Pierre Havaux
Vent du Nord de Pierre Havaux: ce petit mot qui entretient l’excellence (chronique)
La nouvelle arme calibrée pour les bêtes de compétition des écuries universitaires flamandes: des bourses Fayat.
Ce matin-là, il a fait sa B.A. et a tenu à le faire savoir par un tweet: complimenter par courriel personnalisé les étudiants qui viennent de cartonner à son examen, c’est le dada de Stijn Baert, professeur d’économie du travail à l’UGent, au point d’en faire un des moments les plus réussis de sa journée. « Parce que nous ne devons pas seulement accompagner ceux qui peinent à passer la barre mais aussi reconnaître et stimuler l’excellence », précise l’enseignant dont la philosophie tient en la devise « bienveillant envers les gens, sévère pour les systèmes ».
Vanmiddag tijd voor één van mijn favoriete gewoontes: studenten met hoge examenscores een persoonlijke e-mail met complimenten sturen. Omdat we niet enkel wie moeilijk over de lat raakt moeten begeleiden, maar ook excellentie erkennen en stimuleren. #WeAreUGent pic.twitter.com/TJfr0aFwR8
— Stijn Baert (@Stijn_Baert) February 13, 2022
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Justice pour les mieux classés. Réparation pour celles et ceux qui sont parvenus à sortir de l’épreuve avec, au bas mot, un 17 sur 20. Vingt-huit étudiants ont eu droit au compliment lors de la dernière session d’examens, en février. Leurs performances valaient bien de sincères félicitations. Car ces pensionnaires des auditoires qui flirtent avec les sommets sont un peu comme les trains qui arrivent chaque jour à l’heure: on n’en parle jamais ou rarement, ils ne se font pas remarquer pour leur conduite exemplaire. Le professeur Baert s’en émeut. Il serait tellement stupide à ses yeux qu’une absence de reconnaissance et de retour sur de tels investissements mènent à un gâchis intellectuel. Un petit mot d’encouragement en guise d' »incentive » à ne pas relâcher les efforts, c’est sa façon à lui de porter une contre-culture d’un nivellement par le bas dans les objectifs scolaires à atteindre et dans lequel l’enseignement investit beaucoup d’énergie, de temps et d’argent. C’est sa modeste contribution à réhabiliter un culte de la performance qui se serait perdu.
La démarche est remontée jusqu’au parlement flamand où le ministre de l’Enseignement, Ben Weyts (N-VA), a eu des mots flatteurs « pour ce petit geste qui signifie beaucoup. Il témoigne de la justesse d’un état d’esprit et d’une attitude. » Ben Weyts ne s’est nullement senti mouché par cet appel professoral à opérer un retour de balancier vers les forts. Il est écrit que les étudiants à haut potentiel ne resteront plus sous les radars de l’enseignement supérieur flamand. A côté des initiatives individuelles, des prix d’excellence ou des « honoursprogramma’s » qui fleurissent sur certains campus à l’intention des plus motivés, talentueux et/ou ambitieux, la Communauté flamande dégainera à la prochaine rentrée académique une nouvelle arme calibrée pour les bêtes de compétition formées dans les écuries universitaires flamandes: des bourses Fayat, en référence à un député socialiste de jadis engagé dans la néerlandophonie, offriront à ces cracks l’opportunité d’intégrer l’une des cinq meilleures institutions universitaires du monde dans la discipline où ils apprennent à briller. A charge pour eux, juste retour de l’investissement consenti par la Flandre, d’apprendre à réseauter à l’étranger et de se muer en ambassadeurs porteurs des couleurs de la région qui les finance et qui attend beaucoup de cette élite pour encore mieux irradier sur la carte du monde. Oui, la Flandre chérit ses incroyables talents.
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