Mélanie Geelkens
Une sacrée paire victime et coupable? par Mélanie Geelkens (chronique)
« Pour bien signifier aux clients qu’elle lui appartenait, il lui avait tatoué « Dany » juste au-dessus du pubis, à l’aide d’un bic vide qu’il avait rempli d’aiguilles ». Retour sur l’histoire de Dany, assassiné par sa femme Valérie Bacot dont le procès s’est cloturé le 25 juin dernier.
Il s’appelait Daniel. Dany, pour les intimes. 61 ans, aîné d’une fratrie de huit. Sa maman, il la cognait. Son papa aussi. Et, quand le sang paternel éclaboussait les murs de la maison familiale, le grand frère forçait ses cadets à nettoyer. Le père finira par se pendre, dans le garage. L’une des soeurs, Monique, fera sa première tentative de suicide à 13 ans. Deux ans après la première visite de Dany dans sa chambre. « Ce qui va se passer, ça reste entre toi et moi. Sinon, une balle pour toi, une balle pour la maman », murmura-t-il, une arme à la main. La seule fois où elle se rebella, sa petite soeur fut tabassée en représailles.
Monique sera violée quasi quotidiennement jusqu’à ses 16 ans. Elle devient alcoolique, vit dans un foyer, puis en rue. Daniel poursuit sa vie, tranquille. Il met en cloque une gamine de 15 ans, qu’il fréquentait depuis qu’elle en avait 12. Il picole, il est jaloux, il lui file des coups de poing, lui arrache les cheveux. Puis il se marie avec une autre fille. L’une de ses torgnoles la défigure, elle demande le divorce en cachette. Alors il se remarie, fait un autre gosse, qu’il refuse de reconnaître et finit par disparaître de leur vie.
Ensuite, il rencontre Joëlle. Elle est mariée à un routier, comme lui, ils commencent à discuter via la radio CB. Elle a une fille, Valérie. A 5 ans, elle avait été abusée par son grand frère. Mais Joëlle n’avait pas réagi. Pas plus que quand Daniel se met à violer Valérie. La mère semble même jalouse, comme si sa gamine de 12 ans lui volait son homme. Dany est condamné pour pédophilie, ses propres soeurs ont alerté la police. Et quand il est libéré, au bout de deux ans, Joëlle lui rouvre les portes de son foyer. Après tout, il s’était excusé.
A 17 ans, Joëlle vire Valérie de chez elle. Enceinte. Les viols avaient repris. Forcément. Mais son beau-père, de 25 ans son aîné, lui propose de s’installer ensemble. Il devient son conjoint. Trois autres enfants naissent. Une famille sans histoire, pensent leurs voisins de La Clayette, en Saône-et-Loire. Certes discrète, peu de contacts sociaux. Pourtant, Daniel appréciait que sa femme en ait, des contacts. Il avait imprimé son numéro, sur une carte de visite estampillée « escort girl », qu’il distribuait sur les aires d’autoroute. C’est lui qui emmenait Valérie faire ces passes, à l’arrière d’une voiture aménagée. Il l’équipait d’une oreillette, lui murmurait ses instructions et regardait par un trou, dans le coffre. Mais pour bien signifier aux clients qu’elle lui appartenait, il lui avait tatoué « Dany » juste au-dessus du pubis, à l’aide d’un bic vide qu’il avait rempli d’aiguilles.
Sinon, durant ses temps libres, il regardait du porno. Faisait des appels visio avec des cam girls, dans le salon familial. Valérie, elle, devait occuper les enfants. Parfois, il la faisait asseoir sur ses genoux. « Regarde, toi qui n’es bonne à rien, voilà ce que tu dois faire. » Au moins, durant ces moments-là, il ne la battait pas.
Les week-ends étaient toujours les pires. Ce dimanche-là, elle voulait avoir la paix, elle avait mis des somnifères dans son café, qu’il avait refusé de boire. Le jour avant, il avait demandé à sa fille de 14 ans « comment elle était sexuellement ». Le soir, il avait emmené Valérie pour une passe, un client tellement violent qu’un pistolet était caché dans la voiture, au cas où. Ça s’était mal passé. Furieux, hurlant, Daniel reprit le volant, il allait lui faire payer. Sur le siège arrière, Valérie lui tira dans la nuque.
Qui pour pleurer Dany?
Valérie Bacot, dont le procès aux assises pour l’assassinat de Daniel Polette s’est clôturé le 25 juin, a été condamnée à quatre ans de prison, dont trois avec sursis. Ayant déjà été emprisonnée un an, elle est ressortie libre du tribunal.
Quelle est l’ampleur de la précarité menstruelle?
Parce qu’en Belgique francophone, des femmes n’ont pas les moyens de se payer un paquet de serviettes ou de tampons, mais qu’aucune étude ne quantifie cette précarité menstruelle, une vaste enquête vient d’être lancée sur le sujet. Menée par l’asbl Synergie et le Conseil des femmes, elle est ouverte à toutes les femmes dès 12 ans, jusqu’au 15 octobre prochain. Les questionnaires sont disponibles en ligne (via une recherche sur Google « surveymonkey précarité menstruelle »).
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millions d’utilisateurs surfent chaque jour sur Pornhub (soit plus que sur Netflix…). La plateforme pornographique est poursuivie aux Etats-Unis par trente-quatre plaignantes pour diffusion de vidéos sans leur consentement, par exemple par un ex-petit ami, ou à la suite d’un piratage. Quatorze d’entre elles affirment qu’elles étaient mineures au moment de la diffusion, que n’aurait pas empêchée Pornhub même après plusieurs signalements.
Carine Gilsoul coupable
Alors qu’en France se tenait le procès de Valérie Bacot (lire ci-dessus), se déroulait à Liège celui de Carine Gilsoul, accusée d’avoir tué son compagnon Patrick Vos. Celui-ci la frappait régulièrement et les avocats de l’accusée soutenaient qu’elle n’avait eu d’autre choix que de le tuer, lors d’une énième dispute ayant éclaté au sein de ce couple vivant dans une grande précarité et dans l’alcoolisme (lire Le Vif du 17 juin). Les jurés de la Cour d’assises n’ont pas retenu cette explication de la légitime défense ou de la provocation. Carine Gilsoul a été condamnée à douze ans de prison.
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