COP26 – les engagements actuels des Etats : « un aller simple vers le désastre »
A six jours de la COP26 sur le climat à Glasgow, le Premier ministre britannique Boris Johnson s’est montré « très inquiet » quant à son succès, tandis que les émissions de gaz à effet de serre ont atteint de nouveaux records.
« Je suis très inquiet, parce que ça peut mal se passer« , a déclaré le chef du gouvernement conservateur au cours d’une séance de questions-réponses avec des enfants à Downing Street. « Il est possible que nous n’ayons pas les accords dont nous avons besoin« , a-t-il ajouté.
Sur un plan positif, les organisateurs de la COP26 jugent atteignable en 2023, avec trois ans de retard, l’objectif de 100 milliards de dollars annuels d’aide des pays riches, gros pollueurs, aux pays pauvres pour les aider à faire face à la crise climatique, selon un rapport paru lundi.
Après l’ouverture de la COP26 le 31 octobre à Glasgow (Ecosse), le gouvernement britannique disposera de deux semaines de rencontres afin de persuader quelque 200 pays de faire davantage pour réduire leurs émissions dans l’espoir de parvenir à contenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, seuil ambitieux fixé en 2015 par les accords de Paris.
La semaine dernière, le président de la COP26, le Britannique Alok Sharma, a estimé qu’il serait « plus difficile » d’obtenir un accord à Glasgow qu’à Paris, tandis que le chef de l’ONU Antonio Guterres a jugé que les engagements actuels des Etats étaient « un aller simple vers le désastre ». Pourtant, l’urgence est grande, selon les experts.
Dans son dernier bulletin sur les principaux gaz à effet de serre publié lundi, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) révèle que les trois principaux gaz à effet de serre – dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et protoxyde d’azote (N2O) – ont atteint des sommets en 2020, malgré le ralentissement de l’économie imposé par la pandémie de Covid-19. Le taux d’augmentation annuel de concentrations de chacun de ces gaz a même dépassé la moyenne de la période 2011-2020.
« Au rythme où augmentent les concentrations de gaz à effet de serre, l’élévation des températures à la fin du siècle sera bien supérieure aux objectifs de l’Accord de Paris« , a averti le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. « Si nous continuons à utiliser les ressources fossiles de manière illimitée, nous pourrions atteindre un réchauffement d’environ quatre degrés d’ici à la fin du siècle« , a-t-il averti, en conférence de presse.
L’ONU a de son côté décrit lundi des « tendances inquiétantes » malgré les nouveaux engagements sur le climat engrangés ces dernières semaines, considérant que le monde se dirige toujours vers une augmentation « catastrophique » des températures de 2,7°C.
– Déforestation en Amazonie –
Selon l’OMM, les premières données montrent que les niveaux de CO2 ont continué d’augmenter en 2021. Et le CO2, qui provient principalement de la combustion de matières fossiles et de la production de ciment, est de très loin le principal responsable de ce réchauffement. L’an dernier, sa concentration s’est établie à 413,2 ppm (parties par million), supérieure de 149% au niveau préindustriel.
Le méthane, dont environ 60% des rejets atmosphériques sont d’origine humaine (élevage de ruminants, riziculture, décharges, etc.), et le protoxyde d’azote, dont environ 40% des émissions dans l’atmosphère sont d’origine humaine (engrais et fumiers) ont aussi atteint des pics de concentration. Quant au forçage radiatif (la capacité de la Terre à conserver l’énergie du Soleil ou à la renvoyer dans l’espace), qui a pour effet un réchauffement climatique, il s’est accru de 47% entre 1990 et 2020.
La température mondiale continuera d’augmenter tant que les émissions se poursuivront. Et, étant donné que le CO2 demeure pendant des siècles dans l’atmosphère et encore plus longtemps dans l’océan, le réchauffement déjà observé persistera sur plusieurs décennies, même si les émissions nettes étaient ramenées à zéro rapidement, selon l’OMM.
A peu près la moitié du CO2 émis par les activités humaines aujourd’hui demeure dans l’atmosphère. Le reste est absorbé par les océans et les écosystèmes terrestres, mais l’OMM craint que ces puits de CO2 ne se réduisent sous l’effet de la déforestation et du réchauffement des eaux et de leur acidification. D’ores et déjà, une partie de l’Amazonie n’est plus un puits mais une source de carbone, en raison de la « déforestation de la région », a déploré M. Taalas.
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