COP 26 – Agir pour le climat: pourquoi replanter des arbres ne suffira pas
Planter un arbre pour compenser l’empreinte carbone d’un vol en avion ? Pas si vite… L’idée est séduisante, peut-être efficace, mais elle fait reposer le changement climatique sur les pays du Sud, qui ne sont pas les premiers responsables des émissions de CO2.
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(Re)planter des arbres par milliards pour atténuer le changement climatique? C’est l’une des pistes avancées par une partie du monde scientifique et mises en oeuvre par un nombre croissant d’entreprises. Les forêts constituent le deuxième puits de carbone à l’échelle planétaire, après les océans. Il est toutefois trompeur de penser que la reforestation constitue une solution cohérente pour compenser les émissions de gaz à effet de serre. « Restaurer une forêt ne permet de récupérer qu’une partie de la capacité à fixer le carbone qui a été détruite, commente Grégory Mahy, professeur à la faculté Gembloux Agro-Bio Tech de l’ULiège. On n’efface donc pas l’empreinte écologique d’un vol en avion en restaurant des forêts, puisque la reforestation ne compense certainement pas les émissions liées à la combustion d’énergies fossiles enfouies dans les couches géologiques depuis des millions d’années. »
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Une autre piste couramment évoquée est la création de nouvelles forêts, sur des superficies qui n’en accueillaient pas jusqu’ici. En 2019, une étude de l’université ETH Zurich indiquait qu’il était possible, à l’échelle mondiale, de planter des arbres capables d’absorber un tiers du CO2 émis depuis la révolution industrielle. Un potentiel trompeur et largement surestimé, avaient rétorqué quarante-deux scientifiques, dont Grégory Mahy, dans un article paru dans Science. « Oui, il y a beaucoup d’endroits dans le monde où il est climatiquement possible de planter des arbres, poursuit-il. Mais depuis des millions d’années, le feu ou les animaux herbivores les empêchent d’évoluer vers l’état de forêt. Si on y plante des arbres, on va non seulement détruire l’écosystème en place, mais aussi menacer des capacités de stockage du carbone dans le sol, comme c’est le cas dans les savanes tropicales. »
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Par ailleurs, de telles politiques reviennent souvent à transférer la responsabilité de la gestion de ces forêts aux pays du Sud, et non à ceux qui sont les principaux émetteurs de gaz à effet de serre. « Les stratégies globales de plantation d’arbres restent intéressantes, conclut Grégory Mahy. Il convient toutefois de regarder à chaque fois quelle est la meilleure solution pour la biodiversité, mais aussi pour les habitants de ces zones et leurs besoins. »
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