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Sécheresse : des situations différentes au Nord et au Sud du pays

Une météo particulièrement douce et une consommation d’eau à la hausse font craindre une pénurie d’eau dans le pays. Et pourtant, au Nord et au Sud, les situations sont bien différentes.

Un mois d’avril particulièrement sec

Si les circonstances nous ont obligés à rester chez nous durant près de deux mois, une météo clémente s’est chargée de faire passer plus facilement la pilule aux heureux propriétaires d’un jardin ou d’un balcon. Selon un rapport de l’Institut Royal Météorologique de Belgique, le mois d’avril fut particulièrement sec, chaud et ensoleillé par rapport à la moyenne. Il n’a donc plu que 19mm d’eau contre 51,3 en moyenne pour cette période de l’année où il pleut habituellement un jour sur deux, contre cinq jours sur le mois pour ce mois d’avril 2020. Durant la plus grande partie du mois, les températures observées étaient supérieures aux valeurs normales pour atteindre en moyenne 18,3 degrés. Le mois d’avril 2020 se classe donc troisième dans le classement des mois d’avril les plus chauds depuis 1833.

Le nord du pays réagit

En Flandre, la sécheresse a frappé plus durement qu’au sud du pays. En conséquence, l’agence flamande pour la nature et la forêt avertissait ce jeudi de l’augmentation des risques d’incendie dans différentes provinces. La Flandre occidentale, la Flandre orientale et le Brabant flamand rejoignent donc les autres provinces flamandes, en alerte orange depuis un certain temps déjà. La classe politique, elle aussi, n’aura pas tardé à réagir. Le 20 mai dernier, les différentes provinces de Flandre annonçaient, avec des moyens différents, interdire le pompage d’eau dans certains cours d’eau menacés d’assèchement. Une telle mesure si tôt dans l’année est assez rare. Les premières interdictions de ce genre arrivent généralement aux alentours du mois de juillet.

Cela n’a pas manqué de provoquer le débat au sein de la classe politique flamande. Suite à un article du Tijd sur le lancement d’une étude concernant une possible introduction de tarifs variables pour l’eau, la ministre régionale de l’Énergie, Zuhal Demir (N-VA) réagissait : « Il est crucial que le prix de l’eau n’augmente pas pour les ménages, mais ceux qui en consomment en quantité anormale devront payer un surcoût » précisant toutefois qu’il ne s’agit que d’une étude et qu’aucun projet concret n’était sur la table.

« Ceux qui consomment l’eau intelligemment doivent être récompensés par une facture plus basse, en tenant compte notamment de la composition du ménage. Le prix de l’eau n’augmentera pas. Ce qui augmentera, c’est le prix du gaspillage« , a-t-elle insisté.

La ministre n’en est pas à sa première proposition. Dans un contexte de manque d’eau depuis plusieurs années, elle avait défendu au Parlement flamand l’idée d’un transfert de compétence concernant l’interdiction du captage d’eau, passant donc des provinces à la région, mais aussi la création d’une task force « sécheresse » composée des différents acteurs tels que les gouverneurs, les gestionnaires des réseaux de distribution, et des scientifiques.

Un approvisionnement contrôlé au sud et à Bruxelles

D’après Aquawal, l’Union professionnelle des acteurs publics du cycle de l’eau au sud du pays, la situation reste sous contrôle, excepté pour certaines régions du massif des Ardennes. Globalement, la Wallonie s’en tire bien. Et elle doit son sort aux pluies hivernales relativement nombreuses qui ont aidé les nappes phréatiques, sur lesquelles la Wallonie compte pour son approvisionnement. Cependant, le porte-parole Cédric Prevedello avertit : un incident tel que celui qui était survenu en Flandre lorsqu’un trop grand nombre de citoyens ont pompé de l’eau en même temps n’est pas écarté, « surtout dans les zones touristiques où les infrastructures ne sont pas forcément adaptées  » confiait-il au Soir.

Julien Roubaud

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