donc la liberté d’enseigner que le terrorisme islamiste entend réprimer en France », entame l’édito de Libération, qui souligne également l’unité derrière les hommages. « On notera avec optimisme qu’un changement est tout de même en train de s’instaurer, y compris chez les habituels hypocrites, adeptes du ‘Charlie Hebdo l’a bien. (…) Il est important en effet que toutes les tendances politiques de notre démocratie se mobilisent pour nos libertés. »

Le quotidien revient sur la pression subie par les professeurs, notamment de la part des parents d’élèves, sur l’enseignement de certaines thématiques délicates : l’islam, comme c’est le cas ici, mais aussi l’homosexualité ou la Shoah. « Le vrai danger pour le fanatisme islamiste, ses vrais ennemis, s’appellent éducation et culture, en d’autres termes cet enseignement républicain qui inclut la transmission du savoir, de la connaissance, des Lumières, de la liberté de penser, et surtout de la liberté de mettre en doute. »

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