Nicolas De Decker
Une certaine idée de Nicolas De Decker: le viol de Pasteur (chronique)
Louis Pasteur aura sur Darwin un prospère avantage: il est mort bien longtemps avant que de véreux héritiers ne transfèrent ses enventions au camp politique. Il n’a pas connu la Belgique des années 2020.
Il n’y a pas de pire viol pour l’humanité que celui des sciences naturelles, et pas de plus funeste destin pour le grand savant que d’inspirer, à son brillant esprit défendant, doctrines et pratiques politiques. Darwin en souffrit beaucoup, qui vit, malgré ses plus formelles protestations, les plus effroyables praticiens du racisme se réclamer de sa théorie de la lutte pour la survie et de la sélection naturelle pour justifier la destruction de peuples faibles par des peuples forts.
Le darwinisme social, heureusement, n’a plus cours que chez ceux qui croient que de la lutte des uns contre les autres émergera la prospérité de tous, et ils sont aujourd’hui peu nombreux à se réjouir du triomphe, dans la grande jungle du marché pur, des prédateurs aux avantages comparatifs les plus incisifs. Même si on en trouve encore pour diriger Belfius.
Pasteur, Louis, aura eu sur Darwin un prospère avantage: il est mort bien longtemps avant que de véreux héritiers ne transfèrent ses inventions au champ politique.
Il n’a pas connu la Belgique des années 2020, qui vit tant de funestes tentatives d’inoculation d’une faible dose d’un agent pathogène censée prémunir le corps politique d’un mortel ravage. Le vaccin contre la rage fonctionnait grâce aux anticorps qu’il faisait fabriquer, et sans doute est-ce à ce titre que dans le laboratoire belge, les plus piteuses opérations de veule opportunisme prétendirent à la rassurante étiquette de vaccine.
Ainsi au Nord, pendant une décennie, un président de parti nationaliste parvint à convaincre que le meilleur moyen de faire régresser l’extrême droite était d’en appliquer le plus possible le programme. L’expérimentation en double aveugle donna de tels résultats qu’aux dernières élections, l’extrême droite tripla son incidence en Flandre tandis qu’elle avait disparu depuis longtemps dans une Wallonie qui se refusait même à distribuer des placebos pour ne pas donner de publicité à la maladie.
Un des disciples du père flamand de la vaccinologie politique, secrétaire d’Etat, se piqua, lui, de combattre le trafic d’êtres humains en engageant à son cabinet un trafiquant d’êtres humains. Le trafiquant y gagna huit ans de prison, mais son employeur échappa miraculeusement à la damnation éternelle, ce qui pouvait faire croire que cette pasteurisation-là pouvait préserver des pourritures les plus méritées.
Un peu plus au sud, le président d’un parti libéral estima ingénieux de lutter contre le séparatisme flamand en invitant les séparatistes flamands au gouvernement. L’ opération marcha si bien que jamais le séparatisme n’aura été en si bonne santé, et que le nouveau président de ce parti libéral, avide de répandre cette fructueuse méthode, l’emploie désormais pour lutter contre les déchaînements narcissiques sur les réseaux sociaux en consacrant des dizaines de milliers d’euros à inonder les réseaux sociaux de selfies de lui avec son petit chien.
Il n’a pour le critiquer qu’un parti qui dépense des dizaines de milliers d’euros à inonder les réseaux sociaux de vidéos de parlementaires disant lutter contre le cirque politique en agitant des accessoires de cirque à la tribune des assemblées.
Et avec tous leurs pairs, ces microbiologistes du pire s’indignent pourtant du trop large rejet dont souffrent les vaccins qui, eux, fonctionnent.
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