Yves Van Laethem: « Le Covid ampute une partie de la fonction normale des soins intensifs »
Tous les indicateurs du Covid en Belgique sont en augmentation, hormis la moyenne des décès. Les explications d’Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral de la lutte contre le Covid.
« Nous avons connu une période de près de deux semaines de baisse du taux d’infection. Nous constations depuis hier qu’une petite augmentation se profile », indique le porte-parole interfédéral de lutte contre le Covid, Yves Van Laethem. L’augmentation des nouveaux cas est plus importante en Flandre (+18%), suivi de Bruxelles (+13%) et la Wallonie (+7%). La hausse concerne essentiellement les 20-40 ans, et accessoirement les 40-60 ans. C’est moins prononcé chez les adolescents. On commence également à avoir une augmentation, modérée (+2%), chez les plus de 80 ans. « Nous n’avons une diminution que chez les enfants de 0 à 9 ans (-5%) ».
Les hospitalisations sont elles aussi en légère hausse. « Cette augmentation est essentiellement liée à l’hospitalisation de la population générale, qui a augmenté de 5%. Alors que, de manière remarquable, on a une chute de 36% des hospitalisations provenant des maisons de repos. La semaine dernière, l’hospitalisation venant des maisons de repos ne représentait que 6% des hospitalisations. En décembre, ce chiffre était de 18%. (…) On peut espérer voir là un marqueur de l’impact précoce de la vaccination », explique Van Laethem. On note également une augmentation au niveau des soins intensifs, qui se retrouve dans toutes les provinces, mais plus prononcée à Bruxelles et dans le Hainaut. Le plus grand nombre absolu de patient en soins intensifs se trouve en Flandre orientale. Les patients en soins intensifs de cette province représentent pratiquement 20% de l’occupation Covid des soins intensifs belges.
La moyenne des décès poursuit sa diminution : c’est le seul indicateur qui présente encore une tendance à la baisse. Cette diminution est particulièrement marquée au niveau des maisons de repos et de soins, où les décès ont baissé de 30%.
La situation des hôpitaux par rapport à la normale
Au niveau des hospitalisations, nous avons connu de nombreuses semaines de baisse continue, depuis le 3 novembre (pic d’occupation à 7.461 lits). Au niveau des soins intensifs, le pic était de 1.474 lits le 9 novembre. « Il y a clairement un plancher qu’on n’a pas réussi à dépasser, et qui se trouve aux alentours des 300 lits en soins intensifs. » En Belgique, actuellement, 17% des lits de soins intensifs sont occupés par des patients Covid, avec des variations locales.
On note actuellement en soins intensifs 20% de patients en plus que l’occupation habituelle. D’habitude, à cette période de l’année, on a 1.450 patients en soins intensifs, alors que durant ces dernières semaines ce chiffre fluctue autour de 1.700. Par rapport à l’occupation normale, les deux grandes vagues de l’épidémie sont très visibles sur l’année. Durant l’été, nous étions revenus à une situation très faible. Mais actuellement, le plateau que nous connaissons montre que l’on mord encore sur le capital normal des SI pour les autres pathologies. « On ampute une partie de la fonction normale des soins intensifs », insiste le porte-parole.
Au niveau de l’hospitalisation globale, on note actuellement 10% en plus que l’occupation normale d’un mois de février classique. Normalement, 43.000 lits sont occupés. Durant les dernières semaines, ce nombre a gravité autour des 47.000 patients. « Le nombre total a clairement diminué par rapport aux deux vagues. Mais, même si les hôpitaux continuent à pouvoir fonctionner, il reste encore un poids significatif et une situation à améliorer pour mieux assumer l’entièreté des soins classiques », conclut-il.
Confidentialité des données de santé : les explications de la task force vaccination
Depuis ce week-end, « nous avons dépassé le cap des 400.000 premières doses administrée, soit plus de 4% de la population adulte en Belgique », indique à son tour Sabine Stordeur de la task force vaccination. Au cours du mois de mars, ce sera au tour des personnes âgées de 65 ans et + vivant à domicile, et des patients à risque âgés de 18 à 64 ans.
Sabine Stordeur a souhaité clarifier la stratégie par groupe à risque, et rassurer sur la gestion des données liées à la santé: « Si ces personnes bénéficient de la vaccination plus tôt que d’autres groupes, c’est du fait du risque qu’elles encourent en cas d’infection au Covid. Pour protéger cette population comme il se doit, il convient de leur envoyer une invitation personnelle, et donc de pouvoir les identifier. Lorsque l’âge est le critère de sélection, l’information est présente dans le registre national et permet d’envoyer une invitation nominative au citoyen concerné. Lorsqu’une pathologie chronique est le critère de sélection, ce sont les codes de diagnostic et de traitement qui sont recherchés grâce à un algorithme dans les bases de données des mutuelles et dans les dossiers médicaux informatisés. Le résultat de cette recherche permet tout simplement de répondre à la question « Le citoyen est-il prioritaire ou non pour la vaccination ? », avec une réponse binaire, oui ou non. Aucune donnée liée à l’état de santé des patients, au type de comorbidité dont il est affecté ou au traitement qu’il reçoit : rien de tel ne sera demandé. Il ne s’agit donc de pas de créer une banque de données sur la santé de certains citoyens. »
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