Hérissons en danger : comment les protéger
Pesticide, blaireaux, routes bétonnées… Tant de dangers auxquels doivent faire face les hérissons. Plusieurs pays européens s’inquiètent de voir l’espèce disparaître de nos paysages ruraux. Les plus pessimistes ont même prédit un début d’extinction du hérisson français d’ici 2050.
Près de la moitié des hérissons ont disparu entre 2008 et 2018 en Flandre, d’après une étude de l’université de Gand, réalisée en collaboration avec l’Institut flamand pour l’Etude de la Nature et des Forêts (INBO) et l’association Natuurpunt. Rien qu’en Flandre, on dénombre 250 000 morts sur les routes chaque année.
Dans un reportage diffusé sur France 3 le 15 avril 2017, on apprend que la population est en chute libre : 70% de hérissons ont disparu en vingt ans. L’espèce pourrait même s’éteindre d’ici 2050. Ces chiffres affolants ont plusieurs origines… La principale cause de mortalité, selon l’association belge consacrée à la protection de la nature Natagora, serait les accidents lors de la traversée des routes.
Alerte rouge au Royaume-Uni
Des scientifiques ont réalisé cette année la première enquête nationale sur la disparition du hérisson, a annoncé The Guardian. Durant cette étude, l’équipe de chercheurs n’a trouvé aucun hérisson rural dans le sud-ouest de l’Angleterre. Ils estiment même que les populations ont diminué d’au moins 80% depuis les années 1950.
D’après leurs résultats, une agriculture intensive et une augmentation des populations de blaireaux ont laissé la plupart des campagnes d’Angleterre et du pays de Galles dépourvues de l’animal. Le problème de l’agriculture intensive est qu’elle détruit l’habitat naturel de la faune locale. Quant aux blaireaux, leur nombre a à peu près doublé depuis 1992. Cette espèce est non seulement friande des hérissons, mais aussi des insectes dont se nourrissent nos amis piquants. « Il y a beaucoup de zones à la campagne qui ne conviennent pas aux hérissons ou aux blaireaux « , a déclaré Ben Williams, de l’Université de Reading, qui a dirigé cette étude.
Les raisons de la disparition du hérisson
Outre les nombreux accidents sur les routes, les hérissons sont victimes d’un poison créé par l’homme : les pesticides. Et particulièrement les granulés anti-limace… « Avec l’anti-limace, malheureusement, il n’y a rien à faire, il n’y a pas de produit miracle pour contrer l’effet du poison. Parfois, s’ils ont ingéré une toute petite dose, ils peuvent encore s’en sortir, mais bien souvent, là ça dépend d’eux, ça ne dépend plus de nous« , explique à RTL Maxime Binet, bénévole au centre de revalidation des espèces animales vivant à l’état sauvage (CREAVES).
La disparition des haies et des bosquets joue aussi en sa défaveur. Sans possibilité de se mettre à l’abri sous les buissons, les hérissons deviennent la proie de prédateurs plus gros qu’eux.
Même les intempéries peuvent être fatales pour l’animal. Avec le réchauffement climatique, les saisons sont perturbées. Généralement, les hérissons hibernent en hiver pour se préserver du froid avant le dégel du printemps. En 2016, pourtant, l’hiver fut si doux et le printemps si froid et humide que les populations du mammifère en ont souffert : « [la météo] a eu pour conséquence de retarder les nichées de hérissons. Généralement, ils naissent à partir du mois de mars, mais [cette année-là], ils ont commencé très tard et le printemps difficile a entraîné beaucoup de maladies »explique Daniel Marlier, gestionnaire du Clos de l’Olivier, l’un des centres de revalidation de Belgique.
« Les hérissons sont intoxiqués par les pesticides, broyés par les engins agricoles, chassés des campagnes suite à la destruction de leurs habitats naturels, brûlés vifs dans les feux de jardin, écrasés un peu plus dans d’horribles souffrances à chaque passage de nouvelle voiture : 1,8 million par an en France selon les premières statistiques ! Une véritable hécatombe. (…) Depuis les années 1950, on estime que leur nombre est passé d’environ trente millions à moins d’un million dans chaque grand pays d’Europe« , résume-t-on dans le reportage sur France 3.
Les CREAVES
Les CREAVES, autrement appelés « centre de revalidation des espèces animales vivant à l’état sauvage« , sont des centres agréés par la Région wallonne destinés à recueillir, soigner et, après revalidation, remettre en liberté les animaux sauvages blessés ou malades recueillis par l’homme.
Les centres correspondants en Flandre et à Bruxelles sont respectivement appelés VOC (VogelOpvangCentrum) et CROH (Centre de Revalidations pour Oiseaux Handicapés). Au total, on retrouve une vingtaine de ces centres en Belgique.
En Wallonie, seuls les CREAVES ont le droit de garder temporairement des animaux sauvages pour les soigner. Le responsable examine la bête et s’il estime que des soins sont nécessaires, il fait alors appel à un vétérinaire. Dans le cas où on constate que l’animal ne pourra plus jamais être remis en liberté, le responsable du centre est tenu de l’euthanasier.
Que faire pour protéger les hérissons ?
L’association Natagora fournit une liste d’astuces pour aménager au mieux son jardin :
- Faire quelques ouvertures dans les clôtures ou les murs (un espace de 10 cm est suffisant) pour permettre au hérisson de se déplacer entre plusieurs jardins ;
- Les haies, les buissons ou même quelques tas de feuilles mortes feront l’abri idéal pour le hérisson ;
- Mettre une planche rugueuse dans tout bassin/piscine/mare afin d’éviter les risques de noyade ;
- Renoncer à utiliser des produits chimiques ou autres pesticides ;
- Ne surtout pas déranger le hérisson lorsqu’il hiberne.
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