La politique agricole de l’Europe n’enraie pas le déclin de la biodiversité

Les mesures de « verdissement » de la Politique agricole commune (PAC) n’ont pas permis d’enrayer le déclin de la biodiversité, estime la Cour des comptes européenne dans un rapport cinglant.

Les contraintes environnementales imposées via les aides directes de la PAC sont particulièrement inefficaces, notent les auteurs de l’étude. Ils pointent du doigt des exigences qui ne s’imposent pas à tous les agriculteurs et des amendes peu élevées.

« Le verdissement a du potentiel mais la Commission et les Etats membres ont favorisé les instruments ayant le plus faible impact » sur cet objectif, a souligné Viorel Stefan, le responsable du rapport, lors d’un point presse.

Ainsi le choix de la diversification plutôt que de la rotation des cultures, des cultures dérobées (une culture intermédiaire entre deux principales) ou de cultures fixant l’azote, critique la Cour.

Les auditeurs notent qu’aucun indicateur n’ayant été décidé, « il s’avère difficile de mesurer les progrès accomplis et la performance des actions financées par l’UE ». Ils jugent également que la Commission a « surestimé la contribution de certaines mesures » en faveur de la biodiversité.

Cet échec de la PAC avait déjà été reconnu par la Commission sur la période du budget 2013-2020.

Elle a entrepris d’y remédier dans sa proposition pour la PAC post-2020, présentée il y a deux ans et toujours en négociation au niveau des Etats membres et du Parlement européen.

Selon le projet de la Commission, la nouvelle PAC prévoit une conditionnalité renforcée des aides directes aux agriculteurs à des critères environnementaux, ainsi que des « programmes écologiques » sur la base du volontariat.

La Commission vient également de présenter une nouvelle « Stratégie pour la biodiversité » à l’horizon 2030, dont « certains points répondent aux problèmes que nous avons soulevés », a noté M. Stefan.

Pour autant, la réduction annoncée du budget de la PAC inquiète les organisations agricoles qui, comme la FUGEA en Belgique, plaident pour une transition vers une agriculture durable et rémunératrice. Le syndicat lit dans les propositions de la Commission pour 2021-2027 une diminution d’environ 10% (en euros constants et à 27 États membres) du prochain budget de la PAC.

« L’Europe doit se donner les moyens de ses ambitions et ne peut se permettre de faire des économies sur le dos d’un monde agricole déjà exsangue, chargé de surcroit d’adapter ses pratiques », souligne la FUGEA dans un communiqué.

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