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Des plastiques biodégradables? Une « fausse solution » à la pollution marine

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Un rapport des Nations Unies dénonce les plastiques prétendument « biodégradables », qui polluent les océans.

Selon un récent rapport du Forum Économique Mondial, les océans pourraient contenir plus de plastiques que de poissons d’ici 2050. Une prédiction qui interpelle, à l’heure où les demandes pour des alternatives écolos et durables se font de plus en plus pressantes.

Les mérites des plastiques ‘biodégradables’ en matière d’environnement ont été vantés et présentés comme une alternative « plus verte ». Mais un nouveau rapport des Nations Unies sur le sujet vient semer le doute : « Les plastiques labellisés comme ‘biodégradables’ ne se dégradent pas rapidement dans les océans« . Ces plastiques ne seraient que très peu efficaces, voire pas du tout, pour protéger la planète et les êtres vivants des océans.

Les plastiques peuvent en effet provoquer de sérieux dommages écologiques et sont pourtant « omniprésents dans les océans, présents dans chaque océan de l’Arctique à l’Antarctique, en passant par les tropiques« , dénonce le rapport.

Qu’est-ce qu’un plastique biodégradable ?

Un plastique biodégradable est fabriqué pour se décomposer sans nuire à l’environnement. Il devrait, en théorie, disparaitre dans la nature sans laisser de traces de polymères synthétiques derrière lui.

Il y a deux types de plastiques « biodégradables » :

1. Le « plastique oxo-biodégradable » (ou fragmentable). Il est produit à partir de polymères synthétiques, auxquels sont ajoutés des additifs spéciaux (sels minéraux…) qui fragilisent le plastique pour qu’il se fragmente plus rapidement.

2. Le « bioplastique » ou « plastique compostable ». Il est produit en partie avec une résine à base d’amidon de maïs ou à base de canne à sucre. Ce type de plastique n’est compostable que dans composteur de grandes tailles où la température est suffisamment élevée, et non pas un compost individuel.

Et cela concerne également les plastiques dits « biodégradables », utilisés par exemple pour les sacs de courses ou les bouteilles d’eau. Ils sont prévus pour être décomposés. Ils le sont, mais à condition de finir dans un composteur industriel, et non dans l’océan. « La plupart des plastiques labellisés comme ‘biodégradables’ ne se décomposeront qu’à partir d’une certaine température (au moins 50 °C), qui ne sera jamais atteinte dans les profondeurs d’un océan« , explique Jacqueline McGlade, scientifique au Programme des Nations Unies pour l’Environnement, au Guardian. Ces plastiques ne flottent pas, coulent et ne seront donc pas exposés aux UV, qui auraient pu contribuer à leur dégradation.

Pour les Nations Unies, il faut «  faire beaucoup mieux que ça« , pour lutter contre la pollution marine, qui est un des problèmes « les plus urgents » et préoccupants de l’humanité. « Il faut faire évoluer la production des plastiques vers une économie circulaire« , conclut le rapport. Une boucle basée sur la réduction des déchets, leur réutilisation, leur recyclage et leur valorisation. Ils appellent aussi les producteurs à « prendre conscience de leurs responsabilités« .

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