Une solution possible au réchauffement climatique: planter beaucoup d’arbres
Une équipe de chercheurs a calculé qu’il y avait suffisamment de place sur Terre pour planter des arbres capables d’absorber les deux tiers du carbone présent dans l’atmosphère, une solution au réchauffement climatique jugée toutefois exagérée par d’autres scientifiques.
L’étude, menée par des professeurs de l’université ETH Zurich et publiée jeudi dans la revue Science, estime que 900 million d’hectares de couvertures arborées (canopées) supplémentaires pourraient pousser sur la Terre, en plus des 2,8 milliards d’hectares actuels.
Pour parvenir à cette estimation, les chercheurs ont analysé les forêts actuelles et pris en compte le climat et le sol pour évaluer où des arbres pourraient pousser. Tout en excluant les zones aujourd’hui occupées par des cultures ou des villes.
Ces forêts supplémentaires auraient la capacité d’absorber 205 gigatonnes de carbone, sur les 300 gigatonnes qui ont été ajoutées à l’atmosphère depuis la fin du 19e siècle et le début de l’ère industrielle.
La moitié des zones ainsi reboisables, selon l’étude, se trouvent dans six pays: Russie, Etats-Unis, Canada, Australie, Brésil et Chine. « Les gouvernements doivent prendre ceci en compte dans leurs stratégies nationales contre le changement climatique », dit l’auteur principal Jean-François Bastin.
L’équipe argue que l’objectif fixé l’an dernier par les experts climat de l’ONU d’une reforestation de l’ordre d’un milliard d’hectares « est absolument atteignable dans le climat actuel ».
Et elle conclut que la restauration des écosystèmes est « la solution la plus efficace à notre disposition pour contrer le changement climatique ». Mais cette conclusion a suscité des critiques de spécialistes des sciences de la Terre, dont certains estiment aussi la méthodologie simpliste ou erronée.
« Oui, une reforestation héroïque peut s’avérer utile, mais il faut arrêter de dire qu’il existe une solution naturelle à l’utilisation des énergies fossiles. Il n’y en a pas. Désolé », a écrit Myles Allen, professeur de science du géosystème à Oxford.
« Les nouvelles forêts peuvent jouer un rôle pour éponger l’excès d’émissions de carbone, mais la seule façon de stabiliser le climat est de faire baisser à zéro les émissions de gaz à effet de serre », écrit Simon Lewis, professeur à l’University College London, dans un autre commentaire publié par le Science Media Centre au Royaume-Uni.