Yves Coppieters : « Il n’y a aucune raison de s’inquiéter pour la rentrée »
Malgré certains discours alarmistes sur la situation épidémique fin août, un reconfinement n’est pas nécessaire, ni même recommandé pour l’instant, estime l’épidémiologiste Yves Coppieters. » Tant que le profil de l’épidémie ne change pas, il n’y a aucune raison de s’inquiéter pour la rentrée « .
Interrogés par nos confrères du Morgen, certains experts du nord du pays tirent la sonnette d’alarme: même si la progression du virus semble ralentir ces derniers jours, « il ne faut pas se laisser endormir par les chiffres au niveau national, insiste le virologue Marc Van Ranst. Si les chiffres continuent de grimper, et qu’on tient compte de cette réalité, on se retrouvera fin août avec plus de contamination que lors du pic de mars/avril. » À ce moment-là, d’autres restrictions seront alors nécessaires. « Et on se rapprochera alors des mesures telles que le confinement « , a-t-il ajouté.
Même son de cloche du côté des experts francophones ? Au vu de la situation actuelle, « il n’y a aucune raison de s’inquiéter pour la rentrée « , a estimé l’épidémiologiste Yves Coppieters, qui ne semble pas tenir les mêmes propos que son confrère flamand. Et pour cause : « Les transmissions, bien qu’encore élevées, se stabilisent depuis deux jours. » À noter que cette résurgence de cas touche principalement les jeunes de moins de 40-50, « une population qui va, a priori, développer peu de formes graves du virus. Et ça, c’est tout à fait rassurant « , explique l’expert.
Car qui dit forme bénigne du virus, dit aussi faible taux d’hospitalisation et d’admission en soin intensif, qui sont les indicateurs les plus importants pour évaluer la situation épidémiologique. À partir du moment où le virus circule chez les plus de 50-60 ans et que ces indicateurs hospitaliers remontent, alors il faudra réellement s’inquiéter, explique Yves Coppieters. « Car fatalement, comme on a un délai de 15 jours/3 semaines entre les infections et les complications, lorsque les indicateurs bougent, c’est le signe de complications et donc le signe qu’il est déjà trop tard. «
Mais pour l’instant, même avec le relâchement des activités, les départs en vacances, et malgré le fait que certains groupes de personnes se protègent moins bien, les deux indicateurs ne semblent pas bouger. « Bien sûr qu’il faut continuer à limiter les transmissions en identifiant rapidement les foyers et surtout en cassant les chaînes de transmission grâce au suivi de contacts. Mais si on arrive à faire ça, et tant que le profil de l’épidémie ne change pas, il n’y a aucune raison de s’inquiéter pour la rentrée« , rassure l’expert.
Vers un reconfinement ?
Et quand bien même le nombre de nouveaux cas d’infections au Covid-19 continuerait de grimper en août, le reconfinement n’est pas envisageable à la rentrée, assure l’épidémiologiste Yves Coppieters. « En ce moment, un reconfinement n’a évidemment pas de sens, car ce sont des foyers de transmission qu’on est capable d’identifier. Et surtout, on est capable, si les systèmes fonctionnent, de faire du suivi de contacts et d’isoler les personnes positives « .
Loin de considérer le reconfinement comme un atout dans la lutte contre le coronavirus, l’expert le voit plutôt comme un « échec des stratégies actuelles », et encourage donc la population et les politiques à amplifier tant les gestes barrière et le testing, qu’un suivi de contacts efficace pour remonter les chaînes de transmission.
Quid du retour de la grippe saisonnière ?
Là encore, l’expert se veut rassurant : « La grippe saisonnière touche tout le monde en termes d’infection, mais elle va développer des complications surtout chez les personnes plus âgées et fragiles. C’est exactement le même profil qu’avec la Covid-19. «
Il y a, bien sûr, des risques, mais ils sont davantage logistiques que sanitaires : « On risque effectivement d’avoir beaucoup de syndromes grippaux, comme la fièvre, la fatigue, les douleurs musculaires… Mais on risque surtout de ne pas bien distinguer l’origine du virus. Est-ce que ce sera la Covid-19, est-ce que ce sera la grippe saisonnière, ou est-ce que ce sera un autre virus respiratoire ? Pour ça, il faut absolument développer notre capacité de tests PCR, qui puissent faire un diagnostic rapide. Parce que sinon, on risque d’avoir une surcharge des hospitalisations et des soins intensifs, si l’on considère que tous ceux [qui se présentent chez le médecin avec ces symptômes] sont atteints de la Covid-19. «
Pour limiter le risque de complications de la grippe et ne pas se retrouver surchargé dans les hôpitaux, à la fois par la Covid-19, et par la grippe saisonnière, il existe plusieurs mesures :
- La vaccination : si on n’a pas encore développé un vaccin contre la Covid-19, il en existe un qui protège les populations les plus à risque contre la grippe saisonnière. Il faut donc anticiper et, une fois que le vaccin est disponible, commencer des campagnes pour encourager la population à se faire vacciner contre la grippe.
- L’application des gestes barrière : le fait de porter un masque et de se laver les mains régulièrement aide à diminuer l’apparition de tous les virus respiratoires. « C’est en effet une excellente mesure de protection des infections respiratoires de l’hiver, mais il faudra réussir à maintenir ça dans le temps « , estime Yves Coppieters. « Une fois qu’elle est ancrée dans le comportement des gens, cette mesure peut être rappelée les années suivantes. Cela ne doit plus forcément être une mesure restrictive, mais simplement un conseil qu’on donne à la population. «
L’idéal serait de parvenir à développer un vaccin universel. Nous pourrions ainsi être vaccinés une ou deux fois dans notre vie, comme nous le sommes pour d’autres maladies, et rester immunisés quelle que soit la grippe. En attendant, les experts ne peuvent qu’espérer qu’un nombre suffisant de personnes reçoivent le vaccin anti-grippal déjà existant, afin d’éviter les complications, tant pour eux que pour les systèmes de santé du monde entier.
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